Gouvernance, transparence et financements, ces leviers pour la mise en œuvre des CDN (Jean-Louis KOYAGIALO)
La Ministre de l’Environnement, Développement Durable et Nouvelle Economie du Climat, Marie Nyange Ndambo ouvre ce lundi, 27 octobre à Kinshasa, la semaine du climat en République Démocratique du Congo.
Cette messe étalée sur trois jours où experts et décideurs réfléchissent sur la gouvernance du climat dans le pays, trois questions de fond devraient trouver réponse. Il s’agit du questionnaire de Jean-Louis KOYAGIALO, expert à la Gouvernance du climat.
En effet, placée sous le thème : Forêt, biodiversité et tourbières : mobilisation des financements climatiques pour le développement durable de la RDC et du bassin du Congo, ce grand rendez-vous soulève des interrogations sur la gouvernance du secteur dans le pays et les réelles ambitions de la République Démocratique du Congo, pays dit solution dans la lutte contre le changement climatique.
La gouvernance du climat, la transparence des engagements et l’efficacité de la mobilisation des financements, sont dont ces questions qui constituent autant de leviers pour une diplomatie climatique plus efficace et une mise en œuvre réussie des contributions déterminées au niveau national (CDN) de la RDC.
Ci-dessous, le questionnement de Jean-Louis Koyagialo.
En ratifiant l’Accord de Paris, la RDC a poursuivi deux ambitions majeures :
1. Affirmer son engagement dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ;
2. Bénéficier des financements climatiques internationaux pour soutenir sa transition écologique et renforcer sa résilience face aux changements climatiques.
Dans cette optique, il apparaît essentiel de poser les bonnes questions, susceptibles d’identifier les véritables goulots d’étranglement qui freinent la réussite de la politique environnementale nationale.
A. Représentation et responsabilités nationales
- Qui représente la RDC aux Conférences des Parties (COP), et comment sont répartis les rôles et responsabilités entre les différentes institutions nationales concernées ?
Points d’éclairage :
- Présidence de la République : Quel est son rôle d’orientation politique, d’arbitrage et de suivi des engagements internationaux relatifs au climat ?
- Parlement : Quels mécanismes de contrôle, de ratification et de suivi des politiques climatiques sont mis en œuvre ?
- Gouvernement (Affaires étrangères, Finances, Environnement, Énergie, Agriculture, etc.) : Comment la coordination intersectorielle est-elle assurée pour la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris ?
- Communauté scientifique : Quelle est sa place dans la production de données fiables et dans l’appui technique aux politiques publiques ?
- Fédération des Entreprises du Congo (FEC) : Quelle contribution en matière de transition énergétique, d’investissement vert et de réduction des émissions industrielles ?
- Société civile : Quel rôle dans le suivi citoyen, la sensibilisation communautaire et la remontée des données du terrain ?
B. Mécanismes de transparence et de traçabilité
Quels dispositifs permettent d’assurer la transparence, la traçabilité et la fiabilité des données relatives aux émissions et aux actions climatiques en RDC ?
Points d’éclairage :
- – Le système national de suivi, rapportage et vérification (MRV) est-il pleinement opérationnel ?
- – Comment sont collectées, validées et publiées les données nationales sur les émissions et les absorptions ?
- – Quelle instance nationale garantit l’intégrité et la transparence de ces données vis-à-vis des partenaires internationaux ?
- – Comment renforcer la crédibilité du dispositif national vis-à-vis des bailleurs et des mécanismes de marché carbone ?
C. Mécanismes de financement climatique
- Quels sont les mécanismes effectifs d’accès et de gestion des financements climatiques en RDC, et comment garantir qu’ils bénéficient réellement aux projets et communautés locales ?
Points d’éclairage :
- Quels fonds sont actuellement accessibles à la RDC (Fonds Vert pour le Climat, Fonds pour l’Environnement Mondial, Fonds d’Adaptation, etc.) ?
- Quelles sont les procédures nationales d’accès, d’accréditation et de gestion de ces ressources ?
- Quels mécanismes assurent la traçabilité et la redevabilité dans l’utilisation des fonds ?
- Comment s’assurer que ces financements atteignent les territoires, projets communautaires et acteurs locaux qui en sont les bénéficiaires légitimes ?
En résumé, au travers de ces trois axes de questionnement, je vise à susciter une réflexion nationale approfondie sur :
- la gouvernance du climat,
- la transparence des engagements,
- et l’efficacité de la mobilisation des financements.
Ces questionnements constituent autant de leviers pour une diplomatie climatique plus efficace et une mise en œuvre réussie des contributions déterminées au niveau national (CDN) de la RDC.
Fait à Lisbonne, le 26 octobre 2025
Sé / J.-L. Koyagialo
Expert en Gouvernance Environnementale
Patrick Ilunga
