Dans les couloirs de Géopolis Forum, son nom ne laisse personne indifférent.
Gigi Nende incarne cette nouvelle génération de journalistes congolaises qui n’attendent pas qu’on leur fasse de la place : elles la prennent.
Née à Kinshasa, Gigi a très tôt su qu’elle ne serait pas une suiveuse. Après un parcours classique au Collège Saint François de Sales de Kingabwa (Don Bosco) et un diplôme en latin-philosophie, elle s’oriente vers la communication à l’IFASIC, aujourd’hui UNISIC. Une évidence, dit-elle : « J’aime l’idée d’échanger intellectuellement et de partager des informations capables d’éclairer le public sur des sujets importants », confie-t-elle, avec un calme qui ne masque pas sa conviction.
Depuis l’enfance, elle est fascinée par le pouvoir des mots. Pour elle, informer, c’est agir.
À peine diplômée, Gigi sait exactement où elle veut travailler. Pas question de tâtonner: « Je suivais Géopolis TV de loin et disais à mes proches qu’après mes études, j’y travaillerais. Un mois après ma collation, je me suis battue pour concrétiser cette promesse, et j’y suis parvenue », raconte-t-elle, fière mais sans excès d’humilité.
Cette phrase résume tout son tempérament : ambitieux, décidé, et peut-être un brin provocateur.
Parmi ses premières grandes couvertures, elle se retrouve au cœur d’un moment chargé d’émotion : les obsèques du Professeur Émérite Paul Malembe Talandier, l’un des initiateurs de l’IFASIC, figure intellectuelle respectée et pilier du monde académique et médiatique congolais.
« C’était pour moi une mission importante et une manière de rendre hommage à un grand savant qui a formé et inspiré tant de personnes », dit-elle, le ton posé mais la voix ferme.
Ce jour-là, Gigi comprend que le journalisme est autant une responsabilité qu’un combat.
Pour Gigi Nende, le journalisme n’est pas un simple métier, encore moins une activité de routine.
« Le journalisme n’est pas seulement un métier, c’est une vocation qui exige passion, intégrité et engagement indéfectible envers la vérité », insiste-t-elle, droite sur sa chaise.
Cette vision du métier, elle la défend bec et ongles, parfois avec une intransigeance qui déstabilise.
« Je prends le temps de faire des recherches approfondies et de vérifier les faits avant de traiter un sujet », explique-t-elle.
Son perfectionnisme est sa marque de fabrique. Et quand on lui fait remarquer qu’elle semble “trop sûre d’elle”, elle sourit : l’assurance, pour Gigi, n’est pas un défaut, c’est une stratégie de survie.
Dans la rédaction de Géopolis, Gigi s’est imposée comme une voix singulière.
Elle parle de la chaîne avec respect, mais surtout avec la fierté de faire partie d’une institution qui correspond à ses standards.
« Géopolis se distingue par son engagement à fournir des informations crédibles et sa capacité à aborder en profondeur des problématiques sociales, économiques et politiques », souligne-t-elle.
Ses reportages traduisent sa curiosité et son sens du détail. Celui qu’elle a consacré aux inondations à Kinshasa l’a particulièrement marquée.
« C’était bouleversant d’entendre les récits des sinistrés. J’en garde une empreinte indélébile », confie-t-elle, la voix un peu plus douce.
Mais son œuvre la plus significative reste, selon elle, un reportage sur la gestion des biens du défunt dans une famille en deuil.
« Non seulement j’ai mis en lumière une histoire triste, mais j’ai aussi sensibilisé le public à une question souvent taboue », souligne-t-elle.
Derrière ces sujets sensibles, on retrouve son goût pour la profondeur et son refus du sensationnalisme facile.
Au sein de la rédaction, Gigi décrit une ambiance qu’elle apprécie : « Les échanges d’idées sont encouragés, ce qui favorise la créativité et l’innovation », dit-elle.
Mais elle n’idéalise rien. Pour elle, le rôle du journaliste aujourd’hui est plus crucial que jamais: « Face à la désinformation, le journaliste doit être un gardien de la vérité, capable d’analyser les faits et d’éclairer l’opinion publique. »
Ses thématiques de prédilection sont claires : les droits humains, la justice sociale et l’environnement.
Et sur les réseaux sociaux, elle prolonge son travail avec la même énergie : « Je m’en sers pour m’informer, me former, partager mon travail et interagir avec mon public », explique-t-elle.
Optimiste, elle croit fermement au renouveau du journalisme congolais.
« Malgré les défis, il existe un potentiel immense dans la nouvelle génération de journalistes passionnés et engagés. Grâce au numérique, nous pouvons diversifier nos formats et toucher un public plus large. »
Ses modèles ? Déborah Mutund, Naomi Dangbele et Grâce Emie Kutino, des femmes fortes et indépendantes, à son image. « Elles m’encouragent à tracer ma propre voie », reconnaît-elle.
Et si elle n’était pas journaliste ?
« Je me verrais dans le secteur humanitaire ou au sein d’une ONG œuvrant pour les droits humains. J’ai toujours eu la passion d’aider les autres et de défendre la dignité humaine. »
Mais qu’on ne s’y trompe pas : Gigi Nende est là pour durer.
« Je poursuivrai ma carrière jusqu’au bout, avec la même passion et le même engagement, afin de marquer durablement la presse congolaise. »
Et quand elle s’adresse à la jeunesse, elle le fait avec cette assurance qui la caractérise : « Croyez en vous, persévérez, formez-vous sans relâche et inspirez-vous de modèles authentiques. Le journalisme est exigeant, mais c’est un métier merveilleux et profondément humain. »
Aujourd’hui, Gigi Nende assume son statut d’étoile montante de Géopolis.
Pour certains, elle va vite. Pour d’autres, elle brille trop fort.
Mais Gigi n’en a cure.
Sa confiance n’est pas de l’arrogance, c’est sa façon de survivre dans un milieu où les femmes doivent deux fois plus prouver leur valeur.
Et si elle dérange parfois, c’est peut-être parce qu’elle ne s’excuse jamais d’être exactement ce qu’elle est : ambitieuse, exigeante, et inébranlablement sûre d’elle.
Alexis Le cèdre Tabena et Don Momat
