C’est sur les antennes de la Radio Télévision Nationale Congolaise que le public a pris connaissance de la nomination, le vendredi 25 janvier 2019, par ordonnance présidentielle de Vital Kamerhe comme Directeur de cabinet du nouveau Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Cette nomination intervient dans un contexte où d’aucuns croyaient que le Président National de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) serait le prochain premier ministre.

Avant la lecture de l’ordonnance portant sa nomination, Vital Kamerhe a procédé, dans la matinée, à la remise et reprise avec Néhémie Mwilanya, Directeur de cabinet de l’Ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange.

Dans l’opinion publique, la nomination de « VK » est diversement interprétée. Pour plusieurs néanmoins, l’ancien speaker de l’Assemblée nationale mérite bien le poste, compte tenu de sa longue expérience dans la gestion des institutions de l’Etat. Sage et compétent, Vital Kamerhe sera d’un apport important aux côtés du nouveau Chef de l’Etat, déterminé à améliorer le vécu quotidien de plusieurs millions de congolaises et congolais. Dans les lignes qui suivent, Géopolis hebdo vous propose de relire son éditorial consacré au Directeur de cabinet du Chef de l’Etat.

Il était une fois Vital Kamerhe

Jamais un homme politique n’a suscité autant de pression, ayant subi successivement les courroux de ceux qui ne le comprenaient pas, les mépris de ceux qui l’ignoraient et la vénération de ceux qui avaient la possibilité de voir en lui un vrai animal politique. Comme un joueur d’échecs, Kamerhe a démontré que parfois, il faut savoir perdre pour bien gagner. Victoire personnelle à la victoire collective, Vital Kamerhe a su allier les règles de la négociation politique fine à la communication populaire, et tout cela avec un niveau élevé de résilience face à l’adversité.

Tout sauf Kamerhe, fut le premier réflexe de tous ceux qui ne l’approchaient que par l’angle de la diabolisation. Ne comprenant qu’en partie ses postures et ses décisions. En avance sur son temps, il a toujours été rapide dans la lecture des enjeux et parfois, il a pris les risques de s’écarter de l’opinion répandue sur une question de stratégie. On se souvient qu’en 1999, il fut parmi les rares collaborateurs de Laurent désiré Kabila qu’il avait conseillé de signer l’accord de Lusaka, alors que les tenants de l’idéologie nationaliste souverainiste voyaient en cela une capitulation face à des rebellions. Avec une vision prospective et panoramique, Vital Kamerhe avait compris que c’était la seule façon de sauver l’intégrité du territoire national. Accusé de trahison par certains, il a fallu que la suite des évènements lui donne raison. Jusqu’à la tenue effective du dialogue entre congolais. En 2001, alors que le pays est isolé diplomatiquement sans un étau non seulement de la guerre mais aussi un embargo des puissances internationales. Vital Kamerhe participe activement au groupe de ceux qui conseillent au jeune président de s’ouvrir aux forces politiques intérieures, de laisser la force des Nations unies fonctionner en recevant le représentant spécial Kamel Morjan et en annulant l’embargo qui pesait sur Ketumile Masire, le facilitateur du dialogue entre congolais. Son sens de l’à-propos est un argument principal de son intelligence tactique. Sachant évoluer en période de vache maigre comme en période de vaches grasses.

Ayant une force morale inédite de ne jamais personnaliser les conflits, il est capable de dialoguer, de discuter même avec ses ennemis. S’étant séparé de Joseph Kabila Kabange en 2009 à cause d’une divergence des points de vue et devenu opposant farouche, il s’est rarement départi de sens du dialogue et de sa capacité de faire les causes communes. Ses tentatives d’unir l’opposition autour d’une cohérence de proposition et non autour d’une haine de personne n’ont pas pu rencontrer les succès. Mais c’était sans compter sur sa détermination et sa capacité d’abnégation.
L’histoire retiendra qu’il est parmi les artisans de la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle, pour avoir pris sur lui de renoncer à ses ambitions légitimes et de construire une offre politique la plus large. Dans cette corbeille, il a mis en jeu son expérience de terrain, son intelligence tactique, son sens aigu de la repartie, sa personnalité mais surtout sa capacité de s’oublier et de porter le projet qu’il venait de signer avec Félix Antoine Tshisekedi à Nairobi. Du « tout sauf Kamerhe », l’UDPS vient d’expérimenter le « jamais sans Kamerhe ».

Théodore Ngandu

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