24 avril 2016, 24 avril 2022, six (6) ans jour pour jour depuis que celui que les Kinois en particulier et les Congolais en général considèrent comme étant le roi et l’icône de la rumba congolaise, Jules Shungu Wembadio de son vrai nom allias Papa Wemba avait tiré sa révérence sur scène en Côte d’Ivoire, à l’occasion du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua). Festival organisé par le groupe musical ivoirien Magic System de Asalfo et cie. A cet effet, les Kinois qui sont venus commémorer ces 6 ans de sa disparition à Matonge, où se tient le fief même de ce grand artiste, se sont livrés au micro de Geopolis hebdo pour exprimer leurs sentiments quant à ce.
Le Quartier Matonge dans la commune de Kalamu est connu pour sa capacité à attirer du monde pour faire un peu de la fête surtout les Weekends. Il est aussi connu, par le fait que c’est là où Papa Wemba a institué son village dit « Molokaï », un nom formé à partir de 5 initiales des avenues » Masimanimba, Oshwe, Lokolama, Kandakanda et India ».
Si le 24 avril 2016, ce quartier était sous la profonde émoî de suite de la disparition de cet artiste musicien, patron du Groupe « Viva la Musica », ce 24 avril 2022 comme tous les autres venus après, l’ambiance y était bien évidemment festive dans ce coin mouvementé de Kinshasa.
Déjà à 15h hier dimanche 24 avril, sur le croisement de l’avenue Oswe et l’autre avenue désétatisée Couloir Mbadiakoko, la fête était à son comble. Un podium installé par une société brassicole, renvois des décibels de la musique congolaise, dominés par des morceaux du roi du village Molokaï, Kolo Histoire. Une autre société brassicole a également installé son podium, dans la bifurcation des avenues Oswe et Du Stade. On pouvait remarquer aussi des stands dans ce lieux, pour offrir plus des places aux mélomanes qui viennent se souvenir de leur chanteur préféré, Wembadio.
La fête n’était pas seulement de la musique, mais aussi de la SAPE ( Société d’ambianceurs et des personnes élégantes), dont Papa Wemba en a fait toute une région. Ceux qui en savent plus, peuvent reconnaitre le fameux slogan culte, « religion Kitendi » entendez : » La religion de la tenue vestimentaire » ou « du tissu. » Les sapeurs n’ont pas manqué ce rendez-vous, pour exhiber des pas qui leurs sont propres et des vêtements extravagants pendant ce moment de commémoration de la date du décès de Papa Wemba, « le roi de la SAPE. »
A en croire Mate Bitemo, connu sous le nom de la Firenze, notable du Quartier Matonge et un grand ami de l’artiste depuis 1977, » Sincèrement je rends grâce à Dieu ! Papa Wemba est un grand frère pour moi, nous avions fait l’école primaire ensemble à Rankin 1 aujourd’hui connu sous le nom de Lycée Matonge. Pour moi je dirais que Papa Wemba est un baobab, il mérite beaucoup de respect et honneur à son sujet car il s’était battu pour instaurer l’idéologie que lui considérait comme étant tout une religion à suivre « la SAPE », avec son slogan devenu courant jusqu’à ce jour «il était comment, bien sapé, bien rasé et bien parfumé…». Du point de vue artistique, je n’ai aucun commentaire à faire là-dessus puisque déjà ses oeuvres parlent en sa faveur. Papa Wemba est non seulement un grand mais aussi un maître d’école », a-t-il conclu en versant des larmes.
De son côté, Raphaël Kandolo, journaliste de formation et aussi natif du quartier Matonge à loué les efforts de celui qu’il considère comme un grand icône de la Rumba congolaise de par ses traces qui sont devenues tout une idéologie pour cette génération montante. » Papa Wemba est un esprit, un grand esprit que nous congolais devons nous en approprié », a-t-il relevé.
En outre, ce dernier s’est plaint de la manière dont une certaine catégorie des personnes aujourd’hui se font de l’argent au nom de cette grande personnalité de la Rumba congolaise et demande aux autorités d’en tenir compte le plus vite que possible afin de mettre fin à cette mauvaise pratique qui devient profitable pour certains.
» Certaines personnes se font de l’argent au nom de Papa Wemba sous prétexte qu’ils ont des structures de soutient pour les oeuvres de l’illustre disparu. Or cela est un blasphème et que l’État doit vite se jeter à l’eau, s’enquérir de la situation avant qu’il ne soit trop tard ».
Pour sa part, Clément Mata, amoureux de la Rumba, n’a pas caché ses sentiments envers celui qu’il aura été pour lui un grand, musicalement parlant.
» C’est un grand artiste musicien », a-t-il souligné. Et de poursuivre : » Papa Wemba est celui qui a donné de la valeur à la Sape, raison pour laquelle nos sapeurs profitent de l’occasion, à chaque 24 avril, de faire un festival à part entière de la sape où ils viennent démontrer pièce par pièce leurs vêtements. Papa Wemba est un monument historique pour notre culture. Nous demandons à nos autorités de penser à faire un monument comme c’est le cas avec celui de Luambo Makiadi sur la place victoire, au sujet de ce grand maître d’école pour que cela serve de matériel didactique pour les générations à venir », a-t-il déclaré.
C’est toute la ville de Kinshasa en particulier, et la République démocratique du Congo en général qui se souviennent actuellement de cet artiste musicien qui par son art a transcendé les générations.
Le numéro 1 du Groupe Viva la Musica est né le 14 juin 1949 à Lubefu, un territoire de l’actuelle province du Sankuru au centre de la République démocratique du Congo (RDC). L’artiste est mort à 66 ans d’âge.
Voldi Kengi
Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com