Depuis Londres, capitale du Royaume Uni, où il prenait part au Sommet UK – Afrique sur l’investissement, le Président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a menacé de dissoudre la chambre basse du Parlement de la RDC. Cette déclaration politique du garant de la nation congolaise continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive dans le microcosme politique congolais. Au cours de la cérémonie d’échange des vœux avec la presse tant nationale qu’internationale, le speaker de l’Assemblée nationale, l’honorable Jeannine Mabunda, a rappelé l’article 148 de la Loi fondamentale de la qui stipule que : « la dissolution de l’Assemblée nationale ne peut intervenir qu’en cas de crise persistante et après consultation avec le Premier ministre et les présidents des deux chambres du Parlement ».
Pour la présidente de la chambre basse du Parlement, il n’y a aucune crise persistante qui pourra justifier la dissolution du Parlement, plus d’une urgence dans le pays requiert l’attention du Gouvernement : « Pour l’heure, discuter des articles de la constitution est un débat indécent par rapport à la douleur sociale […]. Il nous faut mettre de côté les querelles stériles et répondre aux besoins de la population dont le quotidien est rendu de plus en plus difficile ».
Se référant à l’article 165 de la même constitution, Mabunda Lioko a fait remarquer que la dissolution du Parlement en violation de la disposition susmentionnée peut être considérée comme de la « haute trahison ».
Il sied de rappeler que le lundi 13 janvier dernier, le premier citoyen de la République a eu, comme le veut les pratiques institutionnelles en RDC, un long entretien de 02h30 avec les deux speakers du parlement congolais, Alexis Thambwe Mwamba (Sénat) et Jeanine Mabunda Lioko (Assemblée Nationale). Au cours de cette rencontre, rappelle Mabunda à ses contemporains, les trois hautes personnalités politiques ont fait un tour d’horizon complet sur les sujets qui sont des points d’alerte, sur les sujets qui peuvent mettre les citoyens congolais mal à l’aise, des sujets qui peuvent diviser ou ne peuvent pas faciliter la cohésion nationale, aussi bien les questions sur la dissolution du Parlement, de la gestion des provinces (Ndlr : conflits entre les Assemblées provinciales et les exécutifs provinciaux), l’évacuation des certains textes de lois, les réformes institutionnelles, pour ne citer que ceux-ci.
« C’est fut un entretien franc et de vérité », a fait savoir l’honorable-président de l’Assemblée nationale. Avant d’ajouter que : « Chacun de nous avait ses convictions, son identité politique et une expérience institutionnelle qu’il a mis au service de la nation ».
S’agissant donc de la dissolution, poursuit la présidente Mabunda, mon collègue du Sénat et moi-même, nous lui avons rappelé l’article 148.
Pour Jeanine Mabunda, il ne faut pas jeter les articles de la constitution en pâture, à des incompréhensions ou des malentendus. L’article 148 parle bien de la dissolution de l’Assemblée nationale mais dans des cas précis. Il y a des conditionnalités, il faut qu’il y ait une crise persistante entre le Gouvernement et la chambre basse du Parlement. Ce qui, pour l’heure, n’est plus le cas. Puisque le programme du Gouvernement et le Budget 2020 ont été votés au-delà de notre propre majorité parlementaire.
Avant de terminer son speech, Jeanine Mabunda en a appelé à la prudence dans la prise de parole en public, à la fin des querelles politiques internes stériles qui ne font pas avancer le pays mais par contre, font accentuer la pauvreté et surtout, le respect de la Loi fondamentale votée par la majorité de congolais lors du référendum constitutionnel de 2005.
Sans s’éterniser sur la question, la présidente de l’Assemblée nationale laisse aux juristes constitutionnalistes le soin d’interpréter la Loi fondamentale du pays. Affaire à suivre !
Propos recueillis par WAK. Texte par Carmel Kibaka.

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
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