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Après quelques jours d’un n-ième voyage en Occident, je me suis rendu compte du changement intervenu dans l’organisation et le fonctionnement de cette société au regard du développement exponentiel des nouvelles technologies qui se sont imposées comme paraclet de l’accès intelligent aux différents services. En quelques années, le numérique et la connectivité sont devenus les ports d’entrée au confort européen. Grâce aux génies des différents ingénieurs, des développeurs de toutes catégories, le numérique est la clé pour une économie de prospérité. Même dans le mode de paiement, le principe est la dématérialisation, l’exception est le cash. On en arrive à se demander, comment ces sociétés ont fonctionné avant cette avancée significative ?

Ce constat m’a vite fait penser à notre continent, l’Afrique, qui ploie encore sous l’économie des matières premières et le dictat des lois du marché. L’intelligence ailleurs s’ingénie à étudier comment remplacer dans le processus industriel les éléments qui proviennent des zones peu sûres comme l’Afrique. Le diamant est le premier à subir le remplacement par des processus de synthèse du carbone. On parle déjà de trouver le substituant du lithium dans la fabrication des batteries.

Sans se rendre compte, les économies liées au secteur primaire d’extraction sont en train de subir un contournement presque du genre militaire. Cette intuition d’être proche d’une catastrophe existe dans le chef des plusieurs dirigeants Africains qui parlent de la diversification de leurs économies. Mais là où les choses se corsent, ce qu’elles obéissent à des politiques-slogans, en parlant uniquement de l’agriculture, soubassement de toute économie. Certes, celle-ci est en pôle position mais ne peut se développer sans une culture de modernisation qui ne peut venir que de la numérisation de la gestion agricole. Le moment est venu pour un pays comme le Congo de se donner les moyens de rompre d’avec les pensées d’emprunt issues des vestiges de la colonisation.

La 14e édition du Forum africain sur le Peering et l’interconnexion (AfPIF) a été une occasion pour la RDC de promouvoir le secteur du numérique et de Télécoms. Au cours de ces instants d’échange, il a été possible de construire une réflexion sur la gestion des données, et de quelle façon optimale construire des infrastructures qui capitalisent cette lancée de la RDC vers le numérique.

Il faut reconnaître que les efforts que fait l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC), créée aux termes des dispositions de la loi n° 014/2002 du 16 Octobre 2002, pour promouvoir le secteur du numérique sont certes louables mais ne suffisent pas encore pour produire le basculement vers cette économie de progrès que le régulateur a vu mais qui tarde à venir à cause de la lenteur des reformes dans le secteur. Il faut des utilisateurs d’internet en abondance pour que se crée l’économie dont on parle. Ces internautes, véritables acteurs économiques, doivent être nombreux pour que le système se suffise à lui-même et produise les résultats escomptés. Les chiffres sont faibles quant au taux de pénétration dans le pays de la connexion internet. Mais, il convient de ne pas se décourager et de prendre le problème dans sa dimension systémique.

L’utilisation du numérique dans les services publics va permettre d’optimiser les processus, d’améliorer l’efficacité, de réduire les coûts et d’offrir des services de meilleure qualité aux citoyens. Ainsi, le développement des infrastructures de télécommunication, telles que les réseaux mobiles et internet haut débit, sera essentiel pour favoriser l’adoption des technologies numériques dans les économies émergentes. L’extension de la connectivité numérique permettra aux populations d’accéder aux services en ligne, de communiquer plus facilement et de participer à l’économie numérique.

Grâce au numérique, la RDC bénéficiera de la transformation des secteurs traditionnels notamment, l’agriculture, l’industrie manufacturière, le commerce de détail et les services, en intégrant des technologies telles que l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA) et la blockchain. Cette transformation numérique améliore l’efficacité des processus, réduit les coûts, augmente la productivité et ouvre de nouvelles opportunités d’innovation et de croissance.

Comme ailleurs, le numérique favorisera le développement de l’entrepreneuriat social dans les économies émergentes, en offrant des solutions innovantes aux défis sociaux et environnementaux. Les start-ups sociales utiliseront les technologies numériques pour proposer des produits et services à impact social positif, contribuant ainsi au développement durable et à l’amélioration des conditions de vie des populations les plus vulnérables.

Les économies émergentes comme celle de la RDC devraient, grâce au numérique, investir dans le développement de l’écosystème de l’innovation, en soutenant les incubateurs, les accélérateurs, les centres de recherche et les clusters technologiques. Ces initiatives favorisent la collaboration entre les acteurs du secteur public, privé et académique, stimulant ainsi l’innovation, la création d’emplois et la croissance économique.

En somme, le numérique joue un rôle essentiel dans la transformation et le développement des économies émergentes, en offrant des opportunités uniques pour améliorer la qualité de vie des populations, stimuler l’innovation, renforcer l’entrepreneuriat et favoriser la croissance économique durable.

L’essor du numérique en RDC nécessite le développement de compétences numériques chez les travailleurs et les citoyens. Les gouvernements, les entreprises et les organisations de la société civile doivent mettre en place des programmes de formation et de sensibilisation pour renforcer les compétences numériques, favorisant ainsi l’inclusion sociale et professionnelle.

Le numérique peut contribuer à réduire les inégalités sociales et économiques dans les économies émergentes en offrant des opportunités d’accès à l’information, à l’éducation, aux services financiers et aux marchés pour les populations marginalisées. Cependant, il est crucial de veiller à ce que l’accès au numérique soit inclusif et équitable pour tous, en prenant en compte les besoins des populations les plus vulnérables.

En conclusion, l’apport du numérique dans les économies émergentes est multiple et impacte de manière significative la croissance économique, l’innovation, l’accès aux services et l’amélioration des conditions de vie des populations. Il est donc essentiel de continuer à investir dans le développement du numérique et à promouvoir son utilisation responsable et inclusive pour maximiser ses bénéfices pour l’ensemble de la société.

Le numérique peut également jouer un rôle crucial dans la résilience de l’économie Congolaise face aux défis mondiaux tels que le changement climatique, les crises sanitaires, les migrations massives, et les crises humanitaires. Les technologies numériques permettent de renforcer la coordination, la communication et la réponse aux situations d’urgence, facilitant ainsi la gestion des crises et la protection des populations vulnérables.

En intégrant des principes de durabilité et de responsabilité sociale dans leur utilisation du numérique, les acteurs de l’économie Congolaise peuvent contribuer à la transition vers une économie plus verte, inclusive et éthique. Les technologies numériques offrent par ailleurs des opportunités pour améliorer l’efficacité énergétique, réduire les émissions de gaz à effet de serre, promouvoir la responsabilité sociale des entreprises et favoriser le développement durable à long terme.

Le numérique présente un potentiel considérable pour renforcer la résilience, promouvoir la durabilité et favoriser le développement inclusif et équitable dans les économies émergentes. En investissant dans le développement du numérique de manière responsable et en veillant à ce que ses bénéfices profitent à l’ensemble de la société, la RDC peut saisir les opportunités offertes par la révolution numérique pour bâtir un avenir meilleur pour tous.

William Albert M. KALENGAY

Journaliste économique et
Président du Réseau des journalistes économiques et financiers (REJEF)

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