L’Union européenne a suspendu ses consultations de défense avec le Rwanda. L’UE a également annoncé une révision du mémorandum d’entente sur les matières premières stratégiques, en raison de la situation en République démocratique du Congo. Cette décision intervient dans un contexte de tension accrue alors que la guerre entre l’armée congolaise et les rebelles de l’AFC/M23 se poursuit sur plusieurs fronts au Nord et au Sud-Kivu.

« La situation est très grave et nous sommes au bord d’un conflit régional. L’intégrité territoriale n’est pas négociable en RD Congo comme en Ukraine. La Charte des Nations Unies s’applique partout. Nous soutenons clairement le processus de paix de Luanda-Nairobi, pour obtenir des résultats par des moyens diplomatiques, mais nous prenons également plusieurs mesures. Tout d’abord, les consultations de l’UE avec le Rwanda sur la défense ont été suspendues. Il existe également une décision politique de mettre en œuvre des sanctions en fonction de la situation sur le terrain. Nous avons exhorté le Rwanda à retirer ses troupes et le protocole d’accord sur les matières premières critiques sera réexaminé », a déclaré Kaja Kallas, vice-présidente de la Commission européenne et haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, à l’issue du Conseil des affaires étrangères de l’Union.

L’Union Européenne affirme soutenir le processus de paix de Luanda-Nairobi pour trouver une solution pacifique à la crise en RDC. Mais les deux processus de paix sont dans l’impasse. Le médiateur João Lourenço ayant démissionné, en plus du fait que le Rwanda et la RDC n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente pour la paix.

La SADC-EAC a recommandé que les deux processus de paix soient jumelés pour une plus grande efficacité. Un communiqué conjoint SADC-EAC publié lundi indique que le président Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwe et président de la SADC et le Dr William Ruto, président du Kenya et président de l’EAC ont convenu de nommer Uhuru Kenyatta, ancien président du Kenya, Olusegun Obasanjo, ancien président du Nigeria et Hailemariam Desalegn Boshe, ancien Premier ministre éthiopien, comme facilitateurs du processus de paix EAC-SADC (les processus fusionnés de Luanda et de Nairobi) dans l’est de la RDC.

Le président congolais Félix Tshisekedi a réitéré samedi son refus d’entrer en dialogue avec le M23, qu’il a qualifié de « pantins ». En revanche, le chef de l’État est favorable au dialogue avec le président Paul Kagame. « Quand ils sont devant vous, les pantins répètent le message de leur maître…donc je préfère parler avec leur maître », a déclaré le président Félix Tshisekedi.

« Le dialogue oui, je veux le dialogue, mais le dialogue pour qu’on laisse mon pays en paix une bonne fois pour toutes, pour qu’on puisse évoluer tranquillement vers notre développement. Je ne veux pas du dialogue pour qu’on se retrouve avec encore dans de brassages [intégration des rebelles dans l’armée et les services de sécurité], qui dans quelques années mèneront à la guerre », a souligné le président Tshisekedi.

Le chef de l’État Congolais préfère parler à Kagame pour chercher la paix. Mais pour le Rwanda, Kinshasa et Kigali ne pourront signer un accord de paix que si les autorités congolaises consentent à ouvrir un dialogue direct avec les rebelles du M23.

C’est l’impasse politique devant laquelle la crise se trouve. Face à ce blocage, la guerre continue. Au niveau diplomatique, la RDC fait pression sur les organisations continentales pour faire pression sur le Rwanda. Lundi, une délégation conduite par la Première ministre Judith Suminwa est arrivée à Genève, en Suisse, pour prendre part au Segment de haut niveau de la 58e session du Conseil des droits de l’homme pour discuter de la crise au Congo et plaider la cause de la RDC.

Dans le cadre de cette pression diplomatique, les députés européens ont adopté à la mi-février une résolution condamnant l’entrée de l’armée rwandaise en RDC. La résolution a été adoptée avec 443 voix pour, 4 contre et 48 abstentions.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *