Dans un flot de contestation de la classe politique autour des sujets du processus électoral, Samy Badibanga Ntita, candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018 préfère une opposition qui se distingue par sa capacité de proposition. L’ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC) qui redoute un chaos postélectoral pour des élections dont le mode de vote divise déjà à l’avance, fait des propositions techniques, histoire de « sécuriser l’architecture informatique de la Commission Electorale nationale Indépendante (CENI) » et ainsi dissiper la méfiance qui entoure le processus. Devant les pros et les anti-machines à voter, Samy Badibanga propose une nouvelle technologie qui, selon lui, pourra amener le consensus autour du processus : la blockchain. Le candidat ainsi que les experts qui l’ont accompagné, ont exposé cette thèse devant entre autres le président de la CENI, Corneille Nangaa Yobeluo.
A un jour du lancement de la campagne électorale, l’ONG Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) a organisé une réunion spéciale à laquelle des personnalités de marque ont été conviées. Parmi les orateurs, il y a eu notamment Corneille Nangaa, président de la Centrale Electorale, Samy Badibanga, président du parti politique ‘’Les Progressistes’’. Thème à l’ordre du jour, « l’organisation des élections apaisées ». Attendu pour exposer sur cette thématique, Joseph Olenghankoy, président du Conseil National du Suivi de l’Accord de la Saint-Sylvestre (CNSA, institution qui a en charge le suivi du déroulement du processus électoral), n’a pas été de cet échange qui a eu lieu hier mardi au centre CEPAS à Kinshasa.
Préoccupée par le besoin de l’organisation des élections apaisées, l’ONG a donné la parole en premier à Corneille Nangaa. Le président de la Centrale Electorale a fait un exposé sur l’état des lieux du processus électoral. Sur cette question précise, le patron de la CENI a affirmé que son institution est en train de déployer les matériels de vote sur toute l’étendue du territoire national. Pour Nangaa Yobeluo, il ne fait l’ombre d’un doute, les trois scrutins seront organisés le 23 décembre prochain.
Quant à Samy Badibanga, le chef du parti ‘’Les Progressistes’’ qui s’est illustré récemment par sa proposition d’une technologie à appliquer face à la levée des boucliers que suscite la machine à voter dans une partie de l’opinion et de la classe politique, a fait un exposé sur ladite technologie, qu’on appelle « la blockhain ». Cette technologie, à en croire le Premier ministre honoraire de la RDC, « a déjà fait ses preuves » sous d’autres cieux. Elle pourra donc, si elle est adoptée par la CENI, en plus de la machine à voter, renforcer la transparence du processus électoral et ainsi, alléger la méfiance qui entoure l’organisation du scrutin.
A côté du numéro 1 de la Commission Electorale et du candidat-Président Samy Badibanga Ntita, l’ACAJ a aussi invité à la tribune, Gérard Bisambu. Représentant la société civile, ce dernier a fait part des préoccupations qui taraudent une grande partie de l’opinion publique en ce qui concerne l’organisation des élections. Ces préoccupations vont de la situation sécuritaire, la dimension « psycho-éthique » dans le processus électoral, à la situation de l’épidémie d’Ebola. Autant des « défis » du processus électoral, a reconnu le chef de la CENI.
Mais au-delà de tout, Nangaa qui veut mordicus « tenir à l’impératif » du calendrier et au respect de la date, s’entend rappeler par l’ancien Premier ministre qu’il faut aussi « tenir à l’impératif de la paix ». Le numéro 1 de la CENI qui a apprécié la propension de Badibanga à faire des « propositions constructives », a accepté de recevoir les propositions de l’ancien locataire de la Primature. Le président de la CENI a beau expliquer que la machine à voter ne servira qu’à imprimer les bulletins et que le vote, lui, et le comptage se feront à la main. Il se heurte toujours à la méfiance de l’opinion. Devant ce mur de méfiance, Corneille Nangaa rétorque que les propositions de Samy Badibanga sont les bienvenus, et que les experts de l’ancien chef du gouvernement entreront en contact avec ceux de la CENI pour examiner les dites propositions. Mais, ajoute tout de même Nangaa, tout se fera dans le respect des Lois, parce que, entre la bonne foi des uns et des autres, la Commission a l’obligation aussi de protéger ses données, lesquelles ne peuvent pas être « mises à la disposition de tout le monde ».
La classe politique qui n’a pas encore fini à parlementer sur la machine à voter, voit éclore une autre proposition, peut-être salutaire : la blockchain. Cette dernière serait susceptible de dissiper la méfiance et l’incertitude qui entoure la première.
La blockchain serait donc la réponse au besoin de consensus des résultats des votes. Sans bouger d’un iota les installations prévues par la CENI, ni toucher à la date du 23 décembre, il serait donc possible d’avoir cette technologie, laquelle est une installation qui consiste à protéger les données du serveur de la CENI après les votes en pourvoyant la Centrale Electorale des autres serveurs lesquels, reprennent les mêmes données. L’idée est de garantir une sécurité totale des résultats des votes, même en cas d’attaque du serveur central de la Commission Electorale. La blockchain se propose donc comme « un circuit parallèle » pour « sécuriser l’architecture informatique de la CENI ». Parce que, souligne le candidat des Progressistes, chacun devra faire confiance à la Commission Electorale. Mais, ajoute le premier des Progressistes, « la confiance n’exclut pas le contrôle ».
Autre proposition de Badibanga, la question des électeurs sans empreintes. L’ancien Premier ministre a proposé, toujours avec la blockchain, d’installer dans chaque bureau de vote, une « petite machine » qui peut authentifier tous les électeurs. Selon le patron des Progressistes, cela va facilement élaguer les soupçons concernant les électeurs dits fictifs.
« Cette machine va permettre d’avoir le nombre précis des votants dans chaque bureau », a souligné ce candidat à la présidence tout en tirant la sonnette d’alarme qu’entre le blocage qui se profile à l’horizon, entre ceux qui acceptent la machine à voter et ceux qui la rejettent, il faut à tous une attitude responsable pour éviter un chaos postélectoral.
Patrick Ilunga

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com