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La tragédie survenue à la prison centrale de Makala à Kinshasa représente bien plus qu’un simple drame statistique. La perte de 129 vies, dont 24 par balles, et le viol de femmes dans un contexte de surpopulation carcérale extrême soulignent l’urgence d’une réforme profonde du système pénitentiaire congolais, soutiennent certains activistes des droits de l’homme.


Conçue pour accueillir 1 500 détenus, la prison de Makala en abrite aujourd’hui près de 15 000. Cette surpopulation n’est pas seulement une statistique choquante ; elle révèle l’ampleur d’un système défaillant où les conditions de détention sont devenues inhumaines. Les images de prisonniers entassés, dormant à même le sol, illustrent l’ampleur de la crise et l’indifférence tragique face à la détresse humaine.

Pour les observateurs avisés, la tentative d’évasion, bien que tragique, est symptomatique d’une réalité plus vaste : un système carcéral incapable de remplir sa mission de réhabilitation, de rééducation et de sécurité. Les conditions inhumaines à Makala, exacerbées par un manque flagrant de ressources et une gestion défaillante, favorisent la désespérance et la violence, comme l’affirment certains experts. Cette situation conduit inévitablement à des drames tels que celui survenu dans la nuit de lundi.

Les critiques de la société civile, comme celles de Jonas Tshiombela, mettent en évidence le fossé béant entre les discours officiels et la réalité sur le terrain. « Les gens qui mangent trois fois par jour veulent être libres pour manger difficilement une fois par jour. Ce n’est pas grave, ça se comprend, le prix de la liberté. La liberté a un prix. Lorsqu’on est en prison, bien qu’on mange trois fois, la liberté reste une denrée qui ne se négocie pas parce que ça vous met dans un état de l’homme libre. », a-t-il déclaré.


Pour ces activistes, des réformes substantielles sont impératives. Cela inclut non seulement l’amélioration des conditions de détention et la réduction de la surpopulation, mais aussi une révision en profondeur des pratiques judiciaires qui conduisent à l’incarcération préventive excessive. « La justice de notre pays doit être réformée. Notre recommandation est la réforme des systèmes pénitentiaires de la République. L’adaptation de ces systèmes aux réalités de ce pays reste une grande préoccupation, et cela devrait être une priorité pour le gouvernement. Nous ne ferons jamais de la réforme de l’appareil judiciaire si nous ne pensons pas au système pénitentiaire de la République. Donc, nous recommandons aux autorités de la République de nous faire toute la lumière, mais aussi d’envisager les états généraux de la justice dans ce pays. » a ainsi souligné Jonas Tshiombela.

L’urgence d’une réponse adéquate est d’autant plus manifeste que la crise carcérale ne touche pas seulement les détenus, mais affecte également la sécurité et la stabilité de la ville de Kinshasa. Pour certains activistes des droits de l’homme, la violence des événements de Makala est le résultat direct d’un système où la déshumanisation des détenus a atteint des niveaux alarmants. La réponse du gouvernement, bien que nécessaire, doit être accompagnée d’une approche systémique visant à la prévention plutôt qu’à la réaction face aux crises.

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