Jean-Marc Kabund appelle à une marche pacifique le 15 décembre pour exiger un dialogue national inclusif

L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale et président de l’Alliance pour le Changement, Jean-Marc Kabund, a annoncé mardi 4 novembre lors d’un point de presse la tenue d’une marche pacifique le 15 décembre prochain à Kinshasa. Cette mobilisation vise, selon lui, à exiger la convocation d’un dialogue national inclusif afin de « sauver la République » d’une crise politique, économique et sécuritaire « sans précédent ».

Libéré après deux ans et demi passés à la prison centrale de Makala, Jean-Marc Kabund a d’abord tenu à exprimer sa reconnaissance envers les journalistes pour leur rôle pendant sa détention, qu’il qualifie d’« injuste »: « Vous avez refusé de vous taire devant l’injustice. Vous avez gardé vivante la flamme de la vérité », a-t-il déclaré, saluant le courage de la presse congolaise.

Dans un ton d’apaisement, l’ancien allié de Félix Tshisekedi a également affirmé avoir « tourné la page » de son incarcération : « Je pardonne à tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont causé du tort. La rancœur, c’est comme boire du poison en espérant qu’il tue l’autre », a-t-il ajouté, citant Nelson Mandela.

Kabund a insisté sur son choix de « la voie de la paix, de la dignité et de la responsabilité », assurant qu’il ne nourrissait « ni haine, ni esprit de vengeance ».

L’ex-député a dressé un tableau sombre de la situation politique et économique du pays, accusant le régime actuel d’avoir instauré « une dérive politique, morale, économique et institutionnelle sans précédent ».

Selon lui, la gouvernance actuelle est marquée par: « le culte de la personnalité, la centralisation du pouvoir, la manipulation des institutions et la réduction de l’espace public »: « Les opposants sont traqués, emprisonnés ou envoyés en exil. Les voix dissidentes sont étouffées et la justice transformée en instrument de répression », a-t-il dénoncé.

Sur le plan économique, Kabund a parlé d’une « économie dollarisée et extravertie », affirmant que « la monnaie nationale est devenue un instrument de propagande politique ». Il a accusé les autorités de pratiquer une « escroquerie à ciel ouvert » face à la flambée des prix et à la détérioration du pouvoir d’achat.

 « La RDC n’est plus gouvernée, elle est gérée à vue, dans l’improvisation, la confusion et le mensonge », a-t-il résumé.

Le président de l’Alliance pour le Changement a consacré une large partie de son intervention à la situation sécuritaire dans l’Est du pays, qu’il qualifie de « tragédie humanitaire la plus atroce du 21ᵉ siècle ».

« Nos morts ne sont pas des statistiques, ce sont des Congolais : des mères, des pères, des enfants », a-t-il insisté.

Kabund a dénoncé « l’incapacité du pouvoir à restaurer la paix » face à la rébellion du M23 et aux nombreux groupes armés actifs dans la région. Il accuse le président Tshisekedi de laisser perdurer le conflit à des fins politiques :« Par peur de quitter le pouvoir en 2028, M. Tshisekedi laisse délibérément la guerre se poursuivre pour justifier un glissement anticonstitutionnel », a-t-il déclaré.

Face à ce qu’il considère comme une impasse politique et sécuritaire, Kabund propose la tenue d’un dialogue national inclusif réunissant toutes les forces vives du pays, y compris les acteurs armés. « Trop de sang a coulé, trop de promesses ont été trahies. Le temps du dialogue national sincère et courageux est arrivé », a-t-il lancé, appelant les partis politiques, la société civile et les Églises à s’unir « pour sauver la nation du chaos ».

Selon lui, le refus du chef de l’État de convoquer un tel dialogue « traduit l’abandon de nos compatriotes de l’Est » et constitue « un acte de haute trahison.

Jean-Marc Kabund a annoncé qu’une marche pacifique aura lieu à Kinshasa le lundi 15 décembre 2025, pour réclamer la convocation rapide du dialogue et protester contre la gestion actuelle du pays.

 « Nous demandons aux Congolaises et Congolais de se mobiliser massivement. Ce n’est pas une posture politique, mais un appel patriotique », a-t-il souligné.

Kabund a réaffirmé son engagement à poursuivre son combat pour « la démocratie, l’État de droit, la justice, la paix et la souveraineté nationale ».

Ce discours marque le retour officiel de Jean-Marc Kabund sur la scène politique après sa détention. Son appel à la mobilisation du 15 décembre s’annonce comme un test de force pour l’Alliance pour le Changement et une épreuve de popularité pour celui qui fut autrefois l’un des piliers du pouvoir actuel.

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