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Il s’en est allé et avec lui un pan entier de l’histoire de la République Démocratique du Congo (RDC). Yerodia Abdoulaye Ndombasi fut un personnage complexe qui était aux confluences des plusieurs mondes. En lui ont germé les puissances intuitions de révolutionnaires de Gauche, à la dimension de She Guevara, en lui on pouvait aussi voir un maquisard, ceux par la force du renoncement ont atteint un niveau d’ascèse personnelle et de discipline. Il était le véritable Ne Kongo capable de conter les grandes cosmogonies de ce peuple messianique sans pour autant oublier la force de son ancrage d’intellectuel de Gauche. Il était le politique et le professeur spécialiste de la psychanalyse de Jacques Lacan dont l’œuvre a influé sur ses approches. Il était le compagnon de Mzee Laurent-Désiré Kabila et le gardien d’une famille mythique. L’homme au gilet et au cigare cubain s’en est allé rejoindre les esprits avisés qui ont guidé son prestigieux parcours.

Né le 15 janvier 1933, Yerodia Ndombasi a été un haut fonctionnaire du gouvernement Congolais (RDC). De 1997 à 1999, il a exercé les fonctions de Directeur de cabinet de l’ancien Président de la République Laurent-Désiré Kabila. De mars 1999 à fin 2000, Yerodia Ndombasi a assumé les charges de Ministre des Affaires Etrangères. En 2003, il est devenu l’un des quatre Vice-présidents de la République, sous la direction du Président Joseph Kabila, dans le gouvernement de transition de 1+4. Depuis 2007, Yerodia Abdoulaye Ndombasi siégeait à la chambre haute du Parlement (Sénat).

Yerodia Ndombasi avait été accusé d’avoir tenu une série de discours incitant à la haine raciale en août 1998. Il avait, en particulier, fait des déclarations publiques appelant à traiter violemment la communauté ethnique Tutsi vivant au Congo.

Ces déclarations auraient provoqué les arrestations et les exécutions de plusieurs Tutsis à Kinshasa. Le 11 avril 2000, un juge d’instruction d’un tribunal Belge de première instance émettait un mandat d’arrêt international contre Yerodia Ndombasi, l’accusant de plusieurs violations du droit international humanitaire. En réaction à ce mandat d’arrêt, la RDC déposait une requête auprès de la Cour Internationale de Justice (CIJ) le 17 octobre 2000 contestant la légitimité du mandat. Ce procès est communément désigné sous le nom de l’Affaire du Mandat d’Arrêt. La RDC soutenait que la Belgique n’était pas en mesure d’établir sa compétence universelle à l’encontre de Yerodia Ndombasi, et de plus, sa qualité de Ministre des Affaires étrangères, lui donnait le droit de bénéficier de l’immunité diplomatique s’opposant au mandat d’arrêt Belge.

Lors de la procédure subséquente, l’immunité était le seul argument invoqué par la RDC et la CIJ ne statuait pas sur celui de la compétence universelle. Par un vote de 15 contre 1, la CIJ se déclarait compétente pour juger de la requête émise par la RDC. Par un vote de 13 contre 3, la CIJ constatait que la Belgique n’avait pas respecté les principes d’immunité de juridiction pénale et d’inviolabilité de la personne dont Yerodia Ndombasi bénéficiait, sous le droit international, en tant que Ministre des Affaires étrangères.

Dans sa décision, le président du tribunal de la CIJ, le juge Gilbert Guillame, déclarait : « juridiction n’implique pas absence d’immunité ». Même si la compétence universelle de la Belgique était légitime, Yerodia Ndombasi demeurait sous la protection de son immunité, protection que seule la RDC peut décider de supprimer. Et Yerodia Ndombasi n’a plus été poursuivi. Paix à son âme et nos condoléances à la famille de l’illustre disparu !

Robert Tanzey et José-Junior Owawa

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