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Grand risque de dispersion

La tradition n’a pas été respectée, les congolais n’ont pas eu droit à une grande communication de la première ministre à l’occasion des ses 100 jours à la tête du gouvernement. Aucune explication officielle n’a été donnée, mais l’on peut comprendre que des facteurs nouveaux sont intervenus pour éloigner cette pratique au moins pour le moment.

Il est important de souligner que le gouvernement Suminwa intervient dans la seconde séquence du mandat de Félix Tshisekedi auquel il a lui-même confié la mission de la consolidation des acquis et de continuer le chemin des innovations. C’est donc une obligation de continuer l’action entreprise par son prédécesseur qui incombe à la première ministre. Mais face aux demandes sociales d’une ampleur inédite, la premiere ministre se doit d’accélérer la mise en place des mécanismes de réponse à toutes ces sollicitations somme toutes légitimes.

Selon plusieurs observateurs, le gouvernement travaille plus en mode d’urgence et se donne les moyens de faire face aux multiples catastrophes qui surviennent au quotidien et parmi lesquelles figure en bonne place la guerre à l’est du pays qui présente chaque jour des visages différents des blessures que subit le tissu social de la République. Mais sa capacité de résilience en tant que gouvernement a été largement éprouvée grâce à la méthode Holistique de celle que l’on appelle par ses collaborateurs « la boss » qui veut que sur chaque dossier l’on épuise d’abord l’apport des intelligences disponibles de manière à ne plus y revenir par manque de pensée stratégique. Grâce à cette approche, la pression tombe sur les ministres et autres conseillers qui doivent donner le meilleur d’eux-mêmes pour valider les bons résultats.

C’est vraiment un changement de méthode. Et ceux qui font la chronique des faits gouvernementaux ont remarqué le retour de la Commission de Conjoncture et la Commission Ecofin qui ne laissent rien au hasard dans l’étude de la situation macroéconomique et les indicateurs. Ils se réunissent sous la conduite du professeur Mukoko Samba et se donnent le moyen d’une bonne analyse. La première ministre exige des rapports de tout ministre parti en mission et aucune décision substantielle n’est prise sans l’informer et le chef de l’Etat est tenu informé en temps réel. C’est un changement important car avec une fermeté faite de douceur, elle a su gagner le respect et l’alignement de tous les ministres qui ont repris la fonction noble de hauts cadres de l’administration Tshisekedi en minimisant un peu la dimension des chefs des partis qui créait au sein du gouvernement des guerres des clans.

Malheureusement à cause de la pression sociale et du retour des cahiers des charges des fonctionnaires et autres catégories sociales, le gouvernement veut apporter des solutions tout de suite, allant d’une grève des médecins au décrochage des taxis et taxis motos, aux revendications des travailleurs des grands commerces, aux magistrats et enseignants…

Toutes ces revendications plombent la mise place des structures de base et des réformes fondamentales qui puissent augmenter les recettes publiques et obtenir les moyens de faire face à tout cela. Ces actions imposent aux membres du gouvernement de se disperser d’user des moyens sans changer les conditions de la crise.
Pour que le second mandat du chef de l’Etat puisse s’inscrire dans les annales des victoires congolaises, le gouvernement est appelé à revoir sa feuille de route et à travailler de manière soutenu sur un aspect de l’économie et à notre humble avis, ce sont les infrastructures routières qui vont garantir la fluidité de l’activité économique. Il est encore possible de se concentrer sur les routes nationales et les voiries urbaines pour donner à chaque citoyen congolais les moyens de s’organiser dans un environnement maîtrisé.
100 jours, 100 défis, risque de dispersion, mais un leadership ferme et doux.

Robert Tanzey

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