L’affaire du bourgmestre suspendu de Fungurume, Leusaint Kaleng, a pris un nouveau tournant avec l’intervention du vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani. Le 12 décembre, ce dernier a demandé à la gouverneure du Lualaba, Fifi Masuka, de retirer son arrêté portant la suspension du bourgmestre, tout en la convoquant à Kinshasa pour des clarifications. Pourtant, malgré cette réhabilitation formelle, Kaleng n’a toujours pas repris ses fonctions. Que cache ce rebondissement dans une affaire qui semble bien plus complexe qu’une simple question administrative ?
La suspension de Leusaint Kaleng, le 10 décembre 2024, a déclenché une véritable tempête politique. Accusé d’indiscipline, d’insubordination et de détournement de fonds, notamment les redevances minières, le bourgmestre s’est vu retirer ses responsabilités par la gouverneure Fifi Masuka. Cependant, cette décision a rapidement pris une tournure politique. Fungurume, une commune stratégique du Lualaba, abrite des gisements de cuivre et de cobalt parmi les plus riches du pays, et sa gestion des ressources minières est un enjeu majeur. Pour certains observateurs, la suspension du bourgmestre semble davantage une manœuvre politique visant à éliminer un adversaire et à renforcer le contrôle de la gouverneure sur cette commune cruciale.
La décision du vice-Premier ministre Jacquemin Shabani de rétablir Leusaint Kaleng dans ses fonctions a modifié la donne. Le télégramme de Shabani, daté du 12 décembre, exige de la gouverneure qu’elle retire son arrêté et la convoque à un entretien. Cependant, malgré cette décision officielle et l’autorité du VPM, Kaleng n’a pas encore repris ses fonctions à Fungurume.
Les raisons de cette absence sont multiples, et sont liées à des facteurs sur le terrain qui rendent sa réinstallation difficile. La tension entre Kaleng et la gouverneure Masuka demeure palpable. La réconciliation politique semble loin d’être acquise, et certains estiment que la gouverneure continue à s’opposer au retour du bourgmestre. Fifi Masuka persiste notamment à remettre publiquement en question la gestion des redevances minières par Kaleng. Mais plus grave encore, elle semble ignorer ou délibérément outrepasser l’ordre direct de l’autorité centrale, en l’occurrence, celui du vice-Premier ministre Jacquemin Shabani.
Le fait que la gouverneure persiste à ne pas appliquer à la lettre la décision de réhabilitation de Kaleng peut entraîner de graves conséquences. Si cette situation perdure, il est fort à parier que Jacquemin Shabani pourrait réagir fermement, en prenant des mesures disciplinaires à l’encontre de la gouverneure pour désobéissance. La question de l’autorité de l’État et du respect des décisions gouvernementales serait alors mise en jeu. Cela pourrait bien entraîner une crise politique au sein de la province du Lualaba, avec des répercussions plus larges sur la stabilité politique et administrative de la région.

Don Momat est à la fois formateur, blogueur et journaliste. Il aime surfer sur les faits quotidiens pour écrire des textes permettant au lecteur de plonger dans l’actualité. Son style, à la fois simple et teinté d’humour, vise à aider ses lecteurs à mieux comprendre les faits politico-économiques, voire sanitaires, qu’il aborde avec simplicité et modestie. Pour lui, le voyage constitue une véritable source d’inspiration.