La société aurifère Primera Gold a juridiquement changé de nom et de raison sociale. Elle s’appellera désormais DRC Gold training. L’État congolais en est l’actionnaire majoritaire avec 55% des parts sociales (Après rachat des parts que détenait Primera Group dans Primera Gold), les autres 35% sont détenus par le Fonds minier pour les générations futures (FOMIN) et le reste, 15% par la para-publique Générale des Carrières et des Mines (GÉCAMINES SA). Le ministre du Portefeuille a présidé, le mercredi 13 novembre 2024, la cérémonie officielle marquant la naissance de la nouvelle société.
Jean-Lucien Bussa Tongba puisque c’est de lui qu’il s’agit, et les Directeurs généraux de ces trois entreprises (Ndlr : Primera Gold, FOMIN et GÉCAMINES SA) ont signé les actes qui consacrent le nouveau statut de cette société du Portefeuille de l’État, qui a pour mission la collecte de l’or brut produit de manière artisanale sur toute l’étendue du pays et de le raffiner sur cette place afin de lui donner une certaine valeur ajoutée.
Pour le ministre Jean-Lucien Bussa, cette cérémonie est une « grande » première, car elle consacre une réponse nationale à un problème national.
» C’est la matérialisation de la volonté du chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, soucieux de la maîtrise de l’or artisanal », a-t-il indiqué.
Primera Gold a été créée en 2023 dans le cadre d’une joint-venture entre la RDC et les Émirats arabes unis. Le partenaire étranger s’étant retiré, l’État congolais était resté le seul actionnaire et a ouvert le capital à ses structures, à savoir la GÉCAMINES SA et le FOMIN.
Le ministre du Portefeuille trouve en cette cérémonie un moyen d’exploiter les ressources et les capacités nationales en vue d’accroître les richesses du pays. Pour lui, il est possible aux Congolais de se donner des réponses efficaces en interne.
Dans la foulée, Jean-Lucien Bussa a promis de ne ménager aucun effort pour accomplir la mission lui confiée par la chef du Gouvernement, Judith Suminwa Tuluka, et le président de la République, celle de faire des entreprises publiques le boulevard du développement économique de la RDC.
Depuis près de trois décennies, la contrebande en provenance de l’Est de la RDC finance des conflits locaux et régionaux. Le Gouvernement congolais affirme que la majeure partie de ce trafic passe par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, qui ont exporté des milliards de dollars d’or malgré peu de mines propres. Ces pays nient expédier de l’or volé.
Un rapport de janvier 2024 des experts de l’ONU a indiqué que les opérations de Primera Gold » n’ont pas significativement réduit la contrebande d’or » et a mis en garde contre un » manque de transparence » quant à la provenance de certains métaux.
Des accusations rejetées par Primera Gold. Malgré ses avantages fiscaux, les expéditions mensuelles de l’entreprise vers une raffinerie d’Abu Dhabi ont chuté de plus de 50 % depuis novembre 2023.
La première année, la coentreprise avait vendu 5 tonnes d’or artisanal, d’une valeur d’environ 300 millions de dollars. Cependant, les ventes ont diminué malgré des objectifs plus ambitieux pour 2024.
Les experts des Nations Unies avaient souligné dans un récent rapport que les conditions préférentielles du contrat de Primera Gold, notamment une taxe de 0,25 % contre 6 % pour ses concurrents, lui ont donné un » quasi-monopole » sur les exportations légales d’or artisanal. Cependant, cela n’a pas compensé les prix plus élevés du marché noir, tandis que les régulations bancaires limitaient les transactions en espèces.
Primera Group s’était tournée depuis vers le tungstène, l’étain et le tantale de l’est de la RDC, largement utilisés dans les appareils électroniques. L’entreprise prévoyait de construire sans succès une fonderie pour ces métaux selon les exigences de rentabilité.
Face à cette triste situation, le Gouvernement de la RDC déclenchera le processus de conclusion d’un accord pour prendre le contrôle total de Primera Gold DRC SA, la coentreprise d’exportation d’or avec Primera Group Ltd. basée à Abu Dhabi.
Aujourd’hui, la RDC a racheté toutes les parts de Primera Group à un prix qui n’a pas été révélé à la presse. Le Gouvernement congolais récupère ainsi l’entreprise à 100% tandis que Primera Group développera une nouvelle entreprise pour raffiner les minerais de la filière 3T de la région.
Des sources concordantes confirment que Primera Group se tourne désormais vers le tungstène, l’étain et le tantale de l’est de la RDC, largement utilisés dans les appareils électroniques. L’entreprise prévoit de construire une fonderie pour ces métaux selon les exigences de rentabilité. Initialement, les deux parties avaient signé un contrat de 25 ans pour ce partenariat.
Journaliste économique et chroniqueur des ressources naturelles.