L’usine Kintoko, un projet de recyclage des déchets plastiques mené par l’entreprise OK Plast, a été inaugurée le jeudi 14 avril 2022 à Kinshasa. L’inauguration a été présidée par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, et s’inscrit dans le cadre du projet d’assainissement de la ville, Kin-Bopeto. Objectif : Lutter contre l’insalubrité et la pollution plastique en transformant les déchets en matière première, et réduire la dépendance de la RDC vis-à-vis des importations de granulés PET. Le 14 avril 2025, Kintoko a totalisé 3 ans d’existence. L’objectif a-t-il été atteint ? Kinshasa est-elle redevenue kin-la-belle en se débarrassant des matières plastiques ? Le projet reçoit-il le soutien du nouvel Exécutif provincial ? A quand l’installation des chaînes restantes ? Telles sont les questions parmi tant d’autres posées à Jérôme Sekana Pene-Papa, en sa triple qualité de Coordonnateur de national de l’organisation non gouvernementale « Toile d’araignée », un réseau des journalistes économiques et financiers, Directeur Général de l’Agence Galaxy Média (AGM) et Délégué général du groupe industriel Angel (Angel Cosmetics, Kintoko by Ok Plast… ). D’entrée de jeu, le semillant orateur a démenti l’information selon laquelle le projet Kintoko est un éléphant blanc ou un mort-né. Au contraire, selon notre source, il monte en puissance.
14 avril 2022 – 14 avril 2025, Kintoko trois ans déjà
» Le projet Kintoko n’est pas un éléphant blanc. Nous devons comprendre que depuis la nuit des temps, nous rejetons dans la nature entre 10.000 et 15.000 tonnes d’ordures ménagères dont bouteilles plastiques par jour dans la ville-province de Kinshasa. Vous savez, la capitale congolaise a plus de 18 millions d’habitants. Dans ces 10.000 à 15.000 tonnes, vous avez 40% des matières plastiques dont des bouteilles et autres. Nous ne pratiquons pas des eco gestes, c’est la plus grande faiblesse que nous avons dans notre pays. On devrait procéder au tri des ordures ménagères à partir des ménages, c’est-à-dire on devrait avoir dans chaque ménage kinois trois types des sachets. Le premier pour les bouteilles plastiques, le second pour les matières biodégradables et le troisième pour les matières solides. Ce qui n’est pas le cas. Alors, on rejette toute dans la nature. Comme conséquences fâcheuses, accumulation des ordures ménagères, provocation des érosions, des maladies hydriques et des inondations. », a déclaré le Jérôme Sekana. Avant de poursuivre : » Ce n’est qu’en avril 2022 que Kintoko arrive et trouve une ville de Kinshasa déjà inondée et polluée. On ne peut pas débarrasser la ville de Kinshasa de ce stock des plastiques en une année, deux ans et trois ans qu’avec une seule usine. Celle-ci a coûté au groupe Angel une bagatelle somme de 15 millions d’euros. Elle a la capacité de traiter 50 tonnes de bouteilles plastiques par jour. Alors, nous debarassons la ville de Kinshasa de 50 tonnes par jour, ce travail là est ardu. Nous avons 54 points de collecte sur toute l’étendue de la ville et il faut amener ces tonnes de bouteilles plastiques dans nos différents centres de compactage où le travail se fait manuellement, il faut les nettoyer et enlever à la main l’étiquetage, il faut ensuite trier par couleur et une fois le travail fait, il faut compacter en ballons et ce sont ces derniers qui vont être traités à l’usine. »

Projet extension, quid ?
» Nous avons demandé au gouvernement de la République de pouvoir nous donner l’autorisation d’installer d’autres usines en plus de l’usine Kintoko I. Nous avons demandé et obtenu la création d’autres Kintoko (II, III, IV et plus). Au moment où je vous parle, la deuxième chaîne est déjà installée. Très prochainement, nous allons inviter le Président de la République pour venir l’inaugurer et en ce moment-là nous allons passer de 50 à 100 tonnes le jour. Malgré cela, on ne pourra pas traiter une grande quantité des ordures ménagères parce que le rejet se fait en désordre. Il n’y a pas de tris au niveau des ménages. », a annoncé le Délégué général du groupe Angel.
A sa création, Kintoko n’avait que 17 véhicules pour ramasser les bouteilles plastiques mais aujourd’hui, le projet en compte une quarantaine. Mais pourquoi, les matières plastiques dont toujours visibles ?
