Honorable Georges Bokundu Mukuli : ‘’ Il est important que le Maniema parle de ses potentialités (…) et qu’un regard du gouvernement soit aussi orienté pour sa mise en valeur. ‘’

Député national élu lors des dernières élections législatives nationales dans la circonscription électorale de Punia, située dans la province hôte du Maniema, Georges Bokundu Mukuli prend part à la 2eme édition de la Conférence sur les mines, l’énergie et les infrastructures qui se tient, du 03 au 05 novembre 2025, à Kindu, capitale du Maniema. Avec pour thème : ‘’ Ressources naturelles et développement durable ‘’. Profitant de cette tribune d’expression, en sa double qualité d’ancien Vice-président de la Commission de revisitation des ‘’ contrats miniers léonins en RDC ‘’ et représentant honoraire du Cabinet du Chef de l’Etat où il a occupé le prestigieux poste de Conseiller au collègue Juridique, Georges Bokundu pour les contemporains, s’intéresse depuis belle lurette au secteur des ressources naturelles jusqu’à diriger une organisation régionale (Ndlr : SARW) s’occupant de la gouvernance des ressources naturelles pendant plus de 15 ans. Ce secteur porteur de croissance est devenu depuis une passion qui l’a amené à soutenir sa thèse doctorale à l’Université de Kinshasa (Unikin) dont le sujet est tiré toujours du secteur des ressources naturelles. Un domaine qui l’inspire tous les jours. En tant que parlementaire, l’HDNGB propose des réformes capables d’impulser le secteur des ressources naturelles pour que celui-ci devienne un véritable levier de développement local. Pour ce faire et contrairement à ce que d’aucuns pensent, la loi minière et la loi sur les hydrocarbures sont, selon cet Expert qui a pignon sur rue, des meilleures législations jusqu’à présent. Il faut les appliquer complétement. Leur évaluation aussi ne doit pas être exclue des discussions afin d’en identifier les faiblesses nécessitant les corrections.
Honorable Bokungu, vous participez aux Journées Minières de Kindu. Quelle est, selon vous, la portée de cet événement pour la province du Maniema et pour la RDC en général ?

Honorable Député National Georges Bokondu (HDNGB) : Les Journées minières ont une grande portée non seulement pour le Maniema mais aussi pour la RDC toute entière. La RDC est riche en ressources minières qui sont éparpillées sur l’ensemble des provinces. Il est important que le Maniema parle de ses potentialités et fasse connaître celles-ci au public congolais, aux investisseurs et qu’un regard du gouvernement soit aussi orienté pour sa mise en valeur. Ces genres d’activités ont été régulièrement organisées dans d’autres provinces. C’est le temps pour le Maniema de parler de ses ressources minières.
Vous êtes reconnu comme spécialiste des ressources naturelles. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans ce domaine ?
HDNGB : Tout est parti de 2007, lorsque je fus Vice-président de la Commission de revisitation des contrats miniers en RDC, en représentant le Cabinet du Chef de l’Etat où j’étais Conseiller au collègue Juridique. Je me suis finalement intéressé au secteur des ressources naturelles jusqu’à diriger une organisation régionale s’occupant de la gouvernance des ressources naturelles pendant plus de 15 ans. Ce secteur est devenu ma passion qui m’a amené à soutenir ma thèse doctorale à l’Université de Kinshasa (Unikin) dont le sujet est tiré toujours du secteur des ressources naturelles. Ce domaine m’inspire tous les jours.
Comment conciliez-vous votre rôle de législateur avec celui d’expert technique sur les questions minières et environnementales ?
HDNGB : Mon rôle d’expert sur les questions minières et environnementales est très capital pour mon rôle du législateur. Je mets cette expertise à la disposition du Parlement. Je suis membre de la Commission Environnement, Tourisme, Ressources naturelles et développement durable où je dois jouer un rôle capital avec l’expertise que je possède. Nous ne sommes nombreux dans l’hémicycle avec cette expertise mais avec humilité, je crois apporter ma modeste contribution sur toutes les questions législatives touchant au secteur des ressources naturelles. C’est un défi que je me suis donné.
Quel regard portez-vous sur la mise en œuvre du Code minier révisé de 2018 ? Est-il réellement appliqué sur le terrain ?
HDNGB : La révision du code minier en 2018 avait été souhaité par plusieurs acteurs du secteur minier et il y a eu plusieurs attentes. La loi n’est pas mauvaise mais son application est à moitié réalisée. La mise en œuvre de cette loi devrait relever certains défis mais il faut une évaluation sans faille pour voir à quel niveau l’application de certaines dispositions pose problème. Je pense pour moi cette mise en œuvre n’est pas encore achevé mais nous sommes déjà à la 7e année et dans 3 ans, ce code totalisera 10 ans. Nous devons éviter de désorienter l’application de certaines dispositions de ce code qui doit rester attractif.
Les recettes issues du secteur minier profitent-elles suffisamment aux communautés locales ?
HDNGB : La révision du code minier en 2018 a eu comme l’une des innovations créant ainsi des revenus ou recettes légales qui profitent aux communautés locales impactées. Il s’agit de 15% de la redevance minière, le cahier de charges, et la dotation de 0,3% pour le financement des projets de développement communautaire. Ces revenus ont créé pour faire bénéficier les communautés locales des impacts de secteur minier, mais des défis de gestion ou de gouvernance de ces revenus persistent. Il n’y a pas eu des mécanismes efficaces de gestion et de contrôle qui ont été mis en place.
