L’appel de Patrick Muyaya aux jeunes
Après L’Unikin, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement s’est entretenu avec les étudiants de l’Unisic, ex- Ifasic jeudi 31 juillet. Objectif, parler du processus de paix; prêcher la paix ; appeler les jeunes à s’engager. Contrairement au rendez-vous avec les étudiants de l’Université de Kinshasa le 23 juillet dernier, à l’Unisic, le ministre de la communication était accompagné de la ministre de la jeunesse, Noëlla Ayeganagato. Le programme prévoyait aussi la participation de la ministre de l’enseignement supérieur et universitaire Marie-Thérèse Safi Sombo , qui s’est excusée, étant appelée à d’autres obligations d’État. Patrick Muyaya et Noëlla Ayeganagato ont donc tenu la conférence-débat en mettant les jeunes devant leur responsabilité dans la quête de la paix. La « mission de rappeler aux jeunes leur rôle dans le processus de la paix, afin qu’ils s’y engagent. Car la pacification ne se fera pas sans les jeunes », a lancé Noëlla Ayeganagato. La ministre a exhorté les jeunes d’être le maillon central dans la pacification du Congo. « Soyez le bâtisseurs vigilants de cette paix, les relais du narratif Congolais. Votre rôle est central. Vous est une force, parce que vous êtes la majorité, dénoncez le discours de haine, de la désinformation… » Une exhortation renforcée par l’appel du porte-parole du gouvernement. Lui l’ancien étudiant de l’Ifasic a servi une parole vraie aux étudiants, devant ses anciens enseignants. « Aujourd’hui je viens vous raconter une histoire, celle de la RDC, une histoire que vous connaissez.
Nous célébrons la journée de la femme africaine. La femme Congolaise est celle qui paie le plus lourd tribut… » Référence faite à la violence dont les femmes Congolaises sont victimes depuis 31 ans maintenant, depuis le déclenchement de la guerre dans l’espace Kivu. « Je vous retourne en 1994 parce que c’est en 1994 que les malheurs de la RDC commencent avec le génocide rwandais ». C’est donc une histoire des heurts et malheurs que la RDC entend refermer à jamais.
Pour Patrick Muyaya, l’engagement des jeunes et de tous les Congolais doit commencer par la compréhension des enjeux de la guerre imposée à la RDC depuis plus de 31 ans. « Au cœur du processus de pacification de la RDC. Comprendre pour agir, l’appropriation du narratif Congolais pour la jeunesse pour la construction d’une paix durable », c’est le thème de la conférence débat entre le ministre de la communication et les étudiants de l’Unisic.

Devant les étudiants, le ministre de la communication a procédé à un rappel historique du conflit qui oppose la RDC au Rwanda depuis 3 décennies. Ce conflit, responsable de près de 10 millions des morts en RDC, est parti d’une guerre civile, suivi d’un massacre au Rwanda, en 1994. L’horreur des tueries en masse avait poussé des milliers des réfugiés à fuir vers le Congo, alors Zaïre. « À la demande de la communauté internationale, notre pays avait ouvert ses frontières pour accueillir les réfugiés rwandais. Malheureusement, la solidarité qui avait été demandée à notre pays à l’époque, a été à l’origine des malheurs que nous connaissons aujourd’hui« , a souligné Patrick Muyaya.
C’est l’une des causes profondes du conflit aujourd’hui trentenaire, rappelle le ministre qui note par ailleurs que « très souvent, dans le narratif rwandais, vous entendez parler des causes profondes du conflit, et bien de notre côté », ajoute-t-il, « l’une des causes profondes c’est justement cette ouverture des frontières, cette hospitalité que notre pays a bien voulu offrir aux rwandais qui fuyaient le massacre pour trouver un abri chez nous. Depuis ce moment-là, jusqu’à ce jour, la patrie Est connait des heurts et d’instabilité ».
La suite, on la connait, les guerres d’agression ont pris plusieurs formes, les groupes armés soutenus par le Rwanda ont pris également plusieurs dénominations au fil des années, sans vraiment changer dans le fond : l’AFDL, le RCD, le CNDP, le M23 en trois versions de 2012 à ce jour. Le ministre de la communication indique qu’en réalité, le génocide rwandais en 1994 a servi d’alibi au régime de Kigali pour poursuivre 5 buts, à savoir : « l’expansion territoriale; le repeuplement dans le Kivu ; le contrôle et le pillage des ressources ; l’extension de la zone d’influence et la survie politique et économique« .
Dans le fond, il s’agit d’une guerre basée sur les raisons économiques, mais dont les raisons mises en avant sont la question des FDLR; une supposée discrimination contre certaines communautés congolaises d’expression rwandophone et la problématique des réfugiés congolais établis au Rwanda.
Trois raisons que le ministre s’est employé à déconstruire. « Depuis 30 ans, il (Paul Kagame) recycle ce mensonge.
Il y a plus des réfugiés Rwandais en RDC plutôt que des réfugiés congolais au Rwanda. On a mis en place des mécanismes pour détricoter chacun de ces prétextes », a lancé Muyaya. « La RDC a 450 tribus. Elle fière de sa diversité. Lui le président d’un pays voisin doit-il se permettre de venir rendre justice à une communauté dans un autre pays ? C’est un prétexte qui ne tient pas. Et vous ne pouvez pas prétendre protéger une communauté en tuant une autre communauté. Les Banyamulenge sont des Congolais. Et le président de la République l’a rappelé, et que personne ne doit les attaquer ». Le ministre de la communication a démontré que le discours de Kigali, « le poison rwandais », est un discours mensonger. Pour ce qui est des FDLR, Muyaya a répondu, se fondant sur les confirmations d’un dignitaire rwandais que ce groupe « n’est plus qu’une force résiduelle ». « A six reprises, nous avons fait des opérations ( la RDC seule ou conjointement avec le Rwanda) contre les FDLR », a-t-il souligné.
Pour le ministre de la communication, « il était important de rappeler la genèse du conflit, mais aussi le parcours fait et les différentes prises de position du président Félix Tshisekedi qui ont permis d’atteindre ce niveau où on entrevoit le retour de la paix ». « Aujourd’hui, il y a un homme, le président de la République Félix Tshisekedi qui a dit non, au nom de tous les Congolais« .
Le porte-parole du gouvernement a appelé les jeunes à se positionner face à la guerre hybride imposée à la RDC par le Rwanda. Il a rappelé que les différents fronts auxquels le pays est engagé. Le plus transversale étant le combat de la communication. Il faut faire barrage à la désinformation distillée par les forces négatives et ensuite porter le narratif Congolais.
Patrick Muyaya a expliqué l’accord de paix signé à Washington. Une copie de cet accord, mais aussi un livre, le livre blanc, qui reportorie les preuves et actions criminelles de l’armée rwandaise en RDC ont été distribués au étudiants, histoire de mieux les sensibiliser.
Patrick Ilunga