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En république Démocratique du Congo, l’industrie minière est face à une dure réalité. Les entreprises minières manquent cruellement l’électricité pour développer la production.

La desserte en énergie électrique en RD Congo est depuis des années un véritable casse-tête. Au Congo, le secteur minier connait un déficit en électricité qui varie entre 500 et 1000 Mégawatt, selon les chiffres de la Chambres des mines, une structure spécialisée de la fédération des entreprises du Congo (FEC).

Depuis quelques années, aussi bien les industriels que les ménages peinent à couvrir leur besoin en électricité. Les entreprises en insécurité énergétique ont commencé à importer du courant électrique ou à utiliser d’autres sources d’énergie pour pouvoir faire tourner la production minière.

Cette semaine, la Gécamines, ses filiales et la société nationale d’électricité (SNEL) ont lancé une session de travail afin de « créer une synergie de forces et d’intelligences, en vue de réfléchir sur des solutions idoines pour répondre à un problème structurel qui mine deux secteurs porteurs de croissance économique en République démocratique du Congo ».
En plus de la production limitée de l’énergie électrique en RDC, une autre problématique constitue encore un handicap pour l’industrie minière : les nombreuses coupures d’électricité.

Selon le Directeur Général de la Gécamines Placide Nkala, les entreprises minières dont la source d’énergie électrique est la SNEL enregistrent environ 20 coupures d’électricité chaque mois. « L’approvisionnement en énergie comme vous le savez, est un enjeu crucial pour le bon fonctionnement de nos opérations minières.

Lors de la précédente réunion du 28 mai 2024 à Lubumbashi (au sud de la RDC), nous avions identifié les coupures fréquentes d’électricité et la limitation des puissances attribuées aux entreprises minières comme des freins majeurs à notre productivité. Ces interruptions non seulement ralentissent notre production, mais elles endommagent aussi certains de nos équipements stratégiques, augmentant ainsi nos coûts et nos marges », a déclaré Placide Nkala.

Pour sa part, le directeur général de la SNEL Fabrice Lusinde, a fait savoir que le déficit en approvisionnement énergique est structurel. « Nous avons un déficit structurel. Donc la production est inférieure à la demande. Alors, particulièrement aujourd’hui les opérateurs miniers, surtout ceux qui sont des filiales de la Gécamines ont besoin d’être rassurés sur les perspectives d’avenir. Ils sont tous dans des programmes d’augmentation de capacité de production, et veulent savoir si au niveau de la SNEL, ils vont avoir des réponses concrètes à leur besoin d’approvisionnement en énergie. C’est un intrant indispensable. Sans énergie, on ne fait pas tourner des machines et on ne produit pas ».

Devant le déficit criant d’électricité, la RDC importe désormais l’énergie électrique auprès des pays voisins. Selon le ministre des Ressources hydrauliques et électricité Teddy Lwamba, « la Zambie injecte 250 MW en RDC qui appuie le secteur minier. Et la génération de la richesse de ces 250 MW est de 8 milliards de dollars américains sur le PIB. Il y a aussi le poste de Buhandahanda qui sera lancé au niveau de Goma et va permettre, avec la ligne Nelsap, en contact avec le Kenya et l’Éthiopie, de recevoir très bientôt environ 50 à 100 MW de l’Éthiopie. De Brazzaville, nous récupérons 25 MW par moments.

Les Tanzaniens, avec leur nouvelle centrale, envisagent de fournir 100 MW à la RDC. Même la Centrafrique nous donne environ 2 MW avec Boali-Zongo », a révélé le Ministre Teddy Lwamba, ajoutant qu’il y a aussi un projet d’importer le courant électrique en Angola. La dépendance de la RDC à l’énergie électrique importée est une nouveauté car le Congo exportait de l’électricité grâce à la centrale Inga dont le potentiel est de l’ordre de 40 000 Mégawatt. Cette centrale, dont l’union Africaine et la Banque africaine de développement ont toujours affirmé qu’elle figure parmi leurs priorités, requière plus de 10 milliards de dollars pour atteindre son plein potentiel.

Faute de financement, à ce jour, la production d’électricité de la centrale d’Inga est d’une capacité installée de 1775 MW. Selon les statistiques fournies en juillet de cette année par le ministre des ressources hydrauliques et électricité, la RDC n’utilise que 2100 Mégawatt. Moins de 10% de la population ont accès à l’électricité. Pourtant la RDC a un potentiel hydroélectrique qui est estimé à au moins 100 000 Mégawatts. De par son potentiel, le Congo est classé au 1er rang des pays africains et possède 13% du potentiel mondial en énergie hydraulique.

Après avoir caressé longtemps le rêve de revivifier le projet du barrage d’Inga afin de donner l’électricité à de nombreux pays du continent africain, le Congo change de stratégie et se rabat sur des projets de production d’électricité relativement modestes et moins couteux afin de mieux alimenter le secteur minier de plus en plus demandeur d’énergie. Ainsi, de centaines de sites ont été identifiés pour implanter des projets de production d’électricité.

Pour le Congo, la production de l’électricité pour répondre aux entreprises minières est devenue une urgence. Le pays dépend essentiellement du secteur minier, qui est particulièrement dynamique, et qui a progressé de 15,4 % contribuant à environ 70 % de la croissance en 2023. Selon des experts du secteur, l’industrie minière en RDC progresse à un rythme de plus de 13% annuel. Ce qui veut dire que la demande en énergie électrique va augmenter chaque année.

Kibali Gold Mines qui produit de l’or au Congo utilise une ancienne centrale, mais également des générateurs industriels pour ses besoins en électricité. Kibali Gold a investi dans la construction d’un parc photovoltaïque avec l’ambition de produire 10 Mégawatt afin de combler la baisse de production de la centrale hydroélectrique qui fournit à cette entreprise de l’électricité. En RDC, le plus bel exemple de recherche d’autonomie en électricité vient de l’entreprise Sicomines, dans le sud du Congo. Cette compagnie minière a construit depuis 2021 sa propre centrale de quatre turbines produisant chacune 60 Mégawatt.

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