En République démocratique du Congo, un réseau de mafieux fait feu de tout bois pour avoir la tête du Vice-premier ministre en charge de l’économie nationale Daniel Mukoko Samba. Dans une attitude digne d’une anomalie psychanalytique théorisée par Sigmund Freud, ils accusent le VPM d’entretenir une mafia autour du secteur pétrolier. Une enquête menée par la rédaction de Géopolis Hebdo a permis de comprendre l’enjeu autour de ces accusations.
Les accusations contre le VPM Mukoko Samba ne sont rien d’autre qu’une « projection » maladroite d’un réseau à qui une nouvelle réforme du ministère de l’économie prive désormais des flux financiers illégaux.
Les accusations concernent « 31 millions de dollars américains que le ministère de l’économie est accusé d’avoir payés à des sociétés en dehors de la procédure légale« .
Les accusations éclatent au moment où le gouvernement via le ministère de l’économie, a trouvé une stabilité dans l’équation qui a posé un défi à la RDC surtout entre 2022 et 2024. En pleine crise Russo-ukrainienne, la RDC a trouvé l’équilibre entre la problématique de
l’approvisionnement des produits pétroliers, leur prix, mais aussi le problème des manques à gagner. Car les 31 millions de dollars américains dont il est question, sont « le manque à gagner » que le gouvernement a payé aux pétroliers.
Subvention et réforme
Il y a bien une réalité complexe autour du secteur pétrolier en RDC. Pour agir sur le social et maintenir le pouvoir d’achat de la population, le gouvernement subventionne le carburant en injectant des sommes importantes que l’exécutif paye aux entreprises pétrolières. Les pétroliers achètent leurs produits en devises américaines, revendent à un prix bas en Franc Congolais après négociation avec le gouvernement. La perte qui se dégage de l’activité de vente par les entreprises pétrolières, du fait du prix au rabais, est payée par le gouvernement. C’est cela le manque à gagner. En 2023, le gouvernement a payé un total de 288 millions de dollars américains aux entreprises pétrolières. En 2024, grâce à une grande vigilance autour de l’acquisition des produits pétroliers, le manque à gagner a été à hauteur de 31 millions de dollars américains.
Le gouvernement qui met la main à la poche pour payer la subvention pétrolière permet à la RDC d’avoir les produits pétroliers parmi les moins chers d’Afrique. En RDC ( zone Ouest par exemple), un litre d’essence est autour de 1 dollar américain. À titre de comparaison, le prix du litre d’essence au Congo Brazzaville est de 1,5 dollar, le même prix est pratiqué au Cameroun, en Côte d’Ivoire…
Chacun se rappelle qu’entre 2022 et 2023, le prix du carburant en RDC avait subi une augmentation à 4 ou 5 reprises, et que le pays avait été plusieurs fois au bord d’une grève des pétroliers. Un jeu de yo-yo qui témoignait d’un combat permanent pour la recherche de la stabilité entre le prix du brut à l’international, le volume des importations et le taux de change (parité dollar – franc congolais). Le calcul du prix du pétrole tient compte de ces trois facteurs.
En 2024, sous l’égide du VPM Mukoko Samba, les produits pétroliers ont connu une baisse de prix de l’ordre de 13%. Entre-temps, le vice-premier ministre de l’économie a supprimé les paiements (retro-commissions) connus sous le nom de « decotte », qui d’habitude se chiffrait en millions de dollars, que différents acteurs intervenants dans les négociations des prix de pétroliers se partageaient à leur guise. La réforme a été complétée par une autre mesure : les entreprises minières qui jadis, bénéficiaient frauduleusement du carburant subventionné, n’ont plus ce privilège indû. La réforme a mis en place un procédé technologique, « le marquage moléculaire », pour séparer le carburant de consommation courante du carburant pour les entreprises minières. Seul le carburant de la consommation courante profite désormais de l’aide publique. Le manque à gagner est dorénavant calculé par des commissions, avec une grande rigueur. Les trois actions, à savoir le calcul moléculaire, la suppression de la decotte, le calcul rigoureux du manque à gagner, ont induit une stabilité du prix des produits pétroliers, et ont enrayé une fraude qui appauvrissait l’État Congolais. Les réseaux mafieux qui vivaient de ces systèmes enchevêtrés de fraude se voient donc enlever le fromage de la bouche. D’où le combat contre Daniel Mukoko Samba dont les réseau mafieux cherchent maintenant la tête. La réforme est d’autant plus bénéfique que le manque à gagner que le gouvernement paye aux pétroliers provient du « stock de sécurité« , en lieu et place du Trésor public comme jadis.
Parmi ceux qui font les pieds et les mains pour faire payer au Vice-premier ministre sa réforme, des pétroliers d’Afrique de l’Est dont des somaliens.
Un retour fiscal conséquent
Désormais exit les fausses factures, les faux paiements. Depuis 3 mois, la réforme a permis au Trésor public d’enregistrer des paiements encore plus conséquents, principalement entre juin et août 2025. Au mois de juin, plus de 4 milliards de Francs congolais ont été encaissés; au mois de juillet plus de 3 milliards de Francs ont été perçus et au mois d’août, la perception a « explosé » à plus de 60 milliards de Francs Congolais. Les recettes ont plus que décuplé.
Patrick Ilunga