Le 16 janvier 2025 marque le 24ème anniversaire de la mort de Laurent-Désiré Kabila, un personnage dont le rôle dans l’histoire de la République Démocratique du Congo suscite encore aujourd’hui débats et controverses. Ancien chef rebelle devenu président, LD Kabila est souvent perçu comme l’homme qui a facilité l’ascension du Rwanda au pouvoir en RDC, tout en ayant été un acteur clé dans la lutte contre la balkanisation du pays. Il est temps d’explorer la complexité de son héritage, loin des récits simplistes et des interprétations biaisées.
Né en 1939, LD Kabila est élevé dans un contexte de colonisation et de lutte pour l’indépendance. Son parcours politique débute dans les années 1960, où il s’engage dans des mouvements révolutionnaires. Après une période d’exil, il revient sur la scène congolaise dans les années 1990, s’érigeant en chef de la rébellion contre le régime de Mobutu Sese Seko, un dictateur dont le règne a été marqué par la corruption et l’oppression.
En 1997, LD Kabila réussit à renverser Mobutu avec l’aide de forces rwandaises et ougandaises. Si ce coup d’État est célébré par certains comme une libération, d’autres y voient le début d’une ingérence rwandaise qui va profondément affecter la souveraineté de la RDC. Kabila, perçu comme un leader charismatique, est rapidement confronté à des défis internes et externes.
L’une des accusations souvent portées contre Kabila est qu’il a facilité un plan de balkanisation orchestré par le Rwanda, visant à fragmenter le pays en plusieurs entités plus facilement contrôlables. Cependant, Kabila s’est rapidement retourné contre ses anciens alliés rwandais, dénonçant ce qu’il considérait comme une agression. Son discours nationaliste et son rejet de toute forme de néocolonialisme ont fait de lui un symbole de résistance pour de nombreux Congolais.
LD Kabila est un personnage complexe. Pour certains, il incarne la lutte pour la dignité et l’indépendance nationale, tandis que d’autres le perçoivent comme un dictateur ayant échoué à apporter la paix et la prospérité. Son assassinat en 2001 a plongé la RDC dans une nouvelle période de violence et d’instabilité, marquée par des luttes de pouvoir internes et la poursuite des interventions étrangères.
À l’approche de cet anniversaire, les débats sur Kabila révèlent une lutte pour la mémoire collective de la RDC. Les « faussaires de l’histoire », comme certains les appellent, continuent de façonner les récits qui dominent la scène politique. La nécessité d’un récit objectif, dépouillé de passion et d’interprétations partisanes, est plus cruciale que jamais. Il est essentiel de questionner les narrations dominantes et de chercher à rétablir une vérité historique qui reconnaît la complexité des événements et des personnages.
Laurent-Désiré Kabila reste une figure emblématique et controversée de l’histoire congolaise. En célébrant le 24ème anniversaire de sa mort, nous devons nous engager dans une réflexion profonde sur son héritage et les leçons à tirer pour l’avenir de la RDC. L’histoire n’est pas simplement une suite d’événements, mais un champ de bataille pour des récits qui détermineront la trajectoire d’un pays. La quête d’une vérité historique, libre des passions et des manipulations, est essentielle pour la réconciliation et la construction d’un avenir meilleur pour la République Démocratique du Congo.
TEDDY MFITU
Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR

Polymathe, chercheur et écrivain / Consultant senior cabinet CICPAR