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Les récents affrontements survenus dans le territoire de Yumbi, située à plus de 350 Km de Kinshasa, sur le bord du majestueux fleuve Congo, dans la province de Maï-Ndombe entre les communautés ethniques Banunu-Bobangi et Tende, ne laissent pas indifférents les fils et filles de ce coin de la République Démocratique du Congo. Acteurs de la société civile, personnalités politiques et notables de la Province de Mai-Ndombe, particulièrement les ressortissants du territoire de Yumbi, s’insurgent contre cette situation qui a causé plusieurs morts et des déplacements massifs des habitants de cette partie de la République vers le Congo-Brazzaville. En sa qualité de notable de Banunu-Bobangi, Fiyou Ndondoboni tape du poing sur la table et condamne avec la dernière énergie les tueries des paisibles fils et filles de Yumbi, pourtant habitués à cohabiter dans la quiétude. Dans un entretien accordé à Géopolis Hebdo, mercredi 13 février 2019, le notable Fiyou Ndondoboni qui soupçonne une main noire des politiciens derrière ces conflits ethniques et ces affrontements mortels, invite le nouveau Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à diligenter une mission indépendante d’enquête afin que la vérité soit rétablie, et que les commanditaires ou/et les auteurs de ces tueries répondent de leurs actes devant les cours et tribunaux.

Pour Fiyou Ndondoboni, les populations de Yumbi vivent déjà ensemble depuis plusieurs années et que la communauté Banunu-Bobangi dont il est notable, est un groupement reconnu par l’Etat et au niveau de Yumbi, ce sont ces Banunu-Bobangi qui sont majoritaires, parce qu’ils vivent le long du fleuve Congo. Il estime par ailleurs que cette situation qui ne relevait que d’un simple conflit ethnique né de l’enterrement du Chef coutumier Fédor Mantoma Bompinda du groupement Banunu-Bobangi, dans le domaine coutumier de Monkonga, ne pouvait pas amener à des tueries en masses des fils et filles de ce coin. Fiyou Ndondoboni voit ainsi derrière ces affrontements mortels, l’existence d’une manipulation politicienne à l’approche des élections (Ndlr : présidentielle, législatives nationales et provinciales), comme cela a toujours été le cas même lors des élections de 2006 et 2011.

Le notable Fiyou Ndondoboni joint ainsi sa voix à celle des membres de la société civile locale qui ont saisi le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi, à travers un mémorandum depuis le 25 janvier dernier, pour fustiger ces affrontements et demander l’implication personnelle du premier d’entre tous les congolais. Ces membres de la communauté Banunu-Bobangi, comme un seul homme estiment que : « les enquêtes indépendantes devront nécessairement établir les responsables pénales de manière à ce que les auteurs répondent de leurs actes devant la justice, à l’instar des instigateurs de part et d’autres ».

Pour ces dignes fils et filles ressortissants du groupement Banunu-Bobangi, « tout laisse entrevoir qu’il y avait planification préalable et surtout une coordination dans toutes les activités cruelles desdits Batende visant tout simplement le génocide des Banunu-Bobangi, d’autant plus que l’on ne déplore pas le même nombre de décès dans le camp des Batende qui, apparemment, auraient déjà été prévenus de la survenance de ce massacre par ses divers commanditaires ».

Le notable Ndondoboni qui déplore les 800 morts engendrés par ces affrontements dont il soupçonne une main noire, souhaite la mise sur pied d’une mission d’enquête indépendante. Il propose également que le gouverneur de la Province de Maï-Ndombe soit d’abord suspendu de ces fonctions, car sa présence risquerait de préjudicier le bon déroulement des enquetes sur le terrain.
« Nous avons demandé que l’autorité provinciale soit suspendue pour que les enquêtes se fassent d’une manière indépendante, parce que tant qu’il sera présent, il y aura possibilité de s’impliquer ou d’entraver ces enquêtes », a déclaré Fiyou Ndondoboni. Face à cette situation, le Ministre des congolais de l’Etranger disait avoir identifié plus de 17.000 personnes déplacées qui ont pu traverser vers le Congo d’en face, fuyant ainsi de tomber victime des actes de tueries. Voilà ce qui inquiète de plus en plus Fiyou Ndondoboni qui ne cesse d’exiger dans un premier temps la suspension de l’autorité provinciale en place. « Si le ministre de l’Intérieur prend cette décision, vous verrez que les 17.000 personnes vont vite retourner dans leurs milieux de vie », précise le notable Ndondoboni pour qui les deux communautés ont toujours vécu ensemble. « Il y a toujours en Afrique ces conflits ethniques mais ce n’est pas une raison qui puisse amener cette tuerie barbare à ce niveau-là, au 21ème siècle ce n’est pas normal qu’on puisse avoir ce genre de tuerie, c’est vraiment barbare et méchant », a-t-il martelé.

Fiyou Ndondoboni félicite par ailleurs le nouveau Président de la République qui, à travers sa rencontre avec le ministre des congolais de l’Etranger Emmanuel Ilunga, a dit toute sa détermination à trouver des solutions satisfaisantes sur ce dossier notamment la facilitation du retour au pays de 17.000 personnes congolais en fuite vers le Congo d’en face. Le notable Ndondoboni indique également que certaines actions de sensibilisation de deux communautés en conflits sont envisagées afin de les amener à une cohabitation pacifique. Il condamne l’implication des acteurs politiques qui ont réussi à aggraver cette situation pourtant maitrisable au départ.

Fiyou Ndondoboni demande aussi une action directe du Gouvernement de la République notamment pour apprêter les abris de toutes les 17.000 personnes déplacées dont les cases et maisons d’habitation initiales ont été totalement détruites lors des affrontements. Il appelle donc à un soutien humanitaire allant dans le sens de permettre à ces plusieurs milliers de fils et filles de Yumbi de retrouver leurs milieux de vie, surtout à l’approche des élections législatives nationales et provinciales annoncées par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) dans cette partie du pays.

Théodore Ngandu

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