» Le problème qui se pose avec acuité est qu’on ne sait pas circuler aisément avec le phénomène des embouteillages monstres dans la capitale congolaise. Déjà, vous qui avez des voitures normales, vous avez des problèmes pour vous déplacer dans la ville du point À vers le point B. Nous avec nos cargaisons remplis des sacs de bouteilles plastiques, si on doit aller chercher ne fût-ce que 5 tonnes à Mbinza-UPN et ramener ça à l’échangeur de Limete, c’est toute la journée à cause des embouteillages. Voilà pourquoi nous les ramassons la nuit. Et comme les gens ne voient pas nos véhicules circuler pendant la journée, ils pensent que nous ne sommes plus opérationnels. Or, nous sommes montés en puissance. Nous avions autrefois 17 véhicules, nous en avons maintenant une quarantaine. Même le personnel a augmenté. », s’est réjoui Jérôme Sekana Pene-Papa, avant d’annoncer le changement du prix au kilo : » Nous avons à ce jour augmenté même le prix par kilo. Nous sommes passés de 200 à 300 Francs congolais le kilo. Nous vivons dans une ville où le taux de chômage de la population active avoisine les 80%, l’une des raisons du banditisme urbain à Kinshasa avec le phénomène » Kuluna ‘à ou bandits à mains armés. Les gens sont oisifs, ils n’ont rien à faire et s’adonnent aux activités criminelles, c’est pourquoi il y a l’insécurité dans les communes. Mais nous, nous leur donnons du travail. Quand un jeune ramasse 10 kilos, il a 3000 francs congolais. Celui qui a plus de force et ramasse 100 kilos a 30.000 francs congolais. Ce n’est pas rien, c’est au-delà même du SMIG qui n’est à 14.000 francs congolais. Vous comprennez ça ? »
Absence des eco gestes
» Le problème ne se situe pas au niveau de Kintoko mais au niveau des autorités congolaises. D’abord, les autorités de la ville qui doivent discipliner la population à avoir des eco gestes, qui doivent instaurer le système des tris au niveau des ménages et surtout, éduquer la population kinoise. Ce n’est pas à Kintoko de faire cela. », a-t-il martelé. Avant de révéler : » Nous, nous éduquons la population, nous posons des actions. Regardez, quand vous allez vers le collecteur de Kalamu, à la hauteur du pont Sendwe, c’est nous qui avons dégagé les ordures ; libéré le pont de l’etranglement en faisant sortir plus de 35 tonnes sous le pont. C’est grâce à nous que le parking des véhicules qui n’est là n’est plus inondé. Jadis, il était toujours inondé. Nous l’avons fait avec des bulldozers. Nous sommes également partis vers la première rue Limete où nous avions installé des machines pour curer la rivière et les trois points. On pouvait aller jusqu’au fleuve. Ce n’était pas possible parce que le lit de la rivière était envahi par des construction mns anarchiques. Conséquence, il fallait en abord laisser le temps à l’hôtel de ville pour les casser et revenir par après. »
Avant de conclure, JSPP a rappelé que Kintoko accompagne toujours l’Etat congolais, le Gouvernement de la République et l’Exécutif provincial dans l’assainissement de Kinshasa. Il faut toujours continuer à éduquer, pense-t-il, parce que c’est terrible. Les bouteilles plastiques par exemple Jetés à Goma se retrouve parfois dans les turbines de la centrale de Ruzizi I. Idem pour la centrale hydroélectrique d’Inga I et II à Matadi. Ceux qui vont le suivre et ou lire ses propos dans les médias ont été invités à les ramasser, les antasser dans un endroit pour des ramassages futurs par les équipes de Kintoko car, c’est de l’argent quand le train marchandises Kinshasa-Matadi va commencer à circuler de nouveau en attendant l’installation d’une usine de recyclage dans les villes du pays précitées.

Il sied de noter que les déchets recyclés par Kintoko, ce ne sont pas seulement de la matière première pour les opérateurs du secteur de plastique mais ce sont des granulés à transformer en preforme. Kintoko a besoin de 2.000 tonnes pour fonctionner par mois afin de fournir des emballages aux souffleurs que sont les sociétés brassicoles, l’industrie pharmaceutique et autres.
Kintoko est en train de couvrir 20% des parts de marché en terme de l’offre. Ce pourcentage va augmenter dans les jours à venir avec l’augmentation de la chaîne de production et pourquoi pas, couvrir toute la demande et stopper les importations. Un challenge pour le management de cette jeune société citoyenne et écologique. Pour l’instant, Kintoko respecte ses engagements. Aux pouvoirs publics de respecter le leur en éduquant la population kinoise pour des eco gestes.
Le gouverneur de la ville-province de Kinshasa, Daniel Bumba Lubaki qui a visité récemment les installations de Kintoko, leur a promis tout son accompagnement et celui de l’Exécutif provincial. Qui vivra verra !
Dieudonné Buanali