La plateforme politique « Ensemble pour le Changement » de Moïse Katumbi, l’une des voix les plus audibles de l’opposition congolaise se dit consternée par les décisions de retrait de signatures prises par Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe 24 heures après la conclusion de l’Accord politique de Genève. Dans un entretien exclusif accordé à Géopolis hebdo, le porte-parole adjoint du leader de cette coalition, Francis Kalambo assure que malgré ces retraits, du reste « regrettable », Moïse Katumbi reste attaché aux conclusions du compromis trouvé entre les 7 poids-lourds de l’opposition congolaise.
Géopolis Hebdo : Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe se sont retirés de l’Accord de Genève, 24 heures seulement après sa signature. Que vous inspire cette volte-face ?
Francis Kalombo : En réalité, Ensemble pour le changement constitue la première force politique de l’opposition dans ces élections à venir au regard de nombre de candidats alignés aux législatives nationales et provinciales. Nous regrettons certes les départs de ces deux leaders signataires de cet accord, mais nous estimons qu’au regard de la géopolitique, Martin Fayulu a dernière lui l’Equateur et la ville de Kinshasa grâce à Jean-Pierre Bemba, le Katanga avec Moïse Katumbi et Kyungu Wa Kumwanza, le Bandundu avec Muzito et Matungulu ou encore l’Est avec Pierre Lumbi, Mbusa Nyamwisi, Pay Pay, sans oublié tous les hauts cadres de nos différents regroupements.
Regrettez-vous l’attitude des militants de l’UDPS et ceux de l’UNC qui ont contraint leurs leaders respectifs à retirer leurs signatures ?
Pour l’UNC, je ne suis pas surpris parce que ce parti nous a habitués à de revirement pour favoriser le régime en place. Je comprends parfaitement les militants de l’UDPS. Mais comme je ne suis pas de ce parti, je ne saurais pas vous dire pourquoi parce qu’eux-mêmes le savait. Je pense plutôt qu’aller en cavalier seul serait suicidaire.
Redoutez-vous une main noire du pouvoir derrière ce chaos au sein de l’opposition ?
Je ne redoute absolument rien. Le pouvoir est dans son rôle qui est celui de pouvoir manipuler l’opposition afin de la fragiliser. Nous aussi au sein de l’opposition, nous essayons toujours de chercher comment affaiblir le pouvoir. Et en politique, c’est un combat légitime. Le plus important pour les acteurs est de ne pas tomber dans ce piège. Tout le monde sait que le pouvoir n’a pas dormi en apprenant cette unité de l’opposition. Il était plus qu’urgent pour lui de tout faire pour nous affaiblir.
On sait qu’Ensemble n’a pas voté pour Fayulu au premier tour. Son choix était plutôt porté sur Félix Tshisekedi. Aujourd’hui Moïse Katumbi serait-il un soutien sincère au candidat commun ?
Moïse Katumbi est l’un des rares hommes de parole que nous avons. Il était le premier à dire qu’il s’inclinera au choix de n’importe porte quel candidat commun qui sortirait de l’opposition quel que soit la personne. Il le disait au moment où il était encore candidat déclaré. Il a promis son soutien à Martin Fayulu et il a déjà commencé à le faire. Je suis son porte-parole Adjoint, je vous dis que nous allons soutenir totalement Martin Fayulu. Du fait que l’initiative est venue de Moïse Katumbi, nous allons la soutenir jusqu’au bout.
Quand vous perdez dans une élection des alliés comme Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, n’est-ce pas un échec programmé pour l’opposition comme l’a prédit l’un de votre, Adam Bombole ?
Adam Bombole n’est pas lui-même un bon exemple parce qu’il avait perdu son élection. Tout le monde sait que les élections se jouent sur la géopolitique, les tributs etc. Ici, il ne faut pas voir Martin Fayulu comme président de l’EciDé ou de la Dynamique de l’opposition, mais plutôt comme le porte-parole d’un groupe. Vous n’allez pas mettre en doute le leadership de Jean-Pierre Bemba dans l’Equateur et Kinshasa. Vous n’allez pas mettre en doute le leadership d’Adolphe Muzito au Bandundu, de Moïse Katumbi au Katanga, de Busa Nyamwisi dans l’Est ou encore celui de Pierre Lumbi dans le Maniema. Tous nos candidats que nous avons alignés aux législatives nationales et provinciales, vont battre campagne pour Martin Fayulu. Nous aurions voulu être avec tous les autres, malheureusement ils sont partis. Mais je vous rappelle que Martin Fayulu est aujourd’hui, au sein de l’opposition, le candidat le mieux loti pour gagner les élections au vue du bilan catastrophique du Front Commun pour le Congo (FCC). Martin Fayulu entrera en campagne bientôt. N’oubliez pas l’histoire de Macron à qui personne n’accordait la chance de gagner. Nous sommes une grande équipe derrière Martin Fayulu et je suis convaincu qu’il gagnera ces élections grâce au soutien de 5 leaders.
Vous promettez de battre campagne en faveur de Martin Fayulu dans des élections qui vont être organisées avec la machine à voter ?
Nous rejetons totalement cette machine qui viole plusieurs dispositions de la loi électorale notamment l’article 237. Quelle valeur va-t-on donner à une élection organisée en violation de la loi ? Nous demandons à la CENI de retirer la machine à voter avant la tenue des élections.
Vous exigez le retrait de la machine à voter à quelques semaines de la tenue des scrutins alors que les spécialistes prédisent un nouveau glissement. N’êtes-vous pas partis pour le boycott ?
Nous ne parlons pas du report des élections. Nous avons commencé à réclamer cela depuis longtemps. Le calendrier électoral prévoit l’impression de bulletins et non la machine à voter. La CENI et le FCC devront porter la responsabilité de ce qui pourra découler des élections chaotiques. Vous les journalistes devriez plutôt les interpeler pour ça.
Propos recueillis par José-Junior Owawa

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com