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Depuis le 17 juillet dernier, les États-Unis d’Amérique ont annoncé la prolongation de la trêve humanitaire entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo et les rebelles du M23, soutenus par Kigali. Une prolongation de 15 jours de plus qui a pour objectif, selon le département d’État américain, de « faire taire leurs armes, permettre le retour volontaire des personnes déplacées et fournir au personnel humanitaire un accès sans entrave aux populations vulnérables » dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

C’est pour la troisième depuis 7 mois que les États-Unis d’Amérique proposent une trêve dans la guerre en République démocratique du Congo. Trois fois aussi que l’oukase américain est violé. Selon le gouvernement Congolais, pendant cette période de cessation d’hostilités, les rebelles se renforcent. Le Vice-premier ministre en charge de la défense nationale Guy Kabongo a fait savoir que dans le Nord-Kivu, cette semaine encore il y a eu « renforcement continu en hommes et en matériels de l’armée Rwandaise opérant derrière les terroristes M23 qui, en outre, ont attaqué des positions FARDC en violation de la trêve humanitaire ».

Des attaques qui ont fait des morts parmi le déplacés, touchés mortellement par des mortiers. Des sources au Nord-Kivu affirment que 7 personnes dont des enfants et des femmes enceintes ont été tuées dans la cité de Bweremana sur la route Sake Minova dans le territoire de Masisi. « Cette trêve est pour eux, pas pour nous, ils en profitent pour bien s’organiser, pendant ce temps nous, nous mourrons dans les camps par des bombes ! » A expliqué Étienne Kamungo, un des responsables des déplacés du site de Bulengo, à la presse au Nord-Kivu.

Autant des attaques sporadiques sont signalés dans certains territoires, autant les déplacés se plaignent de l’absence de l’aide humanitaire, alors que l’assistance humanitaire aux déplacés est censée être la première raison de la mise en place de la trêve. Dans son bref communiqué, le département d’État américain fait savoir qu’il continue « à travailler en étroite collaboration avec les gouvernements de la RDC, du Rwanda et de l’Angola pour soutenir les efforts diplomatiques régionaux dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi afin de parvenir à une cessation durable des hostilités ».

Les États-Unis poussent les parties prenantes de la crise en RDC à une paix négociée. Selon certains experts de cette question, Washington ne pousse pas suffisamment le Rwanda à retirer ses troupes du territoire Congolais. « Les États-Unis ou le Royaume Uni sont les seuls acteurs capables de contraindre Kigali à faire véritablement la paix », a récemment déclaré Nicaise Kibel Bel. Les autorités de Kinshasa considèrent le président Rwandais Paul Kagame comme « le problème de la région « . Or Washington dans son approche considère le maître de Kigali comme faisant partie de la solution. D’où le recours incessant de la diplomatie américaine au président Rwandais pour proposer des solutions à la guerre dont il serait lui-même l’instigateur, selon plusieurs sources. Un exercice d’équilibriste de la part des États-Unis qui en réalité risque de desservir les efforts d’une paix durable, pensent certains analystes. Car si Washington n’use pas de fermeté, les processus entamés pourraient ne pas aboutir à une véritable paix.

Début 2024, alors qu’il s’apprêtait de lancer sa tournée sur le continent africain Anthony Blinken, secrétaire d’État américain avait rencontré le président Rwandais Paul Kagame au Forum économique de Davos, en Suisse.
« Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir en vue de soutenir les efforts déployés, en particulier par l’Angola et le Kenya, vers une résolution pacifique des désaccords et la prévention des conflits dans l’est de la RDC », avait déclaré le Secrétaire d’État américain à l’occasion de sa rencontre avec le président Rwandais.

En janvier de cette année, Anthony Blinken avait fait part au président Angolais João Lourenço, du schéma américain pour parvenir à la paix via les efforts diplomatiques. Mais depuis, les différents processus ( régionaux) sont au point mort, malgré les efforts du président Lourenço. Fin juin, alors qu’il était en visite en Côte d’Ivoire, le président angolais a révélé qu’une rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame est prévue, et que des rencontres au niveau ministériel des deux pays sont imminentes. Mais depuis, les paroles du médiateur n’ont pas été suivies d’effets. Une rencontre dans le cadre des travaux de la communauté d’Afrique de l’Est a récemment mis sur la même table des délégations ministérielles de la RDC, du Rwanda, du Kenya et de la Tanzanie entre autres. À l’issue de la rencontre, une vive polémique a éclaté entre le Rwanda et la RDC, autour de cette réunion, en lieu et place d’un apaisement des esprits.

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