Le débat sur les infrastructures en République Démocratique du Congo (RDC) a été particulièrement animé, ce mercredi 13 et jeudi 14 novembre 2024, lors de la séance des questions orales avec débat à l’Assemblée nationale. Trois députés nationaux ont soulevé des préoccupations majeures liées à l’état des infrastructures routières du pays. En réponse, Alexis Gisaro, Ministre d’État chargé des Infrastructures, des Travaux Publics et du Transport (ITP), a appelé à la collaboration des élus du peuple, particulièrement dans le cadre de la session budgétaire en cours, pour améliorer la situation.
Le ministre a d’abord dressé un état des lieux général des infrastructures en RDC, en précisant que le réseau routier national totalise environ 153 000 kilomètres, dont seulement 58 000 sont d’intérêt général. Parmi ces 58 000 kilomètres, environ 3 000 km sont pavés, soit seulement 5 % du réseau d’intérêt général. Cette situation est bien en deçà des standards observés dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne, où le pourcentage de routes pavées avoisine les 25 %.
En ce qui concerne la réhabilitation de certains axes stratégiques comme Kasindi-Beni-Butembo au Nord-Kivu et Kisangani-Komanda-Beni, Alexis Gisaro a expliqué que ces projets font partie d’une initiative de coopération avec l’Ouganda, dans le cadre d’un partenariat public-privé. Il a précisé :
« Cette vision a été concrétisée par la signature d’un Accord Intergouvernemental qui a ouvert la voie à la signature d’un Accord tripartite RD Congo, Ouganda et Dott Services Limited pour le développement d’un projet routier comprenant les routes suivantes : (i) Kasindi – Beni (80 km), (ii) Bunagana – Rutshuru – Goma (89 km) et (iii) Beni – Butembo (54 km). L’Accord Intergouvernemental et l’Accord tripartite de Développement de projet a prévu que les deux pays contribuent au financement du projet à hauteur de 40 % du coût total, soit 20 % à charge de chacun des États, tandis que Dott financera la différence, soit 60 %. »
Cependant, le ministre a aussi mis en lumière les défis qui freinent l’avancée des travaux, en particulier les problèmes de sécurité, qui constituent un obstacle majeur à la progression des chantiers. Il a indiqué que bien que des progrès aient été réalisés sur certains tronçons, tels que ceux entre Kasindi et Beni, la situation sécuritaire demeure un frein, notamment pour le projet entre Bunagana et Goma. Par ailleurs, il a évoqué un problème lié aux exonérations fiscales nécessaires pour le bon déroulement du projet. Certains équipements ont été bloqués à la douane faute de figures d’exonération, ce qui a conduit à un conflit avec l’entrepôt privé, la Maison LWANZO, responsable de la garde de ces matériaux.
« Des contacts nécessaires ont été pris de part et d’autre, en vue de pallier cette situation. Actuellement, les listes des biens et équipements du projet devant entrer par le poste de Kasindi, pour les sections Kasindi – Beni et Beni – Butembo, ainsi que ceux devant entrer par le poste de Bunagana pour la route Bunagana – Rutshuru – Goma, introduites par l’Entrepreneur aux Ministères des Finances et du Plan, attendent la signature des Arrêtés portant exonération. Une fois cela obtenu, les travaux vont redémarrer sur la section Kasindi – Beni et Beni – Kabasha, en attendant que les forces armées donnent un feu vert sécuritaire pour pouvoir aller plus loin. »
Concernant la RN2, qui traverse des zones importantes de la région de l’Est, comme Bukavu, Mwenga et Shabunda, Alexis Gisaro a fait état de certains travaux en cours, tels que la réhabilitation du tronçon de la Place de l’Indépendance à Bifurcation Maria Kachelewa, qui bénéficie de la modernisation par la Société Congolaise de Construction (SOCOC). Il a aussi précisé :
« En outre, les ponts Kadubo, Mudubwe, Zalya, Lubyala, Zokwe se trouvent actuellement dans un état critique. La remise en état de l’ensemble de ces ponts, nécessite une mobilisation des fonds estimés à USD 800.000 que le Ministère des ITP devrait obtenir du Trésor public. »
Le ministre a par ailleurs expliqué que les critères de sélection pour les projets de réhabilitation sont basés sur les priorités d’accessibilité et de sécurité, avec un accent particulier mis sur les infrastructures reliant les zones stratégiques, notamment pour la RN2. Cependant, il a souligné que le manque de ressources financières limitait la capacité à réaliser les travaux de manière optimale.
« Malheureusement, le manque de ressources financières fait que les travaux qu’on y a programmés et leur fréquence, sont insignifiants par rapport aux besoins. Toutefois, dans le cadre du plan quinquennal 2024 – 2028 du secteur routier, cet axe, la RN2, est pris en charge par une combinaison de financements de plusieurs partenaires techniques et financiers. »
Le ministre a également détaillé les projets à venir pour la réhabilitation de la RN2, comme ceux entre Mbujimayi et Lubao, financés par la Banque mondiale, et entre Bukavu et Nyamukubi, soutenus par la Banque Africaine de Développement.
Enfin, concernant les infrastructures routières dans les zones de guerre, notamment au Nord-Kivu, Alexis Gisaro a assuré que les travaux de réhabilitation et d’entretien sont devenus une priorité pour permettre la mobilité dans ces zones difficiles d’accès. Les efforts du FONER, bien que limités par des ressources insuffisantes, ont permis de consacrer une partie des fonds à la réhabilitation des routes dans ces zones sensibles.
« Ainsi, on relève en termes de dépenses pour la réhabilitation des routes d’accès dans les zones opérationnelles la situation ci-après, pour la province de l’Ituri : 601.000 USD pour 2022 ; 286.000 USD pour 2023 ; 3.503.000 USD pour 2024 », a conclu le ministre.
Alexis Gisaro a donc rappelé aux députés que, malgré les obstacles financiers et sécuritaires, des efforts significatifs sont déployés pour améliorer les infrastructures routières et soutenir le développement du pays.
