La tragédie du gouverneur militaire du Nord-Kivu, Peter Cirimwami, tué dans un affrontement contre les forces rwandaises de l’AFC-M23-RDF, ne peut être qu’un cri de révolte pour un pays ébranlé par des décennies de conflits et de souffrances. Ce n’est pas simplement la perte d’un homme en uniforme, officier supérieur soit-il, mais l’effondrement d’un symbole d’espoir dans une région où la paix semble être un rêve lointain.

« La meilleure façon de venger Peter Cirimwami est de récupérer toutes les localités occupées », a déclaré l’armée lors d’un conseil de défense ce vendredi 24 janvier 2025. Mais cette déclaration, aussi galvanisante qu’elle puisse paraître, soulève une multitude de questions. Comment peut-on envisager une riposte à la hauteur d’un forfait aussi odieux sans tomber dans le piège de la vengeance aveugle ? Est-ce que la récupération des territoires occupés peut vraiment compenser la perte d’une autorité de ce niveau qui était déterminée à restaurer la dignité de son peuple.

Il est indiscutable que la mort de Cirimwami exacerbe la colère et la frustration d’une population déjà au bord du gouffre. Les hommes et les femmes du Nord-Kivu, qui ont vu leurs terres occupées et leurs vies bouleversées par des conflits incessants, méritent plus qu’une réponse militaire. Ils appellent à une stratégie qui ne se limite pas à des opérations militaires, mais qui cherche à établir une paix durable.

La quête de revanche doit également s’accompagner d’une réflexion profonde. Nous sommes à un tournant décisif où la nécessité de redorer l’image et l’honneur de notre pays ne peut s’accomplir que par une victoire militaire, diplomatique, morale, par la réconciliation et la justice. Venger une mort d’un général ne doit pas signifier perpétuer un cycle de violence qui ne ferait qu’enfoncer davantage la région dans le chaos.

La mémoire de Peter Cirimwami devrait être le catalyseur d’un changement radical. Ce n’est pas seulement une question de récupérer des localités ; il s’agit de restaurer l’espoir, de rétablir la confiance au sein de nos populations et de bâtir un avenir où les conflits ne seront qu’un lointain souvenir. La véritable victoire serait de prouver que le sang versé ne sera pas vain et que son sacrifice inspire une génération à œuvrer pour la paix.

Alors, oui, levons-nous pour mettre fin à ces 3 décennies de sauvagerie innommable, mais faisons-le avec une détermination à construire plutôt qu’à détruire. Que la mémoire de nos morts nous pousse à chercher des solutions qui transcendent la guerre et la violence. L’histoire nous observe, et il est temps de montrer que notre réponse sera à la hauteur de l’héritage que nos aïeux ont laissé derrière eux.

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