La République Démocratique du Congo réputée de compter sept millions des déplacés internes doit en compter moins. Depuis quelques jours, les territoires occupés par le M23 enregistrent le retour de ceux qui avaient fui les affrontements entre les rebelles et l’armée Congolaise. Selon les sources de la société civile au Nord-Kivu, c’est « un retour massif que certains territoires enregistrent ». Muhindo Tafuteni, chairperson de la société civile, « le retour des déplacés a commencé en fin août car les conditions de vie des déplacés sont très difficiles. Certains ont préféré revenir pour suivre de près l’évolution de la solution ». Confrontés au froid, à la précarité, à des maladies, certains déplacés ont choisi le chemin retour. Mais ce retour est aussi facilité par l’absence d’affrontements majeurs. Malgré cette accalmie, les civils ne sont pas totalement à l’abri du danger. Le 12 septembre, trois enfants ont été tués près de Goma (Est du Congo) par l’explosion d’un mortier qui trainait sur le sol depuis des jours. Cette semaine encore, le ministre de la défense Guy Mwadyanvita a déclaré que le pays (Au Nord-Kivu) a enregistré des « incidents qui ont affecté quelques zones ». Le ministre a affirmé qu’il s’agissait « des actions d’agression en violation continue du cessez-le-feu ». Encore une fois, le gouvernement Congolais a accusé le Rwanda derrière des actes de violation de cessez-le-feu.
Pour Huang Xia, envoyé spécial des nations unies dans la région des Grands Lacs, ce sont le M23 et les rebelles d’origine ougandaise d’ADF qui « alimentent la violence ». Toute la région est donc sous la menace du fait de ces violences, selon Huang Xia. Les premières victimes de cette situation volatile sont « les civiles qui continuent à payer quotidiennement le lourd tribut de la guerre : pertes en vies humaines, violences sexuelles, problèmes de santé et malnutrition dans les camps de déplacés », a déclaré Huang Xia devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Selon un rapport de la mission de paix en RDC, les civils sont à la fois victimes du M23 ; du groupe armé CODECO ; des ADF ; mais aussi des forces armées de la RDC. Selon ce rapport de la MONUSCO, entre le mois de juin et septembre 2024, ces différents groupes ont été responsables de nombreuses violations des droits de l’homme et d’attaques meurtrières contre les civils, principalement au Nord-Kivu et en Ituri. Le rapport de la MONUSCO affirme que les ADF auraient causé le plus grand nombre d’exactions, avec 467 personnes tuées ; le M23 est désigné comme responsable de la mort de 71 personnes ; les CODECO auraient tué 61 personnes ; d’autres groupes Maï-Maï, actifs au Nord-Kivu et en Ituri auraient tué 36 personnes. Le rapport accuse aussi l’armée et la police Congolaise de violation des droits de l’homme et d’exécutions sommaires de 346 personnes au cours de la même période. « Beaucoup reste à faire pour mettre fin aux souffrances de la population congolaise et parvenir à une paix durable dans la région des Grands Lacs », a averti Huang Xia.
L’Est de la RDC est dans une sorte d’espoir de paix et crainte d’’un statu quo insécuritaire. L’accord de paix de Luanda n’a pas encore réussi à faire revenir la paix et faire baisser la tension entre le Rwanda et la RDC, mais grâce aux pourparlers de Luanda, un cessez-le-feu tient et les armes se taisent pour un moment. « Pour la première fois depuis la résurgence du groupe rebelle M23 en novembre 2021 il y a une véritable lueur d’espoir », a déclaré M Xia.
« Je peux témoigner que les récents pourparlers de paix dans le cadre du processus de Luanda sont encourageants et représentent une étape importante pour faire taire les armes et parvenir à une paix durable », a ajouté l’envoyé spécial dans la région des Grands Lacs. Le processus de Luanda est une initiative de l’Union Africaine, dirigée par le président angolais João Lourenço qui vise à désamorcer les tensions entre la RDC et le Rwanda. Le 30 juillet dernier les ministres du Rwanda et de la RDC ont signé un engagement à poursuivre les efforts de la paix. La RDC s’est engagée à démanteler les FDLR, ces forces accusées d’être auteurs du génocide au Rwanda en 1994. Selon certaines sources, l’armée Congolaise a repris la traque de certains leaders de ces FDLR.
Pour Huang Xia le Conseil de sécurité doit s’impliquer pour une paix durable dans la région des Grands Lacs. Pour Xia, il existe trois voies essentielles pour une paix durable qui sont le renforcement de la confiance mutuelle entre les pays de la région, l’amélioration de l’inclusion, en particulier la pleine participation des femmes et des jeunes, et des efforts internationaux cohérents pour soutenir les processus de paix régionaux.
Patrick Ilunga
Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com