Il faut reconnaître que le temps pris par la mise en place des institutions issues des élections générales du 20 décembre 2023 a servi aux différents groupes politiques d’affiner leurs ambitions et de trouver les voies de leur matérialisation. C’est dans cette perspective que dans les milieux politiques issus de l’ex Grand Katanga, on entend des réflexions qui tendent à légitimer le fait que cette richissime région minière de la République Démocratique du Congo (RDC) est en droit de revendiquer la direction de l’institution Sénat au regard de son poids politique et du rôle que joue cet espace dans la formulation des stratégies politiques et économiques du pays. Dans cette perspective, le Katanga veut aussi participer en tant qu’espace fonctionnel à la représentation constitutionnelle du pouvoir issu des dernières élections générales. Si l’espace Grand Kasaï a la Présidence de la République, le Kongo-Central la Primature et le Grand Kivu, l’Assemblée nationale, il serait de bon ton que le Grand Katanga prenne le Sénat pour un équilibre sociologique et une mobilisation de tous sur l’échiquier national.
Dans la mise en place des politiques publiques nationales, il est essentiel que l’on tienne compte des équilibres dans cette République mosaïque où l’exclusion est souvent source de graves conflits. Le Grand Katanga s’est toujours positionné comme l’espace contributeur par excellence des grandes ambitions nationales et la manière dont le pouvoir central s’articule au Katanga donne souvent le go des autres politiques publiques.
Il faut reconnaître que des velléités séparatistes furent construites par les Belges qui se disaient que si le mouvement panafricaniste des indépendances touchait le Congo Belge, elle, la Belgique, pouvait ramener ses ambitions d’occupation et d’expansion sur le Katanga jugée par elle comme le Kongo utile. Depuis lors, les leaders Katangais doivent faire l’effort immense de prouver qu’ils ne sont pas héritiers de cette idéologie en même temps qu’ils portent en eux les rêves de grandeur d’un Katanga puissant.
De Moïse Tshombe, en passant par Jason Sendwe, sans citer d’autres comme Laurent-Désiré Kabila, Jean Nguza Karl-i-Bond, Kibassa Maliba, Lunda Bululu, Nyembo Shabani, Kyungu Wa kumwanza, Mwando Nsimba, Kabuya Lumuna Sando, Ilunga Ilunkamba et d’autres plus nombreux ont été sollicités pour démontrer l’appartenance du Grand Katanga au Congo de Patrice-Emery Lumumba.
Mais le Katanga reste la terre des ambitions Congolaises et cette province en est fière et estime qu’on lui doit au moins de l’écouter dans les instances nationales de décisions. Voilà pourquoi, dans cette séquence de la mise en place des institutions, il lui semble légitime de positionner l’un de ses meilleurs fils pour diriger le Sénat, chambre haute du Parlement de la RDC, émanation des provinces.
Parmi les noms qui reviennent en boucle, il y a celui de Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, le Premier Ministre sortant du Gouvernement des » Warriors ». L’homme a eu la confiance du chef de l’État avec qui, il a eu des rapports courtois et une parfaite collaboration pendant le mandat écoulé. Il faut avouer que le bilan du chef de l’État a eu à sa base un ouvrier infatigable en la personne du Premier Ministre qui n’a ménagé aucun effort pour construire le socle d’une politique basée sur la résolution des problèmes de fond qui rongent la vie nationale. Le prédécesseur de Judith Suminwa Tuluka a réussi à augmenter le Budget national à 16 milliards de dollars américains. Pour ce faire, il a fait face sans se perdre à des grands imprévus notamment la pandémie de COVID-19 (Apparue le 16 novembre 2019 à Wuhan, en Chine, puis prononcée comme état d’urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier 2020), les jeux de la Francophonie à Kinshasa (du 28 juillet au 6 août 2023), les élections générales financées sur fonds propres et l’effort de guerre à l’Est du pays sans perdre le contrôle des indicateurs de la politique publique. Cette liste des prouesses n’est pas exhaustive.
Sama Lukonde a la stature qu’il faut pour conduire la chambre haute, celle des hommes d’expérience qui savent apprécier les actes posés par ceux qui ont la manette de la décision. Après avoir été au feu de l’action, Sama Lukonde devrait alors passer du côté de la loi et du contrôle pour insuffler grâce à son expérience le rythme de la gouvernance. Le Katanga verrait l’un de ses fils continuer à défendre ses couleurs, les sénateurs auront un Président pétri d’expériences et prêt à s’impliquer dans leur rayonnement. Le Peuple Congolais et son Président pourront dormir sur leurs lauriers car, confiants qu’ils sont confiants en la grande capacité de travail de Sama Lukonde. En attendant, les milieux Katangais affûtent leurs stratégies car, il faut porter haut les idéaux de la province vers son entrée dans la route qui mène vers la cohésion nationale.
Adam Mwena Meji
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