Un véhicule transportant de l’argent a été violemment attaqué ce lundi 4 août 2025 vers 17h à Righini, dans la commune de Lemba, à Kinshasa. L’attaque s’est déroulée sur l’avenue Chapelle. Le policier chargé de sécuriser le véhicule a été abattu sur place tout comme le chauffeur, selon le bourgmestre de la commune de Lemba. Les assaillants, lourdement armés, ont pris la fuite à moto en direction de l’avenue Université, tirant en l’air pour se frayer un chemin.
Les faits s’inscrivent dans une série de braquages qui secouent la capitale congolaise depuis plusieurs mois. Si les petits commerces, shops et bureaux de change étaient jusque-là les cibles privilégiées des malfaiteurs, les attaques deviennent de plus en plus audacieuses. Les véhicules de transport de fonds sont désormais dans le viseur des braqueurs.
Le mode opératoire reste quasiment toujours le même : un groupe de 4 à 12 motos surgit brusquement, cerne la cible, et en quelques minutes, l’opération est bouclée. Tandis que certains assaillants exécutent le vol ou neutralisent les agents de sécurité, d’autres assurent la surveillance et sécurisent le périmètre. Une fois l’argent emporté, tous disparaissent dans la circulation, se confondant avec les autres motards.
Ces attaques à moto mettent en lumière un problème majeur : la place incontrôlée du secteur des deux-roues à Kinshasa. Outil de mobilité pour des milliers de Kinois, la moto est aussi devenue l’alliée idéale des criminels. Elle permet des déplacements rapides, des retraits faciles dans des ruelles étroites, et une identification quasi impossible.
Dans les rues de la capitale, peu de motos sont immatriculées ou correctement identifiées. Les conducteurs opèrent souvent sans permis ni structure syndicale claire. Tarifs, trajets, règles de conduite : tout est décidé à la tête du client. Ce flou favorise l’anonymat et complique toute tentative de traçabilité.
Malgré plusieurs tentatives annoncées par les autorités pour réguler le secteur, rien de concret n’a été mis en œuvre à grande échelle. Le désordre persiste, alimentant l’insécurité et l’impunité. Les braqueurs profitent de ce vide pour multiplier les attaques, comme celle de Righini, en plein jour, en pleine ville, sans être inquiétés.
Ce nouveau braquage permet de se rendre à l’évidence : Kinshasa fait face à une criminalité organisée et mobile de plus en plus affirmée. Tant que le secteur des motos restera hors de tout contrôle, les forces de l’ordre auront du mal à suivre le rythme. Les habitants, eux, continuent de vivre dans la peur d’être les prochaines cibles.
Don Momat