C’est à l’issue de la 16ᵉ réunion ministérielle de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), tenue à Kinshasa ce mardi 15 avril, que le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku, et le Secrétaire général de la ZLECAF, Wamkele Mene, ont présenté à la presse les principales résolutions adoptées. La mesure phare annoncée : l’intégration progressive des concessions tarifaires dans la loi de finances de la RDC dès 2026.

« Nous allons commencer à domestiquer nos concessions tarifaires dans la loi budgétaire, ce qui permettra l’entrée de certains produits africains sans paiement de droits de douane, conformément aux engagements pris dans le cadre de la ZLECAF », a déclaré le ministre Paluku. Il a précisé que cette mesure s’étendra sur une période de dix ans, à raison de 10 % par an, pour atteindre une ouverture complète à l’horizon 2036.

6 439 produits répertoriés, un marché à conquérir

Dans une démarche de transparence et de préparation, la RDC a déjà soumis au Secrétariat général de la ZLECAF une liste de 6 439 produits éligibles aux échanges intra-africains. Seuls 3 % de ces produits – jugés sensibles – ne seront pas libéralisés.

Le ministre a saisi cette tribune pour appeler les opérateurs économiques congolais à s’approprier cette nouvelle dynamique. « L’État crée le cadre, mais c’est au secteur privé de jouer son rôle, d’identifier les opportunités sur le marché africain et de s’y positionner », a-t-il insisté, prenant l’exemple des importations de bananes du Brésil alors que la RDC en produit localement.

Une réponse africaine aux menaces extérieures

Face aux tensions commerciales internationales, notamment les mesures douanières américaines, Julien Paluku a plaidé pour une position africaine commune. « L’union fait la force. Désormais, nous devons parler d’une seule voix sur la scène internationale. Chaque pays ne peut plus répondre seul à des menaces globales. La ZLECAF est notre instrument collectif de résilience. »

Des outils concrets pour un commerce intégré

Le Secrétaire général de la ZLECAF, Wamkele Mene, a salué les progrès réalisés sous la présidence congolaise de l’Union africaine. Deux initiatives majeures sont aujourd’hui pleinement opérationnelles. Il s’agit  entre autres du système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), utilisé par 130 banques commerciales, permettant les transactions en monnaies locales à travers le continent ; et le fonds d’ajustement de la ZLECAF, actuellement doté d’un milliard de dollars, et qui doit atteindre 10 milliards pour accompagner les États membres dans la transition.

Accélérer la mise en œuvre et harmoniser les stratégies

La réunion de Kinshasa, qui s’est tenue après plusieurs rounds techniques (comités douaniers, points focaux nationaux, hauts fonctionnaires), a permis d’approuver les recommandations en suspens et de fixer des priorités stratégiques au nombre desquelles :

* Accélération de la mise en œuvre effective de la ZLECAF ;

* Approche commerciale unifiée du continent face aux partenaires tiers ;

* Adoption de positions communes dans les négociations internationales

Les ministres transmettront désormais leurs conclusions à la Conférence des chefs d’État, afin d’obtenir un appui politique renforcé pour répondre aux défis mondiaux.

Intégration, industrialisation et climat : les nouveaux axes de la ZLECAF

L’industrialisation du continent, la diversification économique et la transition climatique ont été identifiés comme axes prioritaires dans l’agenda de la ZLECAF. « Aucun pays africain ne peut être compétitif seul. Il faut commencer, même avec des défis en matière d’infrastructures », a rappelé Wamkele Mene. Il a également invité les banques africaines à saisir cette opportunité pour investir dans la logistique et les infrastructures indispensables à l’intégration économique régionale.

La 16 e réunion de la ZLECAF aura permis à ses membres de prendre des mesures concrètes; d’asseoir une vision partagée et de lancer un appel fort à l’action pour tous les acteurs économiques du continent.

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