Daniel Mukoko : une vision stratégique pour éviter une imminente crise de maïs
Pour éviter la surchauffe pendant la période de soudure dans le Grand Katanga et le Grand Kasaï, le Vice-premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a proposé un ensemble de mesures d’urgence, dont l’importation de maïs en provenance du Zimbabwe. Cette décision a été mal comprise par certains, qui affirment que le ministre compromet la vision du président de la République, Félix Tshisekedi, de favoriser la production locale plutôt que l’importation.
Les actions du ministre s’inscrivent dans une stratégie visant à garantir la disponibilité du maïs pendant la période de soudure, prévue dans 2 à 3 mois.
Lors de la réunion du Conseil des ministres du 27 juillet 2024, Mukoko Samba a présenté plusieurs mesures pour pallier la pénurie imminente de maïs. Ces mesures comprennent l’encadrement d’entrepreneurs nationaux pour importer plus d’un million de tonnes de maïs, la négociation d’accords avec le Zimbabwe pour des stocks d’urgence, ainsi que la suspension des droits de douane et la mise en place de programmes logistiques en collaboration avec les ministères concernés. L’objectif est de répondre à un déficit alimentaire croissant et de stabiliser les prix sur le marché.
La critique de la stratégie de Mukoko repose sur l’idée que ces mesures pourraient refléter une dépendance excessive à l’importation, au lieu de se concentrer sur le renforcement de la production locale. Des voix isolées soulignent que le pays possède un potentiel de production significatif, avec des agriculteurs locaux et de grands producteurs nationaux, comme Terra et Gocongo, capables de jouer un rôle clé dans la production de maïs. Ils pourraient bénéficier d’un meilleur encadrement et de subventions appropriées.
Cependant, avancer de telles hypothèses ignore l’objectif immédiat des initiatives du VPM Daniel Mukoko : prévenir une crise alimentaire aiguë. Avec une consommation annuelle de maïs estimée à 12,5 millions de tonnes et une production nationale de seulement 2,5 millions de tonnes, le déficit de 10 millions de tonnes pendant la période de soudure est préoccupant.
La stratégie de recours à l’importation vise à éviter des hausses de prix excessives, comme celles observées l’année précédente dans le Grand Katanga, où le sac de 25 kg de maïs s’est vendu à 100.000 FC (environ 40 dollars), alors que le prix d’importation était beaucoup plus bas.
Pour la seule province du Haut Katanga, les besoins sont de 500.000 tonnes pour la période de soudure, tandis que les plus grands producteurs nationaux dans la région atteignent difficilement 10 à 15.000 tonnes.
Le ministre Mukoko a réaffirmé son engagement à atténuer la crise à court terme tout en poursuivant des solutions durables pour renforcer la production locale à long terme. Les propositions incluent la consolidation des capacités des producteurs locaux, la création de silos et d’entrepôts, ainsi que le soutien à des initiatives de production et de logistique.
Pour des observateurs avisés, ces mesures d’urgence sont nécessaires pour faire face à la crise alimentaire imminente, tout en poursuivant des objectifs de développement durable pour l’agriculture nationale. Il est essentiel que les gouvernants adoptent une approche équilibrée, combinant actions immédiates et investissements dans la production locale pour garantir une sécurité alimentaire à long terme.
Don Momat est à la fois formateur, blogueur et journaliste. Il aime surfer sur les faits quotidiens pour écrire des textes permettant au lecteur de plonger dans l’actualité. Son style, à la fois simple et teinté d’humour, vise à aider ses lecteurs à mieux comprendre les faits politico-économiques, voire sanitaires, qu’il aborde avec simplicité et modestie. Pour lui, le voyage constitue une véritable source d’inspiration.