La musique congolaise, miroir de l’histoire
De Grand Kallé, Franco à Fally Ipupa: 65 ans de rumba, d’innovation et de divertissement
Depuis 1960, l’histoire de la République Démocratique du Congo rime avec musique. Au moment même où le pays accède à l’indépendance, une chanson devient l’hymne d’une génération en liesse : Indépendance Cha Cha, signée Grand Kallé et son African Jazz. Véritable symbole de l’émancipation, ce titre incarne le début d’une longue histoire d’amour entre le peuple congolais et la rumba.
La musique congolaise s’est construite par vagues successives, portée par plusieurs générations d’artistes. La première génération (années 40-50), avec des pionniers comme Henri Bowane, Wendo Kolosoy, Kabasele Tshiamala dit Grand Kallé et Franco Luambo, a jeté les bases de la rumba moderne. La deuxième génération (années 50-60) a vu émerger des formations mythiques comme l’African Jazz, qui ont popularisé cette musique dans toute l’Afrique. Puis, la troisième génération (années 60-70) a affiné le style, l’ancrant encore plus dans la culture congolaise.
Avec la quatrième génération (années 70-90), c’est l’âge d’or du soukous, des sonorités plus dansantes et de l’exportation massive de la musique congolaise vers l’Europe et le reste du continent. Des figures comme Tabu Ley Rochereau, la génération Zaïko, Papa Wemba ou Koffi Olomidé ont marqué cette époque, avant que le Ndombolo ne vienne secouer les pistes de danse dans les années 90.
Mais au début des années 2000, le coupé-décalé venu de Côte d’Ivoire prend le relais dans les clubs africains, et les sonorités urbaines internationales bousculent la scène congolaise. Puis les sonorités anglophones viennent bousculer l’hégémonie Congolaise et ivoirienne. On croit voir la fin de la suprématie Congolaise. C’était sans compter avec la génération d’après Wenge. Les héritiers de Koffi et ceux de Wenges ont repris avec brio le flambeau. Les héros de cette génération sont Fally Ipupa, Ferré Gola ou Inoss’B. Ils perpétuent l’héritage tout en le modernisant.
Consécration ultime : en 2021, la rumba congolaise est inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO, reconnaissant ainsi son rôle majeur dans l’histoire culturelle mondiale.
Au Congo, musique et élégance sont indissociables. La SAPE, véritable art de vivre, en est le reflet, immortalisée dans des chansons comme Sapés comme jamais de Gims. Une preuve de plus que la musique congolaise, entre tradition et modernité, reste un puissant vecteur d’identité.