Il suffit d’évoquer la hauteur d’un chiffre, surtout en millions de dollars américains, pour mobiliser les lapideurs moraux qui guettent une occasion pour le nivellement par le bas qui a élu domicile dans l’espace public Congolais. Quelques mauvais mandataires publics ayant brisé les règles de la bonne gouvernance sont aujourd’hui le socle sur lequel tous les autres sont jugés. Même quand le Chef de l’État avait dit, au cours d’un briefing de presse spécial, organisé le 22 février 2024, à Kinshasa, que la justice Congolaise est malade, même si le magistrat suprême Félix Tshisekedi avait promis devant Dieu et la nation de se battre pour une justice correcte et efficace car, c’est aussi sur ce pilier qu’il compte bâtir un Etat de droit au cœur de l’Afrique, certains veulent entendre qu’il n’y a aucun juge intègre ? Et pourtant, il y en a beaucoup quand des élus et ministres sont pris à partie dans des dossiers précis, quand tous les députés et les membres du Gouvernement sont pris à partis et qualifiés des voleurs.
Cette phase par laquelle passe le pays, ne saurait durer sans perturber forcément les piliers de la démocratie et de la bonne gouvernance. Le temps est venu de faire la part des choses entre l’enfant et l’eau de son bain. Il est impérieux de conférer à chaque chose son vrai nom et sa vraie réalité.
Le cas du Fonds National d’Entretien Routier [FONER, créé à la suite de l’insuffisance chronique des budgets nationaux alloués au secteur routier qui constituent la cause majeure de la dégradation généralisée des routes afin de collecter les ressources financières et de financer l’entretien et la protection des routes et des voiries urbaines (Article 3 de la Loi précitée)], cité dans un prétendu scandale de détournements en complicité avec les Ministre des Infrastructures et Travaux Publics (ITP) et de l’ancien Ministre des Finances, est évocateur de cette tendance à la confusion et du traitement non professionnel par certains communicateurs des dossiers hautement techniques exigeant une profondeur analytique.
L’Inspection Générale des Finances (IGF), dans ses attributions de contrôle, aurait demandé des explications sur la nature et le fondement d’un protocole d’accord de 500 millions de dollars américains pour les routes. Pour l’organe de contrôle, la nature juridique des ressources du FONER ne peut lui permettre une affectation dans la construction des routes. Ce champ ne lui est pas permis et ce protocole semble prouver que le FONER a outrepassé ses prérogatives.
L’IGF, dans son travail, va développer des arguments en faveur de son premier postulat et cela est normal. Mais ce qui étonne, ce que tout contrôle se fait sur une dynamique contradictoire et dans ce cas, le FONER et les différents Ministres n’ont pas encore réagi et déjà, on crie aux detourneurs de deniers publics et en mettant en cause la réputation des grands cadres et en écornant celle de la République Démocratique du Congo (RDC) ou préféreraient des dirigeants corrompus et detourneurs. Cette tendance dangereuse qui alimente le » Congo Bashing » est en train de se développer rapidement et l’opinion publique est gardée sciemment dans une confusion.
Des investigations contradictoires, il apparaît clairement que le protocole d’accord entre le FONER et la Banque en question citée dans le dossier donne une indication sur les éléments de questionnement qu’exigent l’IGF. Par exemple, le fait que le réseau routier soit en piteux état sur plus de 95 %.
On peut ainsi lire dans les rapports récents qu’il y a 154.000 Km qui ne répondent pas au rendez-vous de la mobilité. Cette réalité induit une situation non moins tragique car, s’agissant, par exemple, des routes nationales et provinciales en terre qui sont de 55.000 km, le coût annuel d’entretien représente un montant plus ou moins de 450 millions de dollars américains pour un coût de 6.000 dollars par Km. Quand on examine cette charge au budget annulé de FONER qui est de 150 millions de dollars américains, on peut déjà voir s’imposer un gap de 350 millions qu’il faut chercher pour espérer avoir une action en profondeur sur le réseau routier dans son ensemble.
On peut comprendre qu’il existe un vrai besoin pour le FONER de multiplier et de diversifier son financement pour être en mesure de travailler efficacement à l’entretien des routes. C’est dans cette optique qu’il faut comprendre le protocole intervenu comme une forme de ligne de crédit auprès de cette Banque capable de mobiliser les fonds. Ainsi, grâce à cet accord, le FONER donne un mandat à la BGFI de chercher des fonds sur le plan international et de construire une base de discussions pour la gestion de ces projets.
On peut ainsi comprendre que cet emprunt dont l’affection est claire va servir au pays d’aligner de la productivité dès lors que les routes réhabilitées auront un impact sur l’économie et le vécu quotidien de la population. L’UBA (United Bank of Africa) devrait intervenir pour garantir le remboursement de cet emprunt surtout que les recettes ordinaires du FONER sont logées dans cette Banque.
Au regard de ces faits disponibles sur le site même du FONER, on se demande comment on est vite arrivé aux gros mots sur la calomnie, la médisance et sur des détournements monstres que l’on présente aussi facilement ? Le temps est venu de gérer les dossiers de l’État dans le cercle de la compétence et d’éviter d’exposer des dossiers techniques en leur conférant une dimension inutilement politique. Comment ne pas se réjouir des avancées significatives vécues par les cadres et agents du FONER dont les conditions de travail se sont améliorés ces dernières années.
Journaliste économique et chroniqueur des ressources naturelles.
[…] Geopolis Hebdo ajoute que le protocole d’accord entre le FONER et la banque implique des éléments de questionnement pour l’IGF, comme l’état déplorable du réseau routier congolais. Avec 154 000 km de routes en mauvais état, les coûts d’entretien sont élevés par rapport au budget annuel du FONER. Le protocole est donc vu comme une ligne de crédit pour améliorer le réseau routier et, par conséquent, l’économie et les conditions de vie en RDC. L’UBA garantira cet emprunt, étant donné que les recettes du FONER sont déposées dans cette banque. […]