Le discours de Bruxelles a révélé la fragilité du système des analyses qui gouvernent aujourd’hui le monde politique. Les multiples réactions ont démontré que la perception que beaucoup se font du jeu politique n’a pas quitté les zones de l’émotion et de l’intérêt immédiat. Comment peut-on croire qu’après 6 ans au pouvoir, le Président Tshisekedi ne maîtrise pas encore les enjeux internationaux ? Comme il est resté le même pour beaucoup avec la même amabilité, le même humanisme et parfois le même langage politique, plusieurs n’ont pas vu la mutation qui s’est opéré en lui en silence, comment il a accumulé une puissance de pensée qui s’est ajouté à son flair politique hérité des longues années de combat.
À Bruxelles, il a posé les paroles qui ont dérouté plusieurs car lui, il a été informé de vraies intentions derrière le sommet de la capitale belge. Pendant des mois il reçoit des délégations, il a des synthèses des renseignements et il a appris à connaître les hommes proches et lointains. Comment les politiques, ceux de l’Union Sacrée, de l’opposition, de la rébellion voire même du Rwanda ne prennent pas en compte la force d’action qui est désormais la sienne ?
Comment n’a – t – on pas vu la prouesse qu’il a eu à conduire une démarche auprès de la première puissance du monde pour inscrire sur la table de la Maison Blanche l’agenda congolais ? Comment contre toute attente s’est-il retrouvé à Doha à côté du président Kagame sans que les analystes congolais n’aient pu voir venir cela ?
Comment à l’intérieur du pays a-t-il mené des chantiers partout au point que les inaugurations qui surviennent font douter et désormais des détracteurs parlent de l’intelligence artificielle ? Le président Félix Tshisekedi est un politique mystère car il n’obéit pas aux schémas traditionnels des acteurs que l’on peut deviner aux moindres de leurs réflexions car on connaît les maisons politiques de leur provenance. En jouant *de* l’humilité à Bruxelles, il a posé le socle d’une politique de la preuve par trois.
En demandant la paix des braves au moment même où les négociations sont bloquées, il indique qu’il est possible de changer la donne avec un peu de bonne volonté.
D’ailleurs l’expression « tendre la main » supposait que celui qui tend la main est debout et veut relever celui à qui il tend la main. Le président Tshisekedi avait, depuis le début de cette crise, déclaré qu’il avait les trois solutions à table. Il allait travailler sur le plan militaire, le plan diplomatique et le plan politique. Ces trois moyens à sa disposition ont été gérés de manière à dérouter les observateurs qui avaient impression que Félix Tshisekedi avait choisi les moyens diplomatiques car ne pouvant faire face à l’avalanche de l’attaque surprise et la traîtrise de certains officiers qui ont choisi de trahir leur patrie pour s’abriter sous le label de la cupidité internationale qui a rendu des milliers des humains esclaves de leur vision étriquée de la vie.
Aujourd’hui, le congolais doit faire beaucoup d’efforts pour apprendre à reconnaître son président dans l’homme stratège qu’il est devenu et dans le politique qui fonctionne à un rythme puissant. Tshisekedi New look est déjà là et il déstabilise tous les acteurs concernés qui sont pris de vitesse dans sa capacité de déploiement multilatéral.
À peine il avait dit cela à Bruxelles qu’une flopée des personnes prennent le devant pour le vilipender car il se serait rabaissé devant Paul Kagame. Rien de moins vrai que cette technique actuelle de mettre au feu plusieurs fers et frapper avec celui qui chauffe sur la surface voulue. Il a convoqué l’aspect moral de cette crise pour prendre à défaut le président rwandais en offrant la paix des braves. Il faudrait plus tard beaucoup des recherches pour comprendre la période actuelle avec sa panoplie des mystères.
Robert Tanzey