Bientôt le lancement de la facture numérisée et du numéro d’identification fiscal unique
En tout cas, il sait ce qu’il veut le nouveau ministre des Finances de la République Démocratique du Congo qui, au cours d’une rencontre informelle avec des patrons de presse qui voulaient non seulement connaître l’argentier national mais surtout, pour entrer en contact avec sa pensée stratégique en ce qui concerne la gestion des Finances publiques qui sont l’élément le plus important de la chose publique. Dans une atmosphère conviviale, les journalistes responsables ont eu à suivre un exposé magistral de Monsieur Doudou Roussel Fwamba Likunde Li-Botoya qui a fait montre d’une maîtrise qui n’a pas échappé aux chevaliers de la plume et du micro qui sont prompts à la critique.
D’entrée de jeu, le ministre UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social, parti présidentiel) des Finances publiques a réaffirmé son identité politique de socialiste tournée vers des valeurs de solidarité, de liberté et d’égalité. C’est sous cette couverture idéologique qu’il entend mener sa mission au sein du Gouvernement Suminwa sous le leadership du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Une autre forte impression qui est ressortie de cette rencontre avec les journalistes est le fait partagé d’ailleurs par les patrons de presse que Monsieur Fwamba a été préparé depuis longtemps a occupé aujourd’hui ce poste d’Argentier national car, des éléments de son parcours semblent s’être mis en place progressivement pour lui permettre d’acquérir non seulement l’expérience mais surtout, une vision claire et une pensée de l’objet qui soit nette et lumineuse.
Economiste de formation, Doudou Roussel Fwamba Likunde a complété son cursus par un diplôme à l’Ecole Nationale des Finances et, un autre diplôme à l’Ecole du Trésor de France. Il entre dans la Maison des Finances en 2005 et gravit calmement les échelons pour même passer par la présidence et la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations (DGRAD). On se rend compte qu’une génération préparée et mise dans les conditions idéales de formation constituera un atout majeur de développement.
C’est ainsi qu’il a partagé avec les journalistes une synthèse de son action depuis plus d’un mois qu’il est aux commandes de ce Ministère ô combien important. D’abord, faisant le point sur l’état des lieux, il a reconnu que le cadre macro-économique présente des failles au point que le taux d’inflation n’était plus à son niveau historique de performance, que le taux de change aussi posait problème. Mais face à cette situation, il a élaboré une approche stratégique pour une action conjoncturelle qui consiste à veiller à la qualité de la dépense. Une politique budgétaire se devait d’être rapidement adoptée pour qu’elle s’insère dans une politique monétaire adéquate. C’est dans cet ordre d’idées que des résultats rapides furent obtenus en sécurisant la régularité du paiement des agents et fonctionnaires de l’État et chose rare depuis quelques mois, en payant les rétrocessions aux provinces et les frais de fonctionnement à l’administration qui en était dépourvu depuis des longs mois.
Quand on connait nos provinces et nos administrations qui s’étaient réfugiées derrière l’absence des moyens pour justifier l’absence des performances qui avaient enlevé à l’État son caractère de service, on voit bien le socialiste qui surfe sur la solidarité et l’égalité des droits. Des mesures seront prises dès la semaine prochaine pour alléger la vie des citoyens surtout, concernant les prix des biens de première nécessité. Des mesures pour la maîtrise du taux de change vont aussi intervenir et le Gouvernement estime son intervention capable d’influer sur certains indicateurs. Pour cette gestion axée sur les résultats, le ministre des Finances a activé la » troïka stratégique » en vue de renforcer la qualité de la dépense.
Mais le ministre Fwamba est conscient que ces mesures ne suffiront pas, il faudrait leur adjoindre des réformes structurelles qui seront à même d’élargir l’action de l’Etat en matière de recouvrement d’impôts et taxes en augmentant l’assiette fiscale. C’est dans cette perspective qu’il a fait allusion à la réforme de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui doit devenir la plus grande taxe. Pour ce faire, le ministre des Finances annonce l’imminence de la mise en action de la facture normalisée qui va être couplée aux caisses enregistreuses. Ce système à être posé comme action-pilote dans les grandes surfaces, les hôtels, les restaurants, pour ne citer que ces secteurs, y compris tous les endroits de grande consommation avec une traçabilité maitrisée.
Cette réforme va donner une nouvelle impulsion à la mobilisation des ressources. A ce changement essentiel va intervenir aussi celui de la Direction Générale des grandes Entreprises (DGE) au niveau de la Direction Générale des Impôts (DGI) qui va accueillir la nouvelle direction des Petites et Moyennes Entreprises (D-PME) pour une prise en compte des structures économiques de taille moyenne.
Dans une cohérence de pensée, le ministre Congolais des Finances estime que ces réformes seront renforcées par une accélération de la digitalisation des administrations fiscales qui ne sont pas encore bien connectées en temps réel de manière à échanger des données et de se fixer des objectifs qui soient atteignables. Pour le patron des Finances, le temps est venu pour que les citoyens, à titre individuel, puissent aussi contribuer à l’effort de mobilisation en payant leurs impôts. Pour ce faire, la réforme majeure est de pourvoir chaque citoyen d’un numéro d’identification fiscal unique. De l’intelligence dans les innovations, de la volonté et de la détermination semblent être les qualités convoquées par le ministre Fwamba pour traverser le courant qui paralyse les différentes administrations fiscales qui tournent parfois en rond.
A écouter ce ministre de la République, on se rend compte qu’il est porté par une profonde réflexion qui a d’ailleurs fait l’objet d’un ouvrage portant sur la » Réforme des Finances publiques et de l’administration en RDC ». On comprend vite que l’objectif est de moderniser l’État en le rendant performant. Ce changement ne peut réussir que si l’administration publique est aussi prise en compte. Selon l’auteur de cet ouvrage qui deviendra un jour un best-seller, les principaux axes d’intervention de cette réforme sont la maitrise des effectifs et de la masse salariale, la révision des statuts juridiques et de régimes de protection sociale, la valorisation des ressources humaines, la rationalisation des structures, des emplois et des effectifs, la promotion de l’éthique, de l’intégrité et de la déontologie professionnelles.