Le ministre Kényan des Affaires étrangères Musalia Mudavadi est arrivé à Kinshasa jeudi. Cet émissaire du président William Ruto est venu dans la capitale de la RDC dans le but d’apaiser les tensions entre le Kenya et le Congo, après des épisodes qui ont jeté un froid dans les relations diplomatiques entre les deux pays.
Après le lancement par Corneille Nangaa, en décembre 2023 d’un mouvement subversif, Kinshasa avait fortement décrié l’attitude des autorités Kényanes. Pas très au fait des réalités congolaises, Nairobi avait mis beaucoup de temps à rectifier ce qui était perçu par Kinshasa comme une erreur diplomatique de la part d’un partenaire.
Bien que le président Ruto avait fait le déplacement de Kinshasa en janvier dernier pour la prestation de serment du président Tshisekedi, nouvellement élu, mais la situation est restée presque glaciale entre les deux leaders.
Et pour ne rien arranger, l’affaire de tentative d’exportation d’une importante somme d’argent par Kenya Airways est venue s’ajouter à une situation passablement déjà compliquée. La suite de l’affaire, on la connaît, les autorités militaires de Kinshasa qui ont détenu deux employés de Kenya Airways, les ont relâchés après deux semaines de détention et la compagnie aérienne ( Kenya Airways) a repris ses vols en direction de Kinshasa après une semaine de suspension.
Mudavadi est donc chargé de remettre les choses en ordre. Il a été reçu par le président Félix Tshisekedi ce jeudi dans la soirée. Musalia Mudavadi a transmis un message du président William Ruto, à son homologue Congolais, soulignant l’engagement du Kenya à promouvoir un partenariat mutuellement bénéfique.
« Nous sommes des partenaires, des pays au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est. Nous voulons continuer à travailler ensemble de manière cordiale et beaucoup plus proche. Nous sommes intéressés à faire grandir le commerce et les affaires entre nos pays », a déclaré M. Mudavadi.
Alors qu’en RDC, plusieurs personnes ont commencé à regarder le Kenya avec un peu de méfiance, notamment sur la question de la guerre en RDC, depuis le lancement du mouvement militaire Alliance Fleuve Congo à Nairobi en décembre, Mudavadi a donné la position du Kenya : « Nous sommes venus également réaffirmer que le Kenya respecte l’intégrité territoriale et la souveraineté de la RDC. Nous rassurons le peuple congolais que nous allons travailler avec lui pour une paix et une stabilité dans ce pays ».
Dans une sous-région d’Afrique de l’est à laquelle appartient aussi la RDC, chacun sait que la stabilité du Congo est potentiellement le facteur X de la communauté de l’Est dans l’ensemble. De même, une RDC instable constitue un obstacle majeur au développement de la sous-région.
Le Kenya et la RDC ont toutes les bonnes raisons de renforcer leur coopération. Le premier est le pays le plus avancé de la région alors que le second représente un grand potentiel de développement.
Sur ses neufs pays voisins, 5 sont d’Afrique de l’Est. Ainsi, le Congo réserve une place de choix à la politique de bon voisinage avec les pays de l’Est, s’appuyant beaucoup sur le Kenya, pays qui ne partage pas de frontière avec la RDC et contre lequel, le Congo n’a jamais eu de conflit majeur.
Le Kenya a été à la tête d’une force militaire composée des troupes des pays de la communauté d’Afrique de l’Est pour tenter d’aider la RDC à pacifier sa partie orientale. Mais après près d’une année d’opération aux côté de l’armée congolaise, la force régionale a quitté le Congo, sur demande des autorités congolaises. Actuellement, la force de la SADC a remplacé la force de la communauté d’Afrique de l’Est. Mais la guerre reste féroce à l’Est de la RDC. Le vendredi 3 mai, 35 civils ont été tués par des mortiers, dont des femmes et des enfants dans un camp des déplacés à Goma, première ville du Nord-Kivu.
Patrick Ilunga