Que faudrait-il améliorer dans la gouvernance du secteur minier pour garantir plus de transparence et de redevabilité ?
HDNGB : Il faut appliquer correctement le code minier et le règlement minier et renforcer les mécanismes de contrôle des organes classiques de contrôle. Il faut renforcer les services étatiques du secteur en mettant à leur disposition des moyens humains, matériels et financiers pouvant leur permettre de remplir leur mission en toute indépendance.
Pensez-vous que la création du Fonds minier pour les générations futures (FOMIN) répond aux attentes initiales ?
HDNGB : Lorsque le FOMIN a été créé, nous avions des attentes mais à l’époque on craignait déjà ce qui arrive à ce fonds, notamment des prélèvements faits régulièrement par le gouvernement central. On croyait que des projets pour les générations futures devaient être financés. Je risque de proposer qu’on change l’appellation de ce fonds ou le retirer carrément de la loi minière et reverser les revenus de ce fonds au budget de l’Etat. C’est regrettable de ne pas voir ce fonds contribuer même à la connaissance de nos gisements, tel que voulu notamment par le législateur. Le risque serait de voir ce fonds être saucissonné par le gouvernement, notamment par exemple avec des motivations des besoins de l’Etat. Soit on laisse le fonds remplir ses missions légales ou alors soit mettre fin à l’existence de ce fonds.
Le Maniema dispose d’un potentiel minier considérable (or, coltan, cassitérite, etc.). Quelles sont les principales contraintes qui freinent son développement ?
HDNGB : Les principales contraintes sont les suivantes, enclavement de la province, manque des politiques d’invitations fiscales, manque de politique de la part de gouvernement centrale de valorisation des ressources minières, telles que le collant, la cassitérite, la monazite, etc. Manque d’électricité, la province est sous-électrifiée, facteur du développement d’un secteur minier industriel capable de booster le développement de la province.
Comment lutter efficacement contre l’exploitation artisanale non contrôlée et la contrebande des minerais ?
HDNGB : La population minière artisanale est très nombreuse face à un effectif minimum des services sensés encadrés et contrôler ce secteur. Les sites artisanaux sont éparpillés dans. Plusieurs territoires et dans des endroits parfois isolés, esclaves et les creuseurs sont libres de tout mouvement. Ce qui fait que la lutte contre l’exploitation artisanale illégale et la contrebande reste difficile et un défi à relever. Néanmoins, l’Etat doit suffisamment investir dans la formalisation de ce secteur.
Quelle stratégie recommandez-vous pour attirer des investissements responsables dans la province ?
HDNGB : Pour attirer les investissements, il faut appliquer le règlement minier pour ce qui concerne les facilités fiscales telles que prévues dans le règlement minier et le code minier, surtout pour les provinces en déficit criant en infrastructure. Il faut mettre en place des mécanismes qui permet de sécuriser les investissements et assainir le climat des affaires. Certains investisseurs peuvent fuir les tracasseries des services de l’Etat. Il faut créer un climat de confiance vis à vis des partenaires.
Selon vous, comment les Journées minières de Kindu peuvent-elles contribuer à repositionner le Maniema comme un pôle minier structuré et durable ?
HDNGB : Les journées minières contribuent à promouvoir le secteur minier du Maniema, font connaître la richesse du Maniema et doit amener le Maniema parmi les grandes provinces minières de la RDC.
Le secteur minier est souvent accusé de dégrader l’environnement. Comment concilier exploitation minière et protection des écosystèmes ?
HDNGB : Toute activité minière impacte l’environnement mais le code minier a prévu plusieurs dispositions légales pour la protection de l’environnement. On doit amener les opérateurs miniers à observer scrupuleusement les dispositions environnementales du code minier.
Quelles mesures proposez-vous pour renforcer la Responsabilité sociétale des entreprises minières (RSE) dans les zones d’exploitation ?
HDNGB : Les entreprises doivent appliquer rigoureusement le code minier dans ses aspects sociaux. Le législateur a prévu des dispositions favorables aux RSE.
Comment impliquer davantage les jeunes et les femmes dans la chaîne de valeur minière ?
HDNGB : Il faut une campagne régulière de sensibilisation des entreprises minières dans le recrutement des jeunes et des femmes. Il faut que les autorités locales et les membres de la communauté puissent faire pression aux entreprises pour connaître le besoin en personnel et obtenir des engagements pour les locaux.
En tant que parlementaire, quelles réformes souhaitez-vous impulser pour que les ressources naturelles deviennent un véritable levier de développement local ?
HDNGB : La loi minière et la loi sur les hydrocarbures sont des meilleures législations jusqu’à présent. Il faut les appliquer complément mais nous devons évaluer la législation actuelle pour identifier les faiblesses nécessitant les corrections.
Quelle est votre vision à long-terme pour le Maniema et pour la RDC dans la gestion de leurs ressources naturelles ?
HDNGB : Je crois que si le Maniema est désenclavé, sûrement, elle deviendra une grande province minière en RDC avec la diversité des minerais qu’elle possède et si elle diversifie son économie dans l’agriculture, elle deviendra un pool économique important.
Si vous deviez adresser un message clé aux participants des Journées minières de Kindu, quel serait-il ?
HDNGB : Mon adresse aux participants est simple, engager des discussions claires et profondes sur les questions retenues dans cette conférence et des recommandations palpables, concrètes soient adoptées.
Robert Tanzey et Dieudonné Buanali
