Le Conseil de sécurité a décidé, vendredi 29 mars 2019, de renouveler le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la République démocratique du Congo (MONUSCO) jusqu’au 20 décembre 2019. La prorogation du mandat de la MONUSCO a été approuvée par le Conseil à l’unanimité de ses membres. Renouvelant le mandat de la Mission, et à « titre exceptionnel », de sa Brigade d’intervention, le Conseil a rappelé que les deux priorités stratégiques de la MONUSCO sont de contribuer à la protection des civils et à la stabilisation et le renforcement des institutions de l’Etat. La résolution adoptée par le Conseil charge en outre Secrétaire général (Ndlr : Antonio Guteress) de lui remettre au plus tard le 20 octobre 2019 les résultats de son examen stratégique indépendant de la Mission onusienne en RDC, qui comprendra notamment « un plan de retrait échelonné, progressif et exhaustif ».

Le Conseil souligne la nécessité de transférer progressivement les tâches de la MONUSCO au gouvernement congolais et à l’équipe de pays des Nations Unies, afin que la Mission puisse, « moyennant une évolution favorable », quitter le pays selon « un plan de retrait responsable et durable ».

Avec cette résolution, le Conseil a félicité les millions de Congolais qui se sont rendus aux urnes pour leur « comportement » pendant les élections présidentielle, nationales et provinciales, ayant conduit au premier transfert pacifique du pouvoir entre chefs d’État dans l’histoire du pays.

Préoccupé par l’augmentation des violations présumées des droits de l’homme imputées à des agents de l’État en 2018, le Conseil a félicité le nouveau Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo pour ses décisions d’amener ces agents à rendre compte des violations des droits de l’homme, de libérer les prisonniers politiques et de fermer les centres de détention illégaux.

Le Conseil se félicite de l’action menée par le gouvernement congolais pour prévenir et combattre les violences sexuelles. Condamnant les groupes armés opérant en RDC, le Conseil demande aux autorités congolaises de mener de nouvelles opérations militaires, dans le respect du droit international, mais aussi de promouvoir des approches non militaires.

Protection des civils et renforcement des institutions de l’Etat

Renouvelant le mandat de la Mission, et à « titre exceptionnel », de sa Brigade d’intervention, le Conseil a rappelé que les deux priorités stratégiques de la MONUSCO sont de contribuer à la protection des civils et à la stabilisation et le renforcement des institutions de l’Etat.

S’agissant de la protection des civils, la Mission onusienne devra notamment fournir « une protection efficace, dynamique et intégrée des civils » menacés de violences physiques, renforcer son interaction avec la population civile et « neutraliser les groupes armés au moyen de la Brigade d’intervention ».

Au titre de la seconde priorité, la MONUSCO devra notamment fournir un appui afin de favoriser la réconciliation intercommunautaire, lui signaler « immédiatement » les violations des droits de l’homme et appuyer le gouvernement dans la consolidation d’une structure nationale civile pour une gestion équitable des ressources naturelles, indique le Conseil.

Réactions pour et contre la résolution

« Nous invitons le pays à aller plus loin dans sa souveraineté », a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, dont la nation préside en mars le Conseil de sécurité et a rédigé la résolution. Et d’ajouter : « La MONUSCO ‘’reste indispensable’’ en raison des groupes armés qui continuent d’être très présents dans le pays. La prolonger jusqu’à décembre permet de réfléchir ‘’au temps d’après’’ et au ‘’désengagement progressif’’ des Casques bleus qui devrait suivre ».

L’ambassadeur de la RDC à l’ONU, Ignace Gata Mavita, a annoncé que la RDC allait « formellement demander au Conseil de sécurité, dans le cadre du Comité des sanctions, d’inscrire les Forces démocratiques alliées (ADF) -les ADF sont un groupe ougandais musulman actif à l’Est de la RDC- sur la liste des groupes terroristes ». Kinshasa et la MONUSCO accusent les ADF d’être responsables de massacres de plusieurs centaines de civils dans la région de Beni depuis octobre 2014.

Présents en RDC depuis 1995 et opposés au président ougandais Yoweri Museveni, les mystérieux ADF sont aussi tenus responsables de la mort de 15 Casques bleus tanzaniens tués en décembre 2017 et de sept Casques bleus malawites et tanzaniens en novembre 2018.

Après le vote, les États-Unis ont souligné avoir des réserves sur les mentions relatives à la Cour pénale internationale (CPI) qui figurent dans la résolution, alors que Washington n’en est pas membre. Ce point a rendu les négociations difficiles et retardé le scrutin sur le texte, initialement prévu mercredi 27 mars.

La durée de la prolongation de la Monusco a aussi posé problème, l’Afrique du Sud notamment aurait préféré une durée d’un an, comme l’avait préconisé le Secrétaire général de l’ONU dans un récent rapport.

« Le plafond des effectifs autorisés » pour la MONUSCO reste à « 16 215 militaires, 660 observateurs militaires, 391 policiers et 1 050 policiers spécialisés », indique la résolution, alors qu’Antonio Guterres avait dans ce même rapport suggéré une baisse des effectifs d’environ 2 000 hommes.

Pour rappel, les Nations unies sont présentes en RDC depuis une vingtaine d’années et la MONUSCO représente l’une de ses missions actuelles les plus importantes et les plus coûteuses. Son budget annuel est d’environ 1,11 milliard de dollars.

Dieudonné Buanali

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *