Il est un fait indéniable : l’installation de l’Inspection Générale des Finances dans le gouvernorat provincial de Kinshasa résonne comme une farce tragique dans le grand théâtre de l’ineptie politique. À chaque élection, les mêmes visages se pressent aux portes du pouvoir, brandissant des promesses de changement et d’innovation, comme des magiciens exhibant leurs tours. Mais une fois le rideau levé, que découvrons-nous ? Une scène de désolation où la créativité est absente, où la gestion est un concept étranger, et où les problèmes de la population sont accueillis avec un silence assourdissant.
Les élus, une fois en poste, semblent touchés par une sorte de malédiction. Ce qu’ils ont promis de transformer se mue rapidement en une gestion chaotique et désordonnée. Ils se drapent dans l’illusion de leur légitimité, mais leur incapacité à répondre aux attentes populaires est cruelle. Face à leur incompétence, ils se tournent vers l’IGF, comme un enfant qui appelle sa mère pour échapper aux conséquences de ses actes. Cette sollicitation devient un réflexe, un acte désespéré pour masquer leur propre irresponsabilité et leur forfaiture.
Mais attention, l’IGF ne doit pas devenir l’ultime refuge des incapables. Il serait inacceptable qu’elle se transforme en un État dans l’État, un parti-État incontrôlé, s’immisçant dans chaque recoin de la gestion publique. Nous ne pouvons pas permettre que l’IGF prenne les rênes à la place de ceux qui ont usurpé des postes de responsabilité. Son rôle est de contrôler, d’évaluer et de porter un regard critique sur la gestion des gestionnaires, pas de leur succéder.
Jules Alingete Key, à la tête de l’IGF, a su s’illustrer par un travail louable, mais il ne doit pas céder à l’excès de zèle. Il doit naviguer avec prudence dans ces eaux troubles, éviter le piège de l’autoritarisme et garder en tête que son mandat est de veiller au bien-être de la population, non de se substituer à ceux qui préfèrent l’inaction à l’action.
Il est temps de briser ce cycle vicieux. Les politiques doivent être tenus responsables de leurs actes, et l’IGF doit rester un garde-fou, non un godemichet pour les incompétents. Kinshasa mérite mieux, et il est grand temps que la gestion publique prenne la forme d’un véritable service à la population, plutôt qu’un jeu de chaises musicales où l’incompétence est la seule constante.

Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR