C’est ce matin du 22 août 2024 que le Grand Chef Fabrice Zombi Kavabioko, le Mini Kongo qui se traduit par :  » le Congo, c’est moi  », a été reçu au Musée royal de l’Afrique Centrale (MRAC), dit Musée de Tervuren, dont l’origine remonte à l’exposition universelle de Bruxelles en 1897. Visite historique pour un Chef traditionnel dans ce haut lieu de la mémoire et aussi de la douleur car, chaque objet exposé dans le Musée royal de l’Afrique Centrale est l’expression, sinon la preuve que la rencontre entre les colons belges et les royaumes Africains fut violente. Après des décennies d’une politique de l’esquive entre les deux peuples imbriqués dans une histoire commune, le temps a fini par vaincre les hypocrisies, les malentendus, les faux-fuyants et désormais, la vérité limpide s’impose à tous. Il est venu le moment de rendre au Congo sa dignité emportée dans cette œuvre de destruction de son patrimoine et ses repères historiques.

Il est venu porteur d’un message de paix mais, une paix qui ne sera possible que grâce à la justice. Pour cette Autorité traditionnelle, cette justice pour les anciens qui sont prisonniers en Belgique et qui ont fait l’objet d’une condescendance malheureuse. Rien de ce qui est propre au Congo ne doit échapper à l’amour des Congolais.

C’est dans une salle au premier niveau en descendant vers les salles d’exposition qu’il a donné son message, le même que celui qu’il a livré au Musée des sciences naturelles, là où des crânes sont conservés.

Pour le Chef Mini Kongo, il faut se donner les moyens d’une perspective lointaine et de se projeter à la rencontre du Roi Léopold II (Ndlr : Le Roi Léopold II voyait dans le musée un outil de propagande pour son projet colonial destiné à attirer des investisseurs et à convaincre la population belge) avec le Kongo :  » Quand ils sont arrivés dans notre pays, il n’y avait pas de Chef d’État, pas de Gouvernement, pas de députés, pas des ministres… Il y avait un Peuple et son Roi, le Mini Kongo. C’est avec celui-ci que la Belgique a signé un protocole d’accord et a construit son épopée coloniale.

Son raisonnement est simple pour établir le Congo dans ses droits ancestraux, il est essentiel que la Belgique fasse son mea-culpa et restitue dans la dignité les objets qui ont appartenu aux différents royaumes du Kongo.

Après ce discours émouvant qui n’a pas laissé Monsieur Bart Ouvry indifférent, le Directeur du Musée de Tervuren en poste depuis le mois de mai 2023 a reconnu la pertinence de la démarche Congolaise et se dit prêt à agir selon la législation fédérale actuelle et celle à venir qui devrait régler la question des restes humains.

Il est venu le moment de cette visite du Roi habillé de manière traditionnelle avec une tenue rouge, drapé dans des peaux de léopards. Partout, c’est fut une forte émotion. Au travers des masques, des objets sacrés destinés aux rites funéraires, aux rites de fécondité, aux rites de la production et de la chasse. Ces objets qui sont vieux parfois de plus de deux siècles, sont conservés comme témoins d’une histoire de violence. Quelque part, une exposition relate la mort du Grand Chef Lumpungu et de sa décapitation.

Après cette visite qui a ému plus d’un, le Chef a lancé un appel aux autorités Congolaises pour qu’elles s’impliquent dans cette œuvre de libération mentale et spirituelle pour que le Congo qui est agressée de partout, puisse réunir et recomposer des forces internes grâce à la réconciliation avec ces ancêtres qui se sont battus pour défendre leur vision du monde, notre identité, et qui sont aujourd’hui prisonniers à cause de cette colonisation de toute culpabilité.

En partant, il a souhaité que les Congolais de toutes tendances soient unis dans cette action de restauration de la mémoire collective. Par ailleurs, nous avons appris qu’il se prépare pour rencontrer les autorités belges en vue d’entamer des pourparlers de retour des crânes conservés dans ce célèbre Musée sans condition.

Créé en 1898, à l’initiative du Roi Léopold ll, le Musée royal de l’Afrique centrale fêtera cette année ses 126 ans d’existence et six ans depuis sa rénovation.

L’histoire de l’Africa Museum commence avec l’exposition universelle de 1897 à Bruxelles. En 1898, la section coloniale de l’exposition universelle, qui était hébergée à Tervuren, s’est transformée en un musée permanent du Congo. Dès le début, l’institution était à la fois un musée et un institut scientifique.

Adam Mwena Meji, envoyé spécial en Belgique

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