A l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), cela ne fait aucun doute. L’Union Africaine (UA) est le cheval de Troie des puissances occidentales et des milieux des affaires de l’Occident. Samedi 19 janvier, alors que le pays tout en entier était dans l’attente de l’arrêt de la Cour constitutionnelle sur les contentieux des résultats de la présidentielle, au quartier général de l’UDPS, 11ème rue Limete, Jean-Marc Kabund A Kabund rassemble la presse et adopte un ton particulièrement martial, comme à son habitude, pour mettre « en garde les participants à la réunion consultative de haut niveau de chefs d’Etat et de gouvernement du 17 janvier 2019, quant aux dangers qu’ils font courir à la République Démocratique du Congo du fait de leur démarche. »

Le secrétaire général de l’UDPS déclare que le communiqué de la réunion des chefs d’Etat de l’UA est « l’œuvre de certains lobbys miniers qui cherchent à déstabiliser la RD Congo afin de pérenniser le pillage des ressources du pays.»

Il faut dire que 48 heures plutôt, des chefs d’Etats de l’Union Africaine, le président rwandais Paul Kagame en tête, ont demandé la suspension de la proclamation définitive des résultats. Ces présidents disent dans leur communiqué « qu’il subsiste des doutes sérieux sur la conformité des résultats provisoires » donnés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Dans la classe politique congolaise, c’est la stupeur. D’autant plus que quelques heures avant ce communiqué, la SADC (Ndlr : Communauté économique pour le développement de l’Afrique Australe) qui s’est réunie avec les mêmes chefs d’Etat, dans une réunion élargie à d’autres personnalités et délégations des pays de la sous-région d’Afrique australe, ont rendu public un document qui dit prendre acte des résultats des scrutins du 30 décembre dernier, lesquels consacrent la victoire de Félix Antoine Tshisekedi à la présidentielle.
Deux communiqués, un rebondissement. Kagame, tout à sa casquette de président de l’Union Africaine, avait déjà demandé à la SADC de délocaliser à Addis-Abeba (Ethiopie) sa rencontre, elle qui était initialement prévue à Windhoek (Namibie).

Selon certains analystes, cela montrait la volonté du président Rwandais à avoir la haute main sur les affaires Congolaises. Alors que l’organisation sous-régionale s’était mise en tête l’idée de demander à la communauté internationale de respecter la souveraineté de la RDC, dans la seconde réunion, convoquée par Kagame, les délégations ministérielles, celle de la RDC comprise, sont priées de quitter la salle. Les représentants de l’Union Africaine, en dehors de Moussa Faki, sont tenus aussi à l’écart. Un huis clos sans précédent se tient avec notamment les présidents Sud-africain (Ramaphosa Cyrille), Angolais (Joao Lourenço), Zambien (Lungu), Congolais-Brazzaville (Denis Sassou Nguesso), Guinéen (Alpha Condé), le Tchadien (Idriss Déby), Ougandais (Yoweri Kaguta Museveni), et Ethiopien (Abiy Ahmed).
Des discussions durent 5 heures, et finalement, un communiqué qui a surpris plus d’un. D’autant plus que la commission de l’UA avait préparé son brouillon dans le ton de celui de la SADC. Paul Kagame avait même annoncé son arrivée lundi 21 janvier à Kinshasa à la tête d’une délégation de l’organisation continentale. Seulement voilà, la Cour constitutionnelle a confirmé les résultats de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) le samedi 19 sans attendre la délégation de l’UA. Ce qui a poussé Kagame de renoncer à son voyage de Kinshasa.

Pourquoi Paul Kagame s’est résolu de s’immiscer autant dans cette affaire Congolaise ? A-t-il voulu profiter de sa casquette de président de l’UA pour chercher à avoir mainmise sur la RDC, comme la rumeur l’a toujours dit ?

Il est vrai que le Rwanda a toujours été cité dans les rapports des Nations Unies comme un pays qui soutient en sous-mains les groupes armés qui pullulent à l’Est de la RDC. Sans le citer, Jean-Marc Kabund a fustigé ceux qui veulent « déstabiliser le pays pour pérenniser le pillage ses ressources.»

Le chef de l’Etat Rwandais, à qui la France a fait le cadeau de soutenir sa candidate Louise Mushikiwabo à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), avait-il voulu faire le retour de l’ascenseur à Paris qui s’est montré virulent à l’élection de Félix Tshisekedi dit ‘’Fatshi’’ ? C’est possible.

L’Union Africaine est souvent sous perfusion financière de l’Union Européenne, elle qui a été éconduite de ces élections. L’organisation du vieux continent dont les Etats membres ont montré une grande sympathie à l’égard d’un candidat-Président de la République, tire-t-elle les ficelles en vue de jeter un discrédit sur ces élections, organisées de bout en bout par l’Etat et par le volontarisme de Joseph Kabila ? La question reste posée.

Patrick Ilunga

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