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Dans le camp de déplacés de Kanyaruchinya Buhimba, bien que l’épidémie de Mpox ne soit pas encore à un stade critique, une tendance préoccupante se dessine avec une augmentation hebdomadaire des cas. Comme ailleurs, les conditions de vie des déplacés suscitent des inquiétudes quant à une possible aggravation de la situation sanitaire si leurs besoins spécifiques ne sont pas satisfaits.

Les déplacés, et notamment les enfants, sont particulièrement touchés par la Mpox. Bien qu’une clinique mobile mise en place par Médecins Sans Frontières (MSF) offre des soins essentiels, les conditions de vie restent extrêmement précaires. Les familles se plaignent de l’absence de savon, d’eau, et de seaux, des éléments cruciaux pour maintenir une hygiène de base. Une résidente a exprimé son désespoir : « Nous manquons de tout. Je suis venue avec mon fils de Rusthuru pour qu’il soit traité, mais sans savon, sans eau et sans nourriture, comment puis-je le laver et le protéger ? » Ce sentiment de détresse est largement partagé parmi les familles du camp.

Le personnel de MSF souligne que la promiscuité et le manque d’hygiène favorisent la propagation de la Mpox. Ces conditions sont aggravées par la violence sexuelle fréquente dans les sites de déplacés, compliquant davantage la situation. Le Dr Tejshri Shah, directrice générale de MSF, indique les défis posés par ces conditions : « Comment attendre des familles vivant dans des abris rudimentaires sans eau, sans installations sanitaires, et sans savon, qu’elles appliquent les mesures préventives nécessaires ? Comment des enfants malnutris peuvent-ils lutter contre les complications de la Mpox ? Et comment espérer que cette variante, se transmettant par contact sexuel, ne se propage pas dans ces sites où la violence sexuelle est omniprésente ? »

Le Dr Tejshri Shah, récemment revenue du Nord-Kivu, rappelle que sans une amélioration significative des conditions de vie des déplacés, il sera impossible de contenir efficacement la Mpox. Elle souligne les conditions de vie inhumaines dans les camps, exacerbées par le manque de nourriture, d’eau, de sécurité, et d’accès aux soins de santé, plus de deux ans après le début de la crise M-23.

Le témoignage d’une survivante de viol met en lumière les difficultés extrêmes auxquelles sont confrontées les femmes dans ces camps : « Si cette femme développe une éruption cutanée, on lui dira de changer de linge, de laver soigneusement ses affaires, de désinfecter et de s’isoler jusqu’à guérison. Mais comment se laver sans savon et avec peu d’eau ? Comment s’isoler dans un abri en bâche plastique avec ses enfants ? », s’est encore une fois interrogé le Dr Tejshri Shah.

Pour lutter contre la Mpox, il est urgent d’améliorer les conditions de survie dans les camps et d’adapter les réponses humanitaires aux besoins spécifiques des déplacés. Cela nécessite une réponse coordonnée incluant l’accès à l’eau, au savon, aux désinfectants, et aux installations sanitaires. Les vaccins, bien que nécessaires, ne suffiront pas à eux seuls ; une approche globale est essentielle.

En RDC, la Mpox est endémique dans plusieurs provinces. L’année dernière, la RDC avait enregistré autour de 600 décès du à la Mpox. Depuis le début de 2024, plus de 19 000 cas suspects et confirmés, ainsi que plus de 650 décès, ont été recensés.

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