« Comment Kinshasa a retourné la table géopolitique avec une diplomatie aguerrie, tandis que le Rwanda de Paul Kagame sombre dans l’isolement et le déni ».
La scène, capturée le 25 avril 2025 à Washington, restera dans les annales de la diplomatie africaine : Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, tourne ostensiblement le dos au ministre rwandais Olivier Nduhungirehe pour réserver sourires et poignées de main chaleureuses à Thérèse Kayikwamba Wagner, la ministre congolaise des Affaires étrangères.
Ce geste, loin d’être anodin, symbolise le basculement historique des États-Unis vers la RDC, actant la déliquescence du Rwanda de Paul Kagame, désormais perçu comme un paria belliqueux et un acteur déloyal dans la région des Grands Lacs. Kinshasa sort victorieuse de la séquence car sa diplomatie porte ses fruits. D’abord en appliquant l’art de la persuasion avec une communication objective et factuelle.
Thérèse Kayikwamba Wagner incarne la nouvelle génération de diplomates congolais : rigoureuse, infatigable, et dotée d’une crédibilité internationale. Depuis des mois, elle multiplie les rencontres à New York, Bruxelles et Washington, exposant avec des preuves tangibles l’implication rwandaise dans le soutien au RDF/M23 et le pillage des ressources congolaises dans une parfaite synchronisation avec Patrick Muyaya Katembwe, Ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement.
Ses efforts combinés ont payé : les États-Unis, l’Union européenne et même des partenaires traditionnels du Rwanda comme le Qatar reconnaissent désormais la légitimité des revendications congolaises. C’est alors que Kinshasa a sorti un coup de maître avec l’alliance proposée par le Président Félix Tshisekedi à la nouvelle administration américaine dirigée par Donald Trump.
La déclaration de principes RDC-Rwanda, signée sous l’égide de Marco Rubio, marque un tournant. Kinshasa a su capitaliser sur les sanctions américaines contre des figures clés du régime Kagame (comme James Kabarebe, architecte des guerres en RDC), la stratégie des minerais qui a vu Félix Tshisekedi offrir un accès privilégié au cobalt et au coltan aux États-Unis en échange d’un soutien militaire et diplomatique, marginalisant Kigali dans son propre jeu économique.
C’est ce qui a mis en déroute le régime Rwandais et causé l’isolement diplomatique de ce pouvoir acculé. Le mépris de Marco Rubio est le symptôme d’un lâchage occidental. Le « snub » de Marco Rubio envers Olivier Nduhungirehe n’est pas un incident protocolaire, mais un acte politique calculé. Les États-Unis, ex-alliés indéfectibles du Rwanda, envoient un message sans équivoque : Kigali doit cesser son double jeu en RDC.
Les récentes sanctions européennes et les rapports accablants de l’ONU sur l’exploitation illégale des ressources congolaises par le Rwanda ont achevé de discréditer Paul Kagame sur la scène internationale. Le Front Patriotique Rwandais est désormais un régime en mode survie. Les déclarations récentes de Paul Kagame trahissent sa panique. Son cynisme et ses menaces lors de la commémoration du génocide des Rwandais en avril 2025 en sont une illustration.
Il a qualifié ses détracteurs de « marionnettes » et menacé de « renvoyer au diable » quiconque oserait sanctionner le Rwanda. La perte de soutiens-clés fragilise Paul Kagame. Même le Qatar, médiateur traditionnel, semble se distancier après l’échec des pourparlers de Doha, où Paul Kagame a refusé de mentionner le RDF/M23 dans le communiqué final. Nous assistons à la chute programmée d’un régime paranoïaque.
Le Rwanda est-il un État-voyou ? Les preuves s’accumulent. Son soutien au terrorisme est avéré. Les rapports de l’ONU documentent l’envoi de troupes rwandaises en RDC et le financement du RDF/M23. Ses crimes économiques sont trop flagrants. Le trafic de minerais (or, coltan) via des réseaux opaques bénéficiant à l’élite de Kigali est désormais une évidence.
L’ironie de l’histoire, Paul Kagame, qui se présentait comme le « stabilisateur » de la région, est aujourd’hui perçu comme le principal fauteur de troubles. Son isolement rappelle celui de l’ancien Président Mobutu dans les années 90 : un régime autoritaire miné par ses contradictions, abandonné par ses parrains occidentaux. La RDC serait-elle devenue le nouveau phare de la stabilité régionale ?
Tandis que le Rwanda s’enfonce dans le déni et l’autodestruction, la RDC, sous la direction de Félix Tshisekedi, émerge comme un acteur crédible et légitime. La reconnaissance américaine, symbolisée par le sourire de Marco Rubio à Thérèse Kayikwamba Wagner, ouvre une nouvelle ère : celle d’un Congo maître de son destin, capable de mobiliser la communauté internationale contre les prédations de ses voisins.
Le Rwanda de Paul Kagame a cru pouvoir jouer indéfiniment sur deux tableaux : victime d’un génocide d’un côté, agresseur de la RDC de l’autre. Aujourd’hui, le rideau tombe. Les États-Unis, l’Europe et l’Afrique ont choisi leur camp : celui de Kinshasa. Qui a démontré une force de caractère, une constance dans ses dénonciations et une habileté dans sa communication. Et pour Kigali, l’addition est salée.

Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR