Dans la province du Tanganyika, en République démocratique du Congo, l’école se transforme peu à peu en bastion d’espoir pour des milliers d’enfants, grâce à une initiative simple mais vitale : les cantines scolaires communautaires.

Dans cette région marquée par la pauvreté, les conflits et une insécurité alimentaire sévère touchant 45 % de la population (données IPC, juillet 2022 – juin 2023), apprendre le ventre vide reste une réalité quotidienne. 70 à 79 % des ménages ont un score de consommation alimentaire pauvre ou limite. Cette insécurité alimentaire, couplée à la malnutrition et à la pauvreté, impacte directement l’apprentissage des élèves : faible assiduité, manque de concentration en classe, abandon scolaire, difficulté à parcourir de longues distances pour se rendre à l’école, démotivation, et manque d’intérêt des familles à scolariser leurs enfants,   les filles en particulier.

Pour répondre à cette situation, le Programme alimentaire mondial (PAM) et ses partenaires ont misé sur une approche durable, enracinée dans les réalités locales : offrir aux élèves des repas chauds, préparés avec des produits cultivés sur place: manioc, patate douce, haricots, légumes.

Ce modèle repose sur un engagement fort des communautés locales. Parents, enseignants, élèves et partenaires unissent leurs efforts dans les champs communautaires et jardins scolaires. Ce ne sont pas de simples solutions d’appoint face à des ruptures de stock, mais bien une stratégie pensée pour soutenir l’agriculture de proximité tout en améliorant la qualité nutritionnelle des repas scolaires.

« Le PAM, à travers son partenaire APETAMACO, nous a enseigné que même si les céréales venaient à manquer, nous devions être en mesure de nous nourrir des produits venant de nos champs », témoigne Thérèse Romana Joséphine, élève à l’école primaire Mulolwa, dans le territoire de Kalemie.

Les résultats parlent d’eux-mêmes : plus de 6,3 tonnes de manioc et de patates douces récoltées entre 2023 et 2025, et 23 700 élèves nourris dans le cadre du programme. Ce succès repose sur l’implication directe des parents d’élèves, qui participent activement aux travaux agricoles.

Durant l’année scolaire en cours 2024-2025, l’initiative a franchi une nouvelle étape : 46 écoles de la province ont remplacé les céréales importées par des tubercules produits localement. Une transition alimentaire qui illustre un véritable tournant.

« La cantine scolaire est un projet communautaire, et c’est à nous de l’adapter. Après le PAM, ce projet doit être pérennisé. La production des champs communautaires est la solution qu’il faut adopter », affirme Kabila Kongolo Symphorien, directeur de l’école primaire Nyota à Tundwa.

Ce modèle du Tanganyika envoie un message clair : en renforçant les capacités locales, en valorisant les ressources disponibles et en misant sur la solidarité, il est possible de bâtir une résilience alimentaire durable, même dans des contextes de crise. Cette expérience pourrait devenir une source d’inspiration pour d’autres régions confrontées aux mêmes défis.

Au-delà des frontières du Tanganyika, elle rappelle une vérité essentielle : les solutions naissent souvent là où l’on pense qu’il n’y en a plus.

Grâce à l’appui de partenaires financiers tels que la Coopération française, la Coopération belge, le Japon et Education Cannot Wait (ECW), le PAM continue de renforcer l’autonomie des communautés congolaises par des approches innovantes et contextualisées.

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