Swakopmund, une ville fascinante entre désert et océan, déploie ses charmes sous des cieux d’un bleu pur, encadrée par le sable doré du désert de Namib et les vagues impétueuses de l’Atlantique.
Après un vol à travers ce paysage aride, où seuls quelques bâtiments surgissent de l’immensité désertique, l’arrivée à l’aéroport de Walvis Bay, petit et moderne, surprend par sa solitude et son atmosphère de bout du monde. Là, à l’ombre de quelques arbres du désert, la chaleur est adoucie par un vent frais, tandis que les expatriés, principalement sud-africains, semblent être les seuls à fouler ce sol isolé. Lors des deux jours où je me suis rendu à l’aéroport, chaque fois, deux vols en provenance de Johannesburg et de Cape Town étaient les seuls à arriver, sans aucun vol en provenance des autres villes de Namibie.
Le trajet en bus vers Swakopmund est tout aussi surprenant : un chauffeur appliqué respecte scrupuleusement la signalisation dans cette zone désertique, et la route, bordée de panneaux annonçant des projets immobiliers dans un décor lunaire, mène à des oasis où des flamants roses se posent, apportant une touche de vie dans ce paysage hostile. Peu à peu, l’océan se dévoile, apportant un contraste saisissant avec le désert. À l’horizon, des townships et des villas modernes émergent comme des mirages, défiant la rigueur de l’environnement. Ces maisons somptueuses forment la cité appelée : « Atlantis Dune », une oasis de luxe dans un monde aride.
Arrivés à Swakopmund, le paysage urbain ressemble à une station balnéaire européenne, avec ses rues impeccablement entretenues et son architecture typique. L’influence allemande est omniprésente. Swakopmund semble figée dans le temps, une ville où l’on pourrait presque se croire au cœur de l’Europe, bien loin de l’Afrique. La propreté de la ville est irréprochable, les infrastructures sont modernes et bien entretenues, et le respect du code de la route est rigoureux. La circulation, bien que peu dense, est étonnamment disciplinée.
Cependant, ce qui frappe rapidement, c’est la composition démographique de la ville. La majorité de ses habitants semble être blanche, souvent âgée, et les signes d’une séparation raciale sont évidents. En observant les véhicules qui passent devant l’hôtel, il est facile de noter que sur dix voitures, neuf sont conduites par des Blancs, principalement au volant de 4×4, tandis que le seul véhicule conduit par un Noir est un taxi. Oui, j’ai pris le temps de compter. Les hôtels sont largement gérés par des Blancs, tandis que les employés noirs s’occupent principalement des tâches ménagères.
Le contraste entre les habitants et l’atmosphère de la ville accentue cette impression de solitude. Les rues, de jour comme de nuit, sont presque désertes, et il est rare de croiser des piétons. Le soir, quelques personnes se dirigent vers le vieux quai en fer, construit en 1904, qui s’avance dans l’océan, avec son jetty restaurant, construit sur des pilotis. Là, ils viennent se ressourcer en contact avec la nature, loin de la quiétude presque oppressante du reste de la ville. La langue est également un obstacle, car la plupart des habitants parlent allemand, rendant toute interaction encore plus distante.
Un Camerounais, ayant croisé un expatrié congolais sur place, m’a dit que Swakopmund ressemble à une « ville allemande d’Afrique ». Et bien que la ville soit magnifique, il est difficile de ne pas ressentir une certaine gêne face à l’écart social et racial qui y persiste, avec des zones encore réservées aux Blancs et des signes de ségrégation qui se font sentir.
Sans interlocuteur pour répondre à toutes mes interrogations, je quitte Swakopmund avec plus de questions que de réponses. Ce que je retiens cependant, c’est que cette ville, bien que marquée par une histoire complexe et des différences sociales évidentes, reste une destination envoûtante, à l’image d’un conte de fées, posée entre le désert et l’océan. C’est un endroit où la beauté naturelle s’harmonise avec l’empreinte de l’homme, malgré l’étrangeté de son atmosphère et la solitude palpable qui y règne.
Pour la petite histoire, Swakopmund fut fondée en 1892 par les colons allemands. À l’origine, la région était habitée par des peuples nomades, notamment les Hereros, qui y venaient pour profiter des avantages de la rivière Swakop. Littéralement, « Swakopmund » signifie « embouchure de la Swakop » en allemand. Ce nom a aussi attiré les Allemands, qui voulaient faire de cet endroit le port principal de leur colonie du Sud-Ouest Africain. Cela s’inscrivait dans le contexte d’une rivalité coloniale avec les Britanniques, qui possédaient le port de Walvis Bay, situé à seulement 40 kilomètres au sud. En raison de ce projet, Swakopmund a évolué pour devenir l’une des villes les plus blanches d’Afrique australe, et c’est aussi la ville où l’on parle le plus l’allemand et l’afrikaans dans tout le pays.
Don Momat est à la fois formateur, blogueur et journaliste. Il aime surfer sur les faits quotidiens pour écrire des textes permettant au lecteur de plonger dans l’actualité. Son style, à la fois simple et teinté d’humour, vise à aider ses lecteurs à mieux comprendre les faits politico-économiques, voire sanitaires, qu’il aborde avec simplicité et modestie. Pour lui, le voyage constitue une véritable source d’inspiration.