Fidèle parmi les fidèles. Membre, depuis plusieurs années, du bureau politique de la Majorité Présidentielle (MP), Tryphon Kin-kiey Mulumba, dit KKM, est un homme politique à part. Il n’a pas fini de le démontrer. Confortablement installé aux portes de Kinshasa, de cette capitale d’où ses troupes montent régulièrement, à l’instar des crabes, pour interroger ceux qui ont en mains le destin des hommes et des femmes de ce pays, KKM est une voix qui compte parmi les phalanges kabilistes.

L’enfant de Masimanimba n’est pas un béni oui-oui. Il n’est pas non plus un rebelle. Juste un critique au sens grec du terme. Qui sait poser des questions et réclamer des réponses. Objectif : échapper au conformisme ambiant qui fait souvent le lit de l’immobilisme.

Une candidature qui vient de loin

La preuve : là où on l’attendait le moins, l’homme de Kitoy a choisi, à la surprise générale, de se présenter à la présidentielle du 23 décembre 2018.

Evidemment, pas contre le candidat officiel de sa famille politique. KKM, selon ses propres dires, entend plutôt amplifier le message qui a été le sien lors du lancement du mouvement politique « Kabila Désir », dont il est l’initiateur. Il faut continuer, explique-t-il, l’œuvre de Joseph Kabila. Ni doute donc, ni critique sur le choix du candidat officiel de la famille politique. Moins encore sur la capacité d’Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat du Front Commun pour le Congo (FCC), à se fondre dans la ligne politique tracée par Joseph Kabila.

Tryphon Kin-kiey Mulumba vient de loin. Très tôt, il avait entrepris courageusement de réveiller les troupes, d’exiger une remise en question au sein de la Majorité présidentielle (MP) quand le rapport de force avait semblé hésiter ou basculer. Alors que plusieurs, au sein de la MP, rasaient les murs et supputaient sur l’avenir, il avait choisi de sonner le rappel des milliers de « crabes » qui étaient montés de « Masi », l’autre surnom de Masimanimba, pour prendre d’assaut la Foire internationale de Kinshasa (FIKIN) dans un show politique qui avait fait date.

C’était au lendemain de la prise de Goma par la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23, transformé en parti politique) en novembre 2012. Un message réitéré tout au long des Concertations Nationales avant de se cristalliser à travers l’initiative « Kabila Désir ». Alors que, pour conserver leurs privilèges, des ténors de la Majorité lançaient maladroitement une campagne sur le nombre de députés de chaque parti politique, KKM lui, plongeait avant de se relever, un slogan choc à la bouche : Kabila Désir qui devait se traduire par le désir de Kabila. « Ce n’était pas qu’un cri de ralliement et de réarmement », explique-t-il.

Envers et contre tous, y compris au milieu de certaines railleries jaillissant des rangs mêmes de la Majorité, Kin-kiey appelait autour de lui les Kabilistes désireux de rejeter toute idée d’abandon et déterminés à œuvrer pour le troisième mandat du Raïs. Un débat qui a tenu la scène politique en haleine, jusqu’à ce mois d’août quand le Président de la République a tranché en désignant son Dauphin.

Poursuivre l’œuvre de Kabila

Reste que KKM n’est pas homme à renoncer. Pour lui, Kabila doit rester dans les esprits pour inspirer les combats présents et à venir de la Majorité : unification et pacification du pays, grands chantiers pour la modernisation, émergence à l’horizon 2030 et développement d’ici 2050. Des idées que Kin-kiey entend défendre bec et ongle à la faveur de la campagne électorale.

Défendre la politique de Joseph Kabila n’était donc pas une simple figure de style pour KKM. « Je veux continuer l’œuvre de Kabila », a-t-il récemment confié à la presse. En attendant, l’homme est sur la brèche. Entre Paris et Washington, il peaufine sa stratégie et tisse des liens. Sur des convictions très fortes. « Le Congo n’est pas une forteresse munie d’un pont-levis. Le Congo est une part du monde et certainement plus encore car, il est au centre d’enjeux planétaires du fait de ses fabuleuses ressources naturelles.

Au détour d’un long et fructueux entretien à Washington avec le doyen de la politique américaine, l’honorable congressman républicain Dana Rohrabacher, Kin-kiey s’est dit heureux d’avoir pu échanger avec l’homme politique californien sur la démocratie et le développement du continent américain. En attendant l’heure de la campagne.

D’ores et déjà, au lendemain de la publication de la liste définitive des candidats à la présidentielle, il a fixé rendez-vous aux Congolais afin de décliner sa vision qu’il compte articuler autour de deux axes majeurs : (1) Faire à nouveau rêver le Congo et (2) la cohésion et le consensus. Voilà pourquoi, il a d’ores et déjà lancé un concept révolutionnaire qui va faire date : ENACE, qui veut dire « entendre, apprendre, comprendre et entreprendre ».

D’ici-là, la candidature de KKM est en train de prendre de l’étoffe et de séduire au-delà des rangs de la Majorité. Avec, notamment, le ralliement du candidat à la présidentielle jugé irrecevable par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) Jean-Paul Moka. Ce n’est que le début.

AMBANK

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