Les affrontements entre le groupe armé Alliance Fleuve Congo (AFC)/M23 et les combattants des Wazalendo CMC ont contraint plus de 10 000 personnes à se réfugier en août dans la ville de Mweso, au Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo.
Fuyant des violences persistantes, les déplacés sont arrivés dans des conditions extrêmement précaires. « Mes neuf enfants et moi sommes réfugiés ici et confrontés à la faim. Je ne peux plus accéder aux champs sans être harcelé par les hommes en armes. Beaucoup passent des nuits sans manger. Depuis notre arrivée, aucune aide alimentaire ne nous a été distribuée », témoigne Emmanuel, l’un des déplacés.
Comme lui, de nombreuses familles avaient fui avec l’espoir de trouver refuge à Mweso, mais ont été confrontées à un accueil limité. Certains ont pu compter sur la solidarité de familles locales, tandis que la majorité a dû s’installer dans des sites collectifs ou dormir à la belle étoile, sans accès suffisant à l’eau potable, aux installations sanitaires, à la nourriture ni aux soins médicaux.
Médecins Sans Frontières (MSF), présente à Mweso depuis 2007, a immédiatement lancé une intervention d’urgence, déployant deux cliniques mobiles qui ont traité 858 patients entre le 7 et le 22 août, principalement atteints de paludisme, d’infections respiratoires et de maladies diarrhéiques.
Un dépistage de la malnutrition a révélé que 34 % des 182 enfants examinés souffraient de malnutrition aiguë modérée. « De nombreux facteurs peuvent expliquer les niveaux élevés de malnutrition ici, notamment l’instabilité généralisée qui a empêché les populations civiles, en particulier les personnes déplacées, d’accéder à leurs champs », explique Boni Amian, coordinateur de projet MSF à Mweso.
Pour limiter la propagation de maladies hydriques comme le choléra, MSF a également déployé une réponse en eau, assainissement et hygiène (WASH), installant des réservoirs d’eau, 24 douches, 15 latrines, ainsi qu’un réservoir de 15 000 litres, tout en distribuant des kits de nettoyage.

Mais malgré ces efforts, la situation n’a cessé de se dégrader : le 28 août, la majorité des déplacés ont dû fuir à nouveau Mweso, et ceux qui étaient restés ont reçu un ultimatum leur ordonnant de quitter la ville avant le 30 août. « Il est encore trop tôt pour connaître le sort réservé à cette population. Mais nous pouvons être certains que, sans accès aux infrastructures WASH, elle était exposée à un risque accru de maladies », déclare Alec Kelly, chef adjoint des programmes de MSF au Nord-Kivu.
La réponse humanitaire sur place est apparue largement insuffisante, notamment en matière d’aide alimentaire, soulignant une fois de plus l’urgence de renforcer les mécanismes d’intervention dans cette région en proie à des déplacements massifs et récurrents.
Don Momat