L’ancien secrétaire Général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund A Kabund est sorti du Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa, la célèbre prison de Makala le weekend dernier après avoir bénéficié de la grâce présidentielle.

Alors qu’il avait clairement déclaré son opposition au régime Tshisekedi, Kabund A Kabund, a été accueilli, au soir de sa sortie de prison par une foule en liesse dans son quartier général de Kingabwa dans la commune kinoise de Limete.

Kabund A Kabund, le grand retour ?

Au-delà de la joie ayant caractérisé sa libération, Kabund À Kabund est sortie de prison dans un contexte sécuritaire particulier. La République Démocratique du Congo dont des pans importants du territoire national sont actuellement occupés par le mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo/M23 tente de restaurer son intégrité territoriale notamment par le renforcement de la cohésion nationale.

En effet, lors de sa rencontre samedi, 22 février avec les membres de l’Union Sacrée de la Nation, Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, le Président de la République a annoncé son intention de former une nouvelle équipe gouvernementale dite d’Union Nationale pour renforcer la fibre nationale, nécessaire à la lutte contre l’agression Rwandaise.

Cette annonce sous-entend la recomposition des alliances politiques. En d’autres termes, l’incorporation des nouvelles forces politiques et sociales dans la prochaine équipe Gouvernementale. À la tête d’une robuste plate-forme politique, Union Sacrée de la Nation depuis le divorce avec le Front Commun pour le Congo de Joseph KABILA KABANGE, son prédécesseur, Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO a eu du mal à occulter son agacement vis-à-vis de la mollesse de l’engagement politique de certains sociétaires de sa machine politique concernant la mobilisation de la jeunesse à se faire enrôler dans l’armée régulière pour défaire la rébellion. Il voudrait pour ce faire, miser sur des forces nouvelles pour plus d’efficacité.

Intégration des membres de l’opposition dans le prochain Gouvernement, restructuration dans les services de défense et de sécurité, Félix TSHISEKEDI, manifestement déterminé, n’écarte aucune hypothèse pour tenter de restaurer l’intégrité territoriale du pays.

Et Kabund A Kabund dans tout ça ?

Depuis sa double éviction des directions du parti présidentiel et de la première Vice-présidence de l’Assemblée Nationale lors du premier mandat de Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Jean-Marc Kabund A Kabund dont le nom et l’histoire se confondaient parfois à ceux de sa formation politique, a su se tailler une nouvelle image politique dans le paysage médiatico- social de la RDC.

Devenu l’un des opposants farouches à la gouvernance Tshisekedi, l’homme s’est démarqué notamment par la virulence de ses déclarations, n’hésitant pas de poser avec des figures d’opposition comme Martin Fayulu et tant d’autres. Depuis lors, celui qui était le fer de lance du combat politique de l’UDPS d’après Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA, l’éternel chef de cette formation politique, n’était plus logé dans le même panier que ses comparses du parti.

KABUND À KABUND vient-il redessiner le paysage de l’opposition ?

La question mérite d’être posée d’autant plus que sa voix est restée audible dans les milieux de la jeunesse surtout celle de son ancien parti parmi ceux des combattants qui n’ont pas trouvé leurs comptes après six ans de la gouvernance UDPS.

Face à une situation où une partie du pays est exsangue du fait de la guerre, Félix-Antoine TSHISEKEDI va-t-il courtiser ce grand orateur, mobilisateur des masses pour renforcer la guerre du contrôle de l’opinion face à l’agression Rwandaise ?
Rien n’est moins sûr d’autant plus qu’aucun indicateur ne le fait présager.

Kabund A Kabund, l’opposant

Opposant au régime Tshisekedi, Kabund À Kabund est loin de se trouver dans un terrain conquis. Dedans, le désormais ancien prisonnier devra compter avec Joseph KABILA KABANGE, Moïse KATUMBI ou encore Martin FAYULU pour ne citer que ces trois.

En effet, depuis son départ du pouvoir en 2019 et le divorce FCC-CACH, Joseph KABILA avait séché micros et caméras limitant au maximum ses sorties publiques en boycottant toute participation au processus politique.

En brisant le silence, KABILA s’est affiché comme l’un des opposants avec qui compter dans le pays. De son côté, Moïse KATUMBI TCHAPWE, arrivé deuxième lors de la dernière présidentielle s’est toujours présenté comme l’alternative à Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Martin FAYULU MADIDI connu pour ses positions tranchées sur la Gouvernance Tshisekedi n’a jamais renoncé et a été toujours consulté à chaque fois que les conditions l’imposent.

Dans ce contexte, KABUND À KABUND devra t-il exister ? En tout cas, l’homme a la carrure. A-t-il les moyens de ses ambitions ?

Difficile d’y répondre pour le moment, mais à tout prendre, sa libération devra faire bousculer les équilibres au sein de l’opposition.

José-Junior OWAWA

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