Etoile montante de la télévision I Daniella KALALA, l’éclat précoce d’une voix grave qui parle chiffres

Parfois, les trajectoires professionnelles se dessinent dans les couloirs du hasard. Daniella ne devait pas devenir journaliste. Elle était venue accompagner sa sœur pour déposer un CV à Géopolis Forum. Mais après une discussion impromptue, le Directeur des ressources humaines, Guy Kazadi, l’a repérée, puis l’Administrateur Directeur Général, Willy Kalengay, a confirmé son intuition : Daniella n’était pas une candidate ordinaire. Quelques mois plus tard, sa voix grave et douce résonne déjà sur les antennes de la chaîne, imposant un ton de rigueur et de sérénité.

Économiste de formation, Daniella ne triche pas avec son sujet de prédilection : l’économie. Elle la connaît, la pense, la vit. À la célèbre Université de Kinshasa, surnommée « Colline inspirée », on la connaissait sous le sobriquet de “la femme au caractère mathématique”. Un surnom qui en dit long : Daniella allie la précision des chiffres à une sensibilité affirmée.

Derrière ses lunettes à monture rose, symbole discret d’une féminité assumée, se cachent des yeux attentifs, au regard perçant, toujours à la recherche du sens derrière les données et les tendances.

Les chiffres, mais pour tout le monde

Daniella aime prendre les chiffres, les interpréter et les expliquer pour les rendre accessibles à tous. “Ce que j’aime le plus, c’est transformer un langage souvent technique en quelque chose de compréhensible, même pour ceux qui n’ont jamais fait d’économie”, confie-t-elle.

Cette passion pour la vulgarisation économique s’est illustrée un jour de manière inattendue : lors d’une émission, elle s’est retrouvée face à l’un de ses anciens professeurs venu comme invité. En pleine discussion, elle s’est permis de lui “rappeler une petite leçon, économique bien évidemment”. Amusé et impressionné par la maturité de son ancienne étudiante de la deuxième licence, le professeur d’analyse économique Kabeya Tshikuku, se souvenant d’elle comme d’une brillante étudiante qui a gardé la matière en tête”, lui offrit son livre à peine paru, « Expliquer les mouvements en économie », vendu 50 dollars sur le marché, un signe de reconnaissance intellectuelle.

Sur le terrain, Daniella a un réflexe constant : chercher les gens qui parlent chiffres avec justesse. Les économistes, les statisticiens, les experts, « les gens de la précision”, comme elle les appelle.

Mais elle garde toujours un pied dans le concret : “Parfois, la meilleure personne pour expliquer un chiffre, c’est l’expert. Et parfois… c’est juste la maman qui va au marché”, dit-elle avec un sourire, qu’elle arbore en tout le temps.

Entre rigueur et réalisme, Daniella sait faire dialoguer les tableaux Excel et la vie quotidienne.

Un profil à contre-courant

Dans une rédaction jeune, créative et parfois effervescente, Daniella incarne une forme de stabilité intellectuelle. Loin de chercher la lumière, elle préfère les faits. Mais les faits, eux, la mettent rapidement sous les projecteurs.

Moins de deux mois après son arrivée, elle devient intervenante hebdomadaire dans la grande édition du journal du jeudi, diffusé à 19h30, heure locale de Kinshasa, où elle décrypte l’économie nationale. On la retrouve aussi dans À la Une (émission d’analyse d’actualité diffusée du lundi au jeudi à 18h30) et Wake Up (émission matinale quotidienne diffusée à partir de 9hO0), toujours pour parler économie.

 Naturellement, elle s’impose comme “l’experte maison”, un statut rare à son âge.

“Rigueur, profondeur et persévérance” : ce sont les trois mots qu’elle brandit comme étendard lorsqu’on lui demande ses valeurs professionnelles.

Son moment marquant ? Une émission avec le tout nouveau gouverneur de la Banque Centrale du Congo, André Wameso. “C’était un rêve devenu réalité”, confie-t-elle, encore émue. “J’ai toujours voulu entendre l’homme occupant cette fonction parler de monnaie et d’économie.” Elle n’était là que pour accompagner son ADG, Willy Kalengay, venu comme co-animateur de l’émission « Fauteuil Blanc », présentée par le patron de Télé 50 , Jean-Marie Kassamba, mais, une fois encore, l’économie l’a remise au centre.

Entre instinct et background

Il y a chez Daniella Kalala une contradiction féconde : celle d’une montée rapide dans un métier qu’elle n’avait pas prévu, mais qu’elle aborde avec la discipline d’une banquière.

“Si je n’étais pas journaliste, je serais banquière”, dit-elle sans hésiter. Avant de préciser: « membre de la cellule de pilotage de la banque centrale du Congo. » Peut-être est-ce pour cela qu’elle conseille aux jeunes de se forger un background solide dans un autre domaine : “Il faut avoir un background dans un autre métier pour se démarquer. C’est peut-être la clé pour ne pas être juste visible, mais incontournable.”

Cette approche explique son aisance face aux dossiers économiques les plus complexes. Son tout premier reportage, sur le lancement des conférences budgétaires en présence du ministre provincial Jesus Noël Sheke et du gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, reste un souvenir fondateur : “C’était mon domaine, mais aussi ma première fois sur un tel terrain. J’étais à la fois stressée et fière.”

L’esprit Géopolis

Pour Daniella, la force de Géopolis réside dans son ancrage dans l’économie.

C’est une rédaction jeune, sérieuse, bosseuse… mais aussi pleine de fous rires”, sourit-elle. Un équilibre qu’elle juge essentiel à la créativité et à la rigueur journalistique.

Ce climat lui a permis de s’adapter rapidement et de multiplier les interventions économiques face à la caméra; un accomplissement dont elle reste particulièrement fière.

Des modèles, mais une inspiration quotidienne

Lorsqu’on lui demande si elle a un modèle, Daniella répond sans hésiter qu’elle en compte plus d’un. “Je m’inspire chaque jour de mes collègues”, dit-elle simplement. Dans un milieu où l’ego pourrait facilement prendre le dessus, elle préfère la force du collectif et la richesse du partage d’expérience.

C’est dans cet esprit d’écoute et d’humilité qu’elle continue d’apprendre, d’observer et d’affiner sa voix. Cette voix désormais reconnaissable entre mille.

Une étoile, mais les pieds sur terre

Être qualifiée “d’étoile montante” de la télévision ? Daniella en parle avec humilité : “C’est une grande fierté, mais surtout la peur de ne pas décevoir toutes ces attentes.”

Son regard sur le journalisme congolais est lucide : entre désinformation, précarité et crise de confiance, elle croit à la spécialisation comme levier de crédibilité. Pour elle, la compétence technique est la nouvelle forme d’engagement.

Daniella Kalala ne cite pas de modèle journalistique particulier, peut-être parce qu’elle est déjà en train d’en devenir un.

Son parcours, encore jeune, incarne une promesse : celle d’un journalisme d’expertise, porté par une génération pour qui les mots ont du poids, et les chiffres, du sens.

Citation de fin :“Il faut avoir un background dans un autre métier pour se démarquer. C’est peut-être la clé pour ne pas être juste visible, mais incontournable.

Don Momat

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