Les Étoiles montantes de Géopolis I Damany Mujinga : trajectoire fulgurante d’un talent rare 

Lorsqu’on lui demande ses références et les personnages qui l’inspirent, Damany Mujinga cite des noms que l’on n’a pas l’habitude d’entendre chez les jeunes : Jean- Pierre Pernaut, Pierre Corneille, Chantal Kanyimbo ou Nancy Odia. Que des sommités, ayant tutoyé la cime des cieux à leur prime. À moins de 25 ans, Damany Mujinga est devenue l’égérie de la grande édition du Journal Télévisé. Son premier passage à ce grand rendez-vous de télévision était censé être un coup d’essai, en plein mois de Mars, histoire d’obéir à un rituel du mois de la femme, cette jeune journaliste, l’a transformé en coup de maître, tant elle a étonné par sa maîtrise de l’art et sa sérénité, même lorsqu’un imprévu technique menaçait, dans un direct, de tout faire partir en vrille. Diction et articulation parfaites, Damany s’est installée dans la présentation du JT, en même temps qu’elle affine à la fois l’écriture journalistique, le charisme de présentatrice, l’aisance d’animatrice. Un package complet. À présent, elle est parmi les étoiles, portant son art, mais restant humble. Toujours. Le succès ne lui monte pas à la tête, heureusement. Elle sait aussi que la carrière est longue et un grand chemin s’est ouvert devant elle. Elle est prête. Comme son modèle Pernaut, Damany s’inscrit dans la durée. Pour Géopolis Hebdo, notre étoile s’est confiée, sans fard.

Interview 

I. Parcours et identité journalistique

Peux-tu nous raconter comment tu es arrivée dans le journalisme et ce qui t’a conduit à rejoindre Géopolis ?

REPONSE : Pour moi, le journalisme a toujours été un rêve d’enfant. Depuis l’âge de 7 ans, j’ai été fascinée par ce métier car chaque soir nous avions pour coutume de suivre le journal de 20H en famille et je n’ai cessé de répéter que je deviendrai journaliste et que je présenterai aussi le journal comme ceux que je voyais à la télé. A l’époque, la figure qui m’a le plus marquée et que j’aimais regarder, c’était Nancy Odia avec son accoutrement qui sortait de l’ordinaire.

Ce qui m’a conduit à Géopolis c’était la soif d’apprendre l’exercice du métier avant la fin de mon cursus académique. Je trouvais que ce qu’on m’enseignait, c’était bien mais pas suffisant au niveau de la pratique. C’est ainsi que lorsque j’ai fini le cycle de graduat à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC), j’ai introduit une lettre de demande de stage à Géopolis qui m’a été accordé. Géopolis, c’est un média dirigée par un grand journaliste, une référence du métier dans le pays et quoi de mieux que d’apprendre dans l’école de Willy KALENGAY pour me forger dans le journalisme. 

Quelles ont été tes premières expériences marquantes dans ce métier ?

REPONSE : Premièrement, le jour où j’ai écrit mon tout premier article de presse portant sur l’état de délabrement d’une route de la capitale. Cet article a été publié dans le journal Géopolis Hebdo. J’étais fière de moi car j’ai toujours voulu apprendre l’écriture journalistique. L’écriture c’est la base même du journalisme et à mon arrivée à Geopolis, j’ai d’abord été initiée à la presse écrite avant la télé, chose qui m’a aidé à élargir ma réflexion, organiser mes idées et construire des récits cohérents sur plusieurs sujets durant mon cursus.

Deuxièment, un certain 8 mars 2023, le jour où je présentais mon premier journal télévisé à 19h30 en direct, c’était un rêve d’enfant devenu réalité. Je n’aurai jamais imaginé que cela arriverait aussitôt, je n’avais que 21 ans à l’époque et cela représentait un pas énorme dans ma carrière. 

Comment définirais-tu ton style journalistique ou ta “signature” personnelle ?

REPONSE : Un journalisme de terrain qui s’intéresse aux questions de société et explore le quotidien réel des congolais plus particulièrement celui des kinois. Mon style d’écriture est assez sobre et empathique et met en avant l’humain. 

Quelles sont les valeurs qui guident ton travail au quotidien ?

REPONSE : La passion, la discipline, l’honnêteté, le respect et le professionnalisme.

II. Expérience à Géopolis

Qu’est-ce qui distingue selon toi Géopolis dans le paysage médiatique congolais et africain ?

REPONSE : Géopolis est un groupe de presse qui traite des informations générales comme la majorité des médias. Sa ligne éditoriale est tournée vers l’économie dans toutes ses facettes. Elle fournit des informations fiables et vérifiables et veille sur la véracité des faits avant de les rendre publiques. Géopolis croit en la jeunesse et donne la chance à la nouvelle génération car elle estime que c’est elle la relève.

Quels sujets ou reportages réalisés pour Géopolis t’ont le plus marquée ? Pourquoi ?

REPONSE : le reportage que j’ai réalisé en janvier 2024, à la commune de Barumbu, lors de la crue des eaux du fleuve Congo qui avaient piégé les habitants de certains quartiers de cette commune. Nous avons fait un constat de la façon dont la population vivait pendant cette situation. J’étais comme devant un fait insolite, je n’aurai jamais imaginé que la montée des eaux du fleuve pouvait atteindre une telle quantité.

Comment décrirais-tu l’ambiance et la culture de travail au sein de la rédaction ?

REPONSE : une rédaction où règnent la convivialité, le dialogue, l’écoute et surtout la bonne humeur que souvent on a la sensation de se retrouver en famille. Personnellement, je n’hésite pas à demander de l’aide auprès des ainés de la rédaction et ils sont toujours ouverts, volontiers à apporter des orientations pour enrichir certaines idées.  

Au-delà de ces deux facettes, il y a aussi la rigueur qui est de mise. Bien évidemment, qu’on n’hésite pas à nous recadrer lorsqu’il y a une méconduite. Ceci me rappelle la célèbre phrase : « Qui aime bien, châtie bien ». Le tout pour ressortir le meilleur de nous-mêmes.

Quelle a été ta plus grande fierté journalistique depuis ton arrivée à Géopolis ?

REPONSE : J’ai interviewé à deux reprises, le ministre des Postes et Télécommunications et Numérique, Augustin Kibassa. C’était dans le cadre des reportages que j’ai réalisés sur des activités organisées par un cabinet d’avocats spécialisés dans le secteur du numérique. C’était pour moi, la première fois d’aborder un ministre d’aussi près dans le cadre de mon travail et surtout avoir le courage de lui poser directement des questions auxquelles il a répondu.

III. Vision et engagement

Comment vois-tu le rôle du journaliste aujourd’hui, face aux défis de la désinformation et de la précarité des médias ?

REPONSE : le journaliste doit créer un lien direct avec son public afin qu’il soit un repère de la vérité. Il doit toujours vérifier les faits et les traiter avec impartialité surtout à l’ère du numérique où les fausses nouvelles se propagent très rapidement. Il doit aussi être défenseur de l’éthique et de la déontologie journalistique pour être fiable.

Quelles thématiques te passionnent le plus en ce moment ?

REPONSE : le secteur du numérique me passionne de plus en plus depuis un certain temps. C’est un secteur qui transforme la société et influence les autres domaines. Je trouve cette thématique importante car le public doit être davantage informé sur les enjeux du numérique surtout dans un pays où le taux de la fracture numérique est très élevé. Au-delà de l’information, il y a nécessité pour le public de savoir faire usage de nouvelles technologies pour qu’il n’accumule pas un retard au vu de l’évolution rapide du monde digital. Je le prends aujourd’hui comme une source de motivation et encore plus loin un « devoir » de m’impliquer davantage dans la chose pour informer mon public dans ce secteur.

Comment utilises-tu les réseaux sociaux ou le numérique dans ton travail ?

REPONSE : Les réseaux sociaux c’est un espace où je vends mon image, alors je fais toujours attention à ce que je publie pour ne pas choquer le public et le numérique m’aide à approfondir mes recherches sur différents sujets surtout avec l’avènement de l’intelligence artificielle qui vient apporter plus de précisions aux recherches.

Quel regard portes-tu sur le futur du journalisme congolais ?

REPONSE : Le journalisme congolais a devant lui un avenir exigeant parce qu’il faut que le journaliste apprenne à s’adapter et à cohabiter avec le numérique s’il veut être plus rapide et plus efficace dans son travail. Je crains que la précarité économique qui règne dans le métier continue à remettre en cause l’intégrité du journaliste. 

IV. Portrait personnel et inspiration

Quel(les)s journalistes ou figures publiques t’inspirent ?

REPONSE : Chantal Kanyimbo, c’est une femme qui a laissé une grande empreinte dans le monde du journalisme féminin. Jusqu’à ce jour, elle demeure une référence lorsqu’on parle de grandes journalistes femmes. Comme elle, j’aimerais aussi marquer mon époque par la qualité de mon travail. 

Il y a aussi, Jean-Pierre Pernaut, d’heureuse mémoire, que je suivais souvent au journal de 13h sur TF1. Il parlait de la vie quotidienne des français et je trouvais cela inspirant qu’il ait une telle proximité avec le public. Chaque reportage qu’il présentait, était une nouvelle découverte et on n’avait jamais envie que le journal ne se termine. 

Comment trouves-tu l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ?

REPONSE : J’organise mon temps en fonction des priorités afin de ne pas mélanger le professionnel du personnel. Je ne laisse pas ma vie personnel avoir de l’impact sur mon travail et vice-versa. En dehors, du journalisme, il y a aussi une vie sociale qu’il faut entretenir car les relations en dehors du cadre professionnel (famille, amis, communauté, etc) contribuent aussi à notre évolution. D’où l’équilibre dans toute chose est importante.

Si tu n’étais pas journaliste, que ferais-tu ?

REPONSE : Si je n’étais pas journaliste, je serai modéliste. C’est un métier qui m’a toujours passionné car il faut faire preuve de créativité et surtout j’aime tout ce qui a un lien avec la mode et le style.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui rêve de devenir journaliste aujourd’hui ?

REPONSE : De faire ce qu’ils aiment et d’aimer ce qu’ils font. C’est avec l’amour et la passion de ce métier qu’on arrive à accomplir les grandes choses. En mettant en avant les difficultés, on tue son rêve. Chaque personne a une histoire différente. Ce n’est pas parce que ça n’a pas marché pour certains que cela sera votre cas. Ecoutez votre cœur et il vous guidera toujours sur la bonne voie. 

V. Mot de la fin

Que représente pour toi le fait d’être reconnu(e) comme une “étoile montante” de Géopolis ?

REPONSE : C’est un réel plaisir de savoir que je sois mise sous les feux des projecteurs et qu’on reconnaisse la promesse du potentiel en moi à sa juste valeur. Une étoile est destinée à briller, J’espère être à la hauteur de ce titre et qu’il me permettra de continuer à évoluer davantage dans ma carrière de journaliste tout en restant fidèle à moi-même. 

Un message ou une citation qui résume ta philosophie du métier ?

REPONSE : Cette célèbre citation de Pierre Corneille : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années ». Malgré son jeune âge, on peut accomplir de grandes choses.

Propos recueillis par Patrick Ilunga

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