Tout est presque prêt pour la grand-messe de la presse Congolaise par ce Congrès de tous les enjeux car, il devrait valider les nouveaux textes et renouveler les équipes dirigeantes. Il a fallu plus de deux ans depuis la fin des États généraux de la presse, tenus durant quatre jours, soit du 25 au 28 janvier 2022, pour atteindre le rivage de ce Congrès qui, il faut le dire, serait passé par vau et mont tant la politique était présente mais regardait ailleurs face aux demandes pressantes de la presse.
S’il faut revoir le chemin parcouru, on devrait voir les sabotages du Comité de suivi qui n’a pas pu se réunir comme il fallait pour accompagner les résolutions des derniers États généraux. Les caisses de l’État se sont fermées à cette activité cruciale. C’est sur le temps personnel et les ressources individuelles que les membres du Comité de suivi ont réussi à suivre une Feuille de route pour aboutir à la promulgation de la Loi modifiant et complétant la Loi N° 96-002 du 22 juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse en République Démocratique du Congo (RDC), la Loi Muyaya (Ndlr : Patrick Muyaya Katembwe, actuellement ministre de la Communication et médias, porte-parole du Gouvernement).
Pas du tout découragés par ces indifférences budgétaires, les membres du Comité et les différentes Associations de presse ont continué à marteler sur les agendas politiques pour gagner cette activité. Il faut reconnaître que le ministre de la Communication et médias s’est presque mis à dos les membres du Gouvernement à force de plaider pour la presse. Mais sans se décourager, il a entretenu un dialogue avec la profession.
Tout a été fait, un rappel au chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, une lettre à la Premiere ministre Judith Suminwa Tuluka, des plateaux de télé… Les journalistes sont demandeurs de ce Congrès pour se donner les moyens d’une autorégulation qui réhabilite leur image et qui éloigne les grandes indignités qui collent à leur image. La presse ne peut continuer à supporter la condescendance des autres corps de la société qui lui reprochent de vulgariser les anti valeurs de la communauté Congolaise. Elle veut s’assainir et corser les conditions d’accès au métier et éloigner de ses rangs les » moutons noirs ». Il aurait réussi à agir substantiellement sur la presse, le ministre Muyaya dont l’implication dans ce dossier est exemplaire au regard d’un bilan confortable sur les nouvelles notions de la communication d’État. Il a relevé un défi important là où d’autres avant lui ont nagé dans les marécages de la propagande d’État, s’éloignant prudemment des réformes au niveau du métier de journaliste.
Ancien journaliste, le jeune ministre est un exemple de courage politique et de lucidité de situation. On ne peut lui reprocher d’avoir osé de réformer cette profession de toutes les impostures où chaque Congolais veut avoir son journaliste personnel. Hélas, le métier est destiné au service public et s’approprier des journalistes fut le plus grand crime contre l’objectivité. Et cette étape franchie, la deuxième fut facile, celle de l’instrumentalisation des intelligences journalistes, mobilisées comme les membres de » Seal Navy » pour des missions d’élimination. Le tableau aujourd’hui est triste car, les journalistes, chose impensable, sont dans des camps portant les tenues et les langages de leur groupe. Voilà la presse qui va aller au Congrès pour se donner les moyens d’une nouvelle dignité.
Patrick Muyaya a accompli sa mission, celle d’organiser les États généraux et d’amener l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) au Congrès. Et après ? Cela dépend de notre sens d’abnégation et surtout, de la capacité de garder la lucidité sur les objectifs. Si le combat est celui du pouvoir, c’est-à-dire de s’approprier les postes disponibles au sein du Comité directeur, alors les journalistes qui ne voient que cela auront certes un pouvoir, mais ça sera celui d’un médecin-légiste juste bon à déterminer les conditions de la mort de l’UNPC. Ils pourront effectuer l’autopsie mais hélas, la corporation aura perdu son cadre fédérateur.
Il nous faut un pouvoir des médecins réanimateurs capables de garder hors d’atteinte les signes vitaux. Et tenez en ce domaine une révélation, la presse a ceci de particulier, elle résout ses contradictions par l’usage du débat et du dialogue. Ils sont forts quand ils peuvent retrouver leur unité de pensée après un débat sans complaisance.
Demain s’ouvre le Congrès, Patrick Muyaya et les autres forces ne seront pas de la partie, c’est entre nous que cela va se passer, alors soyons dignes de cette aubaine de l’histoire.
Il est rare que la vie vous offre une seconde chance de passer par une salle de bain pour nettoyer les scories qui se sont collées à notre âme. Il est venu le temps de pleines valeurs. Le Congrès qui s’ouvre appelle chacun des journalistes de la RDC de donner le meilleur de lui-même pour extirper de la noblesse, les déchets d’une culture d’asservissement.
Le ministre Muyaya a été méritant de la forte espérance que son avènement a suscité lors de sa nomination à la tête de ce ministère et pourtant, cela n’était pas donné.