Plusieurs structures médicales confessionnelles de Kinshasa, parmi lesquelles des établissements catholiques, ceux de l’Église du Christ au Congo, de l’Église Kimbanguiste, de l’Armée du Salut, ainsi que l’hôpital Monkole, ont récemment annoncé la suspension partielle de la gratuité des services liés à l’accouchement.

Cette mesure, instaurée dans le cadre du programme national de gratuité de la maternité, est désormais remise en cause, principalement à cause d’importants retards de paiement de la part de l’État.

Dans une lettre adressée au Conseil national de la Couverture santé universelle le 23 mai, ces structures ont exprimé leur incapacité à poursuivre les prestations gratuites, évoquant notamment :

– Huit mois d’impayés pour les accouchements,

– Plus de 20 mois pour les consultations prénatales et préscolaires,

– Des retards sur les paiements des échographies obstétricales,

– Des factures partiellement réglées,

– Une retenue de 30 % sur les paiements destinés à l’achat de médicaments, souvent non livrés.

Face à cette situation, les structures concernées annoncent que seules les consultations et les accouchements resteront gratuits dans l’immédiat, mais préviennent que si aucune solution n’est trouvée d’ici au 19 juin, la gratuité pourrait être entièrement suspendue. 

À l’hôpital Monkole, la suspension temporaire des services de maternité et de néonatologie est d’ailleurs déjà effective. Le dernier paiement reçu, datant d’octobre, ne représentait que 8 % du montant dû.

En réponse à cette annonce, le Fonds de solidarité de santé (FSS), chargé de gérer les financements du programme, a publié un communiqué, ce mardi 10 juin, exprimant son étonnement. Il dit avoir été surpris de voir circuler sur les réseaux sociaux la lettre de Monkole dès le 2 juin, soit le même jour où elle a été officiellement transmise au FSS avec un ultimatum fixé au 7 juin.

Le FSS affirme avoir déjà versé sur le compte bancaire de l’hôpital Monkole un montant total de 156 585,02 dollars, représentant une moyenne mensuelle de 31 317,04 dollars pour la période de janvier à mai 2025. Il conteste également le montant de la dette avancé par Monkole, qui s’élèverait selon ce dernier à 521 620,81 dollars. Le FSS évoque au contraire un trop-perçu de 133 964,85 dollars en faveur de Monkole, et annonce l’envoi de son personnel financier pour régulariser la situation.

Cette divergence de chiffres et de communication illustre, pour certains observateurs, le manque de coordination entre les structures de santé et le gestionnaire public des fonds. Tandis que les prestataires menacent de se désengager complètement du programme, le FSS semble privilégier une approche technique et comptable, sans annoncer de solution immédiate pour apurer les arriérés contestés.

La population, en particulier les femmes enceintes issues de milieux précaires, risque de faire les frais de ce bras de fer si un compromis rapide n’est pas trouvé.